Tant et tant de choses ont été écrites sur Bordeaux, la capitale de la Nouvelle-Aquitaine. Son pragmatique maire, candidat malheureux aux dernières primaires de la Droite républicaine, son Arena métropolitaine dessinée par le fantasque architecte provençal Rudy Ricciotti, sa nouvelle liaison ferroviaire avec Paris en 2 petites heures inaugurée au début de l’été et bien d’autres choses encore…
Dans le monde entier, Bordeaux est réputée pour ses vins. Certains de ses vignobles ont fait à eux seuls, la réputation de toute une région.
Véritable aimant à touristes, la cité girondine ne désemplit jamais. Les berges de la Garonne sont toujours bondées, le miroir d‘eau amuse les petits et ravit les grands qui profitent du soleil en ayant les pieds dans l’eau sans être en bord de mer !
Ces quais, entièrement modernisés sous la houlette d’Alain Juppé, en parfaite cogestion avec Vincent Feltesse, à l’époque Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux, sont une réussite. À quelques encablures de là, les touristes sont toujours aussi nombreux à vouloir profiter du panorama offert au sommet de la majestueuse tour Pey Berland après en avoir gravi les 233 marches.
Pour autant, au sommet de ce haut lieu touristique historique, il est difficile d’apercevoir tous les développements de la capitale naturelle de la nouvelle grande région Nouvelle-Aquitaine tant ils sont importants. Trop nombreux ?
Bordeaux pousse-t-elle trop vite ?
Depuis quelques années, la ville principale de la plus vaste région de France est en pleine croissance ! Hyper croissance, diront même les plus inquiets. De nouveaux quartiers ont été entièrement créés ou sont en train de sortir de terre. C’est notamment le cas de l’immense quartier Euratlantique.
Rassemblant en un seul et même lieu, centres d’affaires, logements privés, sièges de grandes entreprises, il s’agit là d’un nouveau pan de la ville qui émerge. D’austères bâtiments blancs plus ou moins réussis sont posés là, tels de véritables paquebots sur terre. Et au milieu, slalome une ligne de tramway flambant neuve.
A terme, plus de 30 000 nouveaux bordelais devraient y vivre. De grandes entreprises françaises (Caisse d’Épargne, HG2R, Allianz) ont d’ores et déjà fait le choix d’implanter dans ce quartier ultra-moderne leurs sièges sociaux régionaux ou nationaux.
Une excellente nouvelle évidente pour la démographie de la ville, de la métropole ainsi que pour l’économie locale : mais tout ceci n’est il pas surdimensionné pour une métropole réputée pour son climat et sa qualité de vie ?
La création de cette nouvelle zone d’activité économique est déjà largement entamée. C’est notamment au bout d’un nouveau quartier qu’a été construit le stade Matmut Atlantique, antre des Girondins de Bordeaux et salle de concert en plein air pour des tournées XXL comme celle, en juin, du groupe GUNS N’ ROSES.
Preuve supplémentaire de ce développement exponentiel, le nombre élevé d’hôtels très haut de gamme déjà existants et qui devraient connaître d’ici 2025, un accroissement lui aussi sans précédent.
Deux investisseurs ont quasiment fait de Bordeaux leurs terrains de jeux pour le plus grand bonheur des touristes fortunés qui passent leurs vacances en Nouvelle Aquitaine. Patrice Pichet d’un côté et Michel Ohayon débordent de projets chacun de leur côté pour apporter leurs pierres au tissu hôtelier bordelais.
Les deux hommes ont bien compris que dans une ville dont l’attractivité n’est plus à démontrer, il faut continuer d’attirer toujours plus de nouveaux touristes, friqués si possible, pour les faire venir et revenir et revenir encore, sur les bords de la Garonne.
Le premier a déjà fait du bobo chic quartier des Chartrons, le terrain de son premier futur chantier. Et pas le moindre. 25 millions d’euros seront investis pour un hôtel de luxe d’une petite centaine de chambres dans d’imposants bâtiments historiques du secteur.
Il ne compte pas s’arrêter là. D’autres ambitieux projets hôteliers sont également prévus.
