Il est 8 h du matin et déjà les automobilistes, les passagers du tramway et les quelques marcheurs qui passent à côté de la patinoire de Bordeaux Mériadeck remarquent avec curiosité les deux garçons juchés sur une nacelle à plus de dix mètres du sol, dépliant sur un grand mur, de grandes feuilles de papier découpés.
Le collectif Monkeybird arrivé de Paris et invité par la ville de Bordeaux, la société Axel Vega gérante de la patinoire de Bordeaux Mériadeck, l’association Pôle Magnétic, a inscrit sur ce mur, ce qui sera la fresque inaugurale de la première Saison Street Art de la ville de Bordeaux et de sa métropole.
Encensoir, Mai MMXVI est donc une oeuvre de douze mètres de haut sur dix mètres de large environ, représentant un grand singe à l’allure royale portant comme en couronne un oiseau sur sa tête. Elle a nécessité vingt-cinq pochoirs préparés à l’avance par les deux artistes.
Pour la première étape, les Monkeybird doivent d’abord peindre un fond noir qui leur permettra ensuite, une fois les pochoirs collés par-dessus, de pouvoir bomber en contraste à travers les multiples découpes. La finesse de ces découpes permet une telle multitude de détails que la scène donne l’impression d’être en dentelle. A l’arrière du personnage principal, tout un décor de friche industrielle, de courbes évoquant méridiens et parallèles contribue à créer une atmosphère chimérique.
L’élaboration de cette performance plutôt éprouvante leur a pris, fin mai, quatre longues journées.
Mais les Monkeybird sont désormais habitués aux fresques gigantesques. En novembre dernier, la ville de Lille leur avait commandé l’exécution d’un mur de quinze mètres sur neuf.
Dans quelques jours, ils partiront à Grenoble pour la Street Art Fest où des invités, pas des moindres, tels Shepard Fairey (Obey), dAcRuZ ou Ernest Pignon Ernest sont annoncés. Ils vont s’essayer à leur plus grande réalisation : un mur de trente et un mètres de haut sur huit de large.
Une prouesse grâce à laquelle ils ont eu les faveurs du magazine Télérama qui leur consacre une rubrique dans leur article Pourquoi le Street Art Fest à Grenoble est le plus grand rassemblement street art d’Europe :
« Le pochoir une technique très répandue dans le street art, car facile d’accès. Il y a beaucoup de pochoiristes en activité, mais relativement peu ont un style bien à eux ; parmi les plus connus on compte Logan Hicks ou C215, mais à part le Polonais M-City, très rares sont ceux qui s’attaquent régulièrement à des murs conséquents ».
Le MonkeyBird Crew est un duo français qui fait dans l’orfèvrerie murale. Les deux compères ont une solide connaissance de l’histoire de l’art et de l’artisanat, un univers figuratif métaphorique à souhait, et n’ont pas peur de se lancer dans des tailles de réalisations XXL.
Ils sont jeunes avec un vrai style propre, et généreux dans le partage. Ils vont réaliser leur plus grand mur à ce jour ! Ils interviennent sur le lycée Mounier, avec une pièce qui va faire 8 mètres de large par 31 de haut, c’est gigantesque pour un pochoir ! Ce travail s’inscrit aussi dans la dynamique du projet EAC Street Art (Education Artistique et Culturelle) que nous avons monté avec l’académie de Grenoble, et qui fonctionne à merveille avec de très nombreux établissements scolaires. »
Cerise sur le gâteau, la vidéo de la fresque inaugurale filmée par Slapzine et Tech’ Bât Ingénierie pour les images en drone. Une manière supplémentaire de souligner et réaliser l’exploit d’Encensoir.
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