Dr Dre – Compton : Last but not least…

par | 12 Août 2015 | Tasse de thé culturelle

Contenu mis à jour le 26 avril 2019

16 ans qu’on ne l’attendait… plus. D’annonces tonitruantes en annulations déceptives, le docteur de la West Coast avait fini par avoir raison de notre santé musicale. Mais c’était mal connaitre le sieur Young. Sans crier gare, voici qu’Andre Romelle aka Dr Dre revient avec un opus d’une richesse rare. A écouter sans aucune modération.

Jamais album de rap n’avait été aussi attendu… et aussi peu annoncé en même temps ! Cela faisait pourtant des années que nous l’attendions. Le nouveau Dre ! Qui sonnait aux oreilles des aficionados comme un véritable Graal. Un peu comme le prochain opus du Rat Luciano pour les fans de rap français. Une chimère à laquelle on avait envie de croire un peu, pour ne pas finir comme des vieux cons répétant en boucle que « le rap, c’était mieux avant ».

Bien sûr, on ne doutait pas une seconde qu’il ne serait pas à la hauteur du mythique 2001. Parce qu’on ne se bat pas à armes égales contre un mythe qui a fait découvrir au grand public des talents tels qu’Eminem et Snoop Dogg, avec des ghostwriters comme Jay-Z et des guests VIP incluant Mary J Blidge, Xzibit, Kurupt ou Nate Dogg. Tout en permettant à Dre de renouer avec son amour pour le gansgsta rap. Il y a ceux qui préfèrent Still D.R.E et ceux qui trouvent que rien ne vaut Forgot About Dre. Mais à l’époque – et pendant encore de longues années, pas une soirée sans The Next Episode, l’ultime morceau de rap !

Alors quand Ice Cube annonce, le 1er Aout 2015 que le grand docteur revient avec un nouvel album (quelques semaines après une énième annonce de l’annulation de Detox, qui était censé être l’album du grand retour), il y a de quoi tomber de sa chaise. Et c’est le cul par terre que l’on se retrouve quand, quelques heures plus tard, dans une autre émission de radio et sur son Twitter Officiel, Dr Dre confirme qu’il a terminé Compton, bande originale du film Straight Outta Compton, retraçant son parcours et celui de son groupe N.W.A. Plus étonnant encore dans ce pays où l’on aime teaser des mois avant la sortie d’un film ou d’un disque, Compton sort… une semaine plus tard, le 07 Août 2015 !

 

Bien sûr, les fans doutent énormément. Presque autant qu’ils espèrent que, cette fois, c’est la bonne. Et le jour J, la bête est là. Ça leake de tous les côtés, sur YouTube surtout. Et à chacun de donner son avis et les hashtags #dreday, #straightouttacompton et #compton sont de tous les statuts sur les réseaux sociaux.

Compton : A Soundtrack by Dre est à télécharger ICI !

 Mais que vaut vraiment cet album ? Déjà, contrairement à ce qui avait été annoncé, ce n’est pas du tout la bande originale du film. Un peu comme un autre album mythique de rap, celui de La Haine, ce sont plutôt des « musiques inspirées du film ». Et un hommage ultime à sa ville natale.

Après une intro très cérémoniale, les 15 morceaux défilent sans se ressembler. On retrouve ici presque tous les anciens (à l’exception de 50 Cent) : Snoop Dogg, Eminem, The Game, Xzibit. Mais aussi des petits nouveaux et pas des moindres : Kendrick Lamar, Jon Connor, King Mez, Justus.

Les avis divergent sur les « meilleurs » morceaux. Ce qui est certain, c’est que les prods sont toutes étonnantes et que le perfectionniste a travaillé, comme à son habitude, au sclapel. On ne le retrouve en solo et derrière le micro que sur un morceau, le dernier, Talking To My Diary. Et c’est tant mieux car c’est à la prod qu’il excelle vraiment. Seule vraie déception,  le One Shot One Kill de Snoop Dogg, largement en dessous des autres…

Voici donc, avec un parti pris totalement assumé, ma sélection personnelle des morceaux à ne pas louper :

Genocide : savoureux mélange des genres entre le ragga de la chanteuse de Floetry Marsha Ambrosius et le rap léché du géniallissime Kendrick Lamar.

Darkside Gone  : on prend plus ou moins les mêmes et on recommence pour un bel hommage au regretté Eazy-E.

Loose Canons : Xzibit et Cold 187um, rappeur du groupe californien Above The Law, font plaisir aux amateurs de son west coast.

Deep Water : belle plongée en apnée dans le rap ultra rapide et ciselé de Kendrick Lamar et de Justus.

For The Love Of Money : Jill Scott pose son timbre doré sur le morceau le plus « doux » de l’album, accompagnant le flow rauque de l’excellent Jon Connor.

Animals : pour la belle collaboration avec DJ Premier, son homologue de la Côte Est.

Medicine Man : parce qu’Eminem est toujours au dessus des autres et pour son couplet volontairement provocateur qui a déjà fait couler beaucoup d’encre : « Ain’t no one safe from, non-believers there ain’t none/I even make the bitches I rape cum ». Soit, traduit en français : « Personne n’est à l’abri, il n’y a plus personne pour en douter. Je fais même jouir les chiennes que je viole. »

Reste à voir si le film, lui, sera à la hauteur…

 

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