Le concept imaginé par Patrice Pichet a sûrement de quoi émerveiller bien des Bordelais. Pas tous. Un autre magnat aquitain, Michel Ohayon, a d’autres projets
Mais cette boulimie de nouveaux sites hôteliers correspond elle réellement à la croissance démographique de la ville ? Cela reste encore à prouver….
Bordeaux, une métamorphose oui, mais jusqu’où ?
Sous la houlette d’Alain Juppé aux commandes de la ville depuis 1995 et aujourd’hui de la métropole, la capitale girondine a connu bien des évolutions.
La plus visible reste celle des quais. Les plus âgés ont connu les imposants et sombres entrepôts le long de la Garonne. Un paysage difficile à imaginer quand on découvre la métamorphose des bords du fleuve depuis quelques années.
Spacieux, bien éclairés, les quais bordelais sont l’exemple même d’un aménagement public extérieur réussi.
Les berges sont particulièrement prisées par les locaux comme par les touristes pour y faire un footing, un pique-nique, du skate ou bien une simple promenade le long de l’imposante et tourbillonnante Garonne.
Bordeaux, miroir aux alouettes ?
Bordeaux connaît ces derniers mois une excroissance démographique et géographique sans commune mesure au niveau hexagonal. Mais ce développement sans précédent ne fait pas que des heureux. Loin de là. Sur les milliers de nouveaux emplois créés ces derniers mois, bien souvent, les nouveaux arrivants sont en couple au sein duquel seulement l’un des deux arrive avec un boulot. Ce qui engendre d’emblée un déséquilibre dans le nouveau foyer.
Depuis quelques semaines, l’euphorie de l’arrivée commence même à produire ses premiers effets négatifs. Certains foyers, pourtant néo-bordelais, sont contraints de quitter l’eldorado pour revenir vers leur ville d’origine (le plus souvent Paris). Bordeaux ne constituant pas pour eux le bonheur espéré…
Malgré cela, la ville continue d’attirer de nouveaux habitants. A Marseille ou Montpellier, on modernise certains quartiers, on refait le bitume de boulevards déjà existants, on change les noms de rue… A Bordeaux, on conçoit et construit des quartiers entiers ! Là est toute la différence. Mais jusqu’à quand ?
Et après 2020 ?
Alors que depuis plus de deux décennies, Alain Juppé décide de tout ce qui passe à Bordeaux et dans la métropole, son avenir est incertain. Alors que sa défaite dans la course aux Présidentielles face à François Fillon au sein des Républicains lui a définitivement fermé les portes de l’Elysée, Alain Juppé ne commente plus depuis que son propre avenir dans la capitale girondine.
Alors, quand le chef se tait, les rumeurs parlent pour lui.
Depuis quelques mois, un nom revient souvent comme potentielle future édile de Bordeaux : Alexandra Siarri.
Cette quadragénaire occupe une place stratégique dans l’organigramme : elle est adjointe en charge de la cohésion sociale et territoriale et pas moins de 4 élus (Estelle Gentilleau, Cécile Migliore, Yohan David et Philippe Fraile Martin) travaillent à ses côtés pour le bien-être des bordelais, particulièrement celui des plus fragiles.
Pourtant, dans les rangs d’Alain Juppé, un autre nom est apparu, faisant jusqu’à tout récemment figure de dauphine et successeur toute désignée de l’actuel patron de Bordeaux et de Bordeaux Métropole.
Cette « Élue » n’est autre que l’actuelle première Vice-présidente de Bordeaux Métropole, Virginie Calmels. Parachutée au cœur de la Nouvelle Aquitaine, cette tout juste quinqua est également conseillère régionale, opposante farouche au président Alain Rousset.
Issue du monde doré des médias audiovisuels, la néo-élue arborant bien souvent un large sourire avenant était, avant son arrivée dans celui sans pitié de la politique, la numéro 2 d’Endemol France, producteur incontournable du secteur de la télé-réalité francophone.
Mais la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Ce début 2018 semble avoir sérieusement réduit les chances de Virginie Calmels d’être soutenue par l’actuel « mai(tr)e de Bordeaux ». Une descente qui s’est faite en plusieurs étapes. Après la facile élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti des Républicains, le 10 décembre dernier, Virginie Calmels prend une place importante dans l’organigramme du nouveau patron de la Droite républicaine. Et pour cause, elle en devient la numéro 2. Au soir du 13 décembre, elle est officiellement nommée Première Vice-présidente du parti.
À défaut de répondre directement à cette nomination qui en a surpris plus d’un, Alain Juppé va prendre tout le monde de court et annonce dès le 17 janvier dernier qu’il prend ses distances avec le parti et ne « paiera pas sa cotisation 2018 au parti Les Républicains« …… après n’avoir pas payé celle de 2017.
Visiblement en froid avec les nouvelles orientations des Républicains et de son nouveau président, Alain Juppé annonce également lors de ses voeux à la presse qu’il quitte la présidence de la Fédération des Républicains de Gironde avec effet immédiat.
Depuis, la numéro deux des républicains s’est faite plus que discrète en terre girondine…
Feltesse en trouble-fête ?
Deux candidates de droite quasiment déclarées. Un élu en poste, connu comme le loup blanc dans tout le pays. Mais quid de la Gauche ? Difficile à dire.
Tant au niveau national, l’élimination de Benoît Hamon dès le premier tour des Présidentielles a laissé beaucoup de traces, tant au niveau local, les élus socialistes tentent péniblement d’exister.
Alain Juppé conserve donc la mainmise sur Bordeaux, aussi bien du côté de la municipalité que de celui de la métrople et ses 28 communes. Alors, l’opposition tente tant bien que mal d’exister. Pourtant, régulièrement un nom revient pour le futur de la capitale régionale. Vincent Feltesse.
Originaire de Beauvais dans l’Oise, ce quinquagénaire a déjà été maire de Blanquefort au début des années 2000, durant plus d’une décennie.
Battu en 2012 à la ville de Bordeaux, il est finalement appelé par François Hollande pour le rejoindre à l’Elysée. L’élu girondin accepte et devient donc pour 5 ans, conseiller du Président de la République.
Depuis, l’élu travaille dans son coin, pour l’avenir de Bordeaux et de la Métropole girondine. Engagé depuis deux décennies dans la vie politique et publique locale, l’homme est conseiller municipal, en opposition à Alain Juppé.
Il est également Conseiller régional de Nouvelle Aquitaine aux côtés du Président Alain Rousset.
Fort de cette expérience locale et nationale de la sphère politique, Vincent Feltesse devrait donc, sauf coup de théâtre, être le candidat de la gauche républicaine pour conquérir la Mairie de Bordeaux. Face à qui ? Le mystère reste entier.
Ces derniers temps, la rumeur enfle autour d’une nouvelle candidature d’Alain Juppé. Même si ce dernier, qui a aujourd’hui 72 ans, ne commente pas cette possibilité, il n’a en tout cas jamais fermé la porte à sa propre candidature.
Particulièrement peu bavard sur son propre avenir et plus qu’en retrait au niveau national, Alain Juppé ne veut pas qu’on « lui force la main pour 2020 » comme il l’a récemment affirmé à ses collaborateurs, estimant par ailleurs qu’à l’heure actuelle :
« aucun de ses proches collaborateurs n’a le profil pour assumer (sa) succession ».
Aucun… mais pas aucune ?
@ suivre…
Illustrations © Valentin Mauguet
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Ps : À l’heure où nous rédigions ces lignes, le livre de Virginie Calmels « J’assume », n’était pas encore sorti en librairie. Véritable pavé dans la mare du Landerneau politique bordelais, outre le fait qu’il va faire grincer plus d’une dent, il modifie encore d’avantage la donne du sérail local.
Merci pour cet excellent article qui résume bien la situation et que je partage pleinement
Merci Fred
Voilà bien un commentaire qui fait plaisir & qui oblige à continuer dans cette voie.
Cet article a nécessité beaucoup de recherches et de vérifications. Merci beaucoup Fred !
Très intéressant.
Par contre c’est à Bassins à Flot que s’installe Betclic, pas Euratlantique !
Flo merci pour votre veille. Vous avez en effet tout à fait raison, l’erreur est corrigée ! 🙂