En janvier 2018, je faisais mon Bordeaux du Tac au Tac, qui n’est pas du tout un jeu d’argent, mais un questionnaire élaboré par la bonne fée des futurs et des néo Bordelais, Guillemette Bardinet. L’idée étant pour un(e) bordelais(e) du cru ou un(e) nouveau/elle bordelais(e) de livrer sa vision de la capitale aquitaine en mode questionnaire de Proust. Or à la 12ème question, demandant de citer un lieu où j’avouais n’avoir jamais été (et que je n’assumais pas), j’avais répondu : l’Auditorium de l’Opéra.
Et bien depuis le vendredi 19 octobre 2018, ce regret n’a plus lieu d’être !
En effet, ce jour-là, à marquer d’une croix blanche dans les annales de mes souvenirs musicaux, je découvrirai non seulement ce lieu à l’acoustique + +, mais aussi la preuve que l’on pouvait marier orchestre classique et boites à rythme… battre du pied et s’agiter sur son siège au son des violons, de la harpe, des bois, des percussions, des samples et des platines.
À la baguette et derrière les claviers, en baskets et en Karl Lagerfeld, le compositeur et chef d’orchestre, Laurent Couson qui, aux côtés du programmateur Tom Fire, du DJ Charles Schillings, du bassiste Benoit Lugué et face aux 92 musiciens de l’ONBA, jalonnera ma première fois d’une succession d’émotions fortes et jouira d’une standing ovation amplement méritée pour son Electro Symphonic Project.
Laurent Couson, Tom, Charles, Benoît et les autres
J’adore le cinéma, les génériques de séries mythiques, les bandes originales de films intimistes ou à grand spectacle comme Lawrence d’Arabie, Star Wars, James Bond, Harry Potter, Jurassic Park, le Seigneur des Anneaux ou