Son royaume ? Ce sont les lieux en transition. Friches, dents creuses (rien à voir avec le dentiste, tout avec l’urbaniste), bunkers, piles de ponts, tunnels, squats, casernes, usines inoccupées, ruines… plus c’est délabré, plus c’est abandonné, mieux c’est ! En pierre, en brique, en béton, en tôle, en bois, tant qu’il y a des murs, du bitume ou des herbes folles autour, pour s’exprimer et faire « pshitter » les bombes aérosol, le graffeur de la main prend son pied et fait jaillir l’inspiration !Longtemps considéré comme du vandalisme de l’espace public, indésirable, clandestin, illégal, les choses ont beaucoup évolué pour l’Art urbain. Le tag, le graff, le pochoir ont désormais pignon sur rue (sans jeu de mots) et donnent désormais lieu à des événements organisés, main dans la main, avec les municipalités. Occasion pour le grand public de se familiariser avec des oeuvres originales, innovantes et uniques comme c’est désormais le cas, à Bordeaux, depuis plusieurs années avec TRANSFERT.
Des murs des bâtiments abandonnés de Bacalan aux Vivres de l’Art, le premier rendez-vous avait eu lieu en 2011 sous l’impulsion de 3 collectifs regroupant neuf peintres graffeurs : le Club Mickey, Les Frères Coulures et Peinture Fraîche.
L’édition suivante donnera naissance au collectif Transfert qui, après les Vivres de la Marine, en passant par les anciennes maisons du Port Autonome, investira, pour sa cinquième édition, ce lieu chargé d’histoire, rue Abbé de l’Epéé, qu’est l’ancien commissariat Castéja.
Pour visualiser la chose, je vous invite à lire les deux articles qui suivent, sur la mise en bouche et un report enthousiaste de Transfert 5 par deux Jugeote’s fans, petit retour en arrière avant d’aborder le présent.
Des flics au disque, de Castéjà à Virgin, autre monde, autres vibes pour Transfert 6
Cette année, l’espace en transition investi pour la sixième édition de Transfert, n’est autre que l’ancien temple de produits culturels que fut pendant 23 ans le Virgin Megastore, place Gambetta.
Une enseigne que je connais bien, pour avoir travaillé pendant 10 ans dans ce même univers rempli de disques, de livres et de vidéos, ancêtres du DVD que les moins de 15 ans ne peuvent pas connaître. D’abord à HMV, la plus grosse chaine anglaise de produits culturels venue s’installer en 1990, à Bordeaux, au même moment que l’ex-propriété de Richard Branson. Une aventure où La Voix de son Maître (traduction de His Master Voice le label d’EMI) jettera les gants face à la concurrence féroce qui, pendant un an, sévira entre les 3 grands de la grande distrib = FNAC/HMV/VIRGIN), puis à la FNAC.
Ce qui ne m’empêchera pas, après avoir quitté l’agitateur culturel qui ne l’était plus, de fréquenter régulièrement le magasin à l’escalier et à l’ascenseur intérieur en verre, dont j’aimais la chaleur du plancher et des rayonnages en bois, que je préférais à la froideur clinique de la FNAC… jusqu’en juin 2013, date de la fermeture définitive des portes pour cause de liquidation.
Ce qui explique, du coup, que le choix de l’immeuble Haussmannien, inoccupé depuis 3 ans, auparavant fréquenté par des milliers de bordelais, dont une majorité de jeunes, lieux de ralliement de nombreux rendez-vous, a pour moi, comme pour beaucoup, un goût amer.
Émotion ressentie à l’occasion, tout d’abord, de la conférence de presse organisée pour annoncer l’événement, puis de l’interview filmée qui va suivre, réalisée par Antoine Chaput avec qui je co-entreprends, dans une prolifique collaboration Jugeote/We Want Art!, cet article. Découvrir les 5000 m2 répartis en 5 niveaux, vidés et délabrés, m’aura pour le moins causé un choc.
Heureusement, l’activité et le bouillonnement qui y régnaient pour finaliser, du sol au plafond, une expo à la richesse déjà visible, compense la tristesse d’un dernier adieu à ce qui doit devenir un complexe hôtelier de luxe.
Mais trêve de nostalgie ! Au menu de cette sixième édition, sculptures, peintures, installations interactives, créations sonores, un espace galerie présentant une restitution des travaux réalisés en ateliers, un artshop, une aire dédiée aux afterworks (tous les jeudis et vendredis de 19 h à 22 h, 2 € l’entrée) vous sont proposés, sur 5 plateaux, par les 13 artistes du collectif et leurs 17 artistes invités nationaux et internationaux.
Après pile poil un mois d’ouverture, les chiffres sont élogieux, puisque l’expo compte aujourd’hui, en moyenne sur les 5 jours d’ouverture, plus de 1200 visiteurs par jour. Dont 13 000 passés les 10 premiers jours. Sur les 65 jours d’ouverture programmés (avec fermeture les samedis 2 et 9 juillet) la prévision est de 60 000 visiteurs pour plus de 42 000, l’an dernier. Si le rythme perdure, Transfert 6 devrait atteindre les 80 000 visiteurs.
Pour tous ceux qui n’y sont pas encore allés, mais aussi pour tous ceux qui pourraient parfaire ce qu’ils savent ou ont vu, voilà pour conclure ce sujet en deux parties, une vidéo mêlant work in progress et interview, tournée le 24 juin, aux lendemains de l’attentat d’Orlando, véritable bouffée d’air frais baignée de générosité, de bon esprit et de créativité.
Infos pratiques :
ENTREE GRATUITE (Hors événements)
JOURS ET HORAIRES D’OUVERTURE :
L’exposition est ouverte du 25 juin au 25 septembre 2016
Ouverture au public du mercredi au dimanche, de 14h à 19h
(dernières entrées à 18h30)
Evénements
Afterworks tous les jeudis et vendredis
Du 30 juin au 23 septembre 2016
http://www.expotransfert.fr/
Adresse
Exposition Transfert #6
Ancien Virgin Megastore
15-19 place Gambetta
33000 BORDEAUX
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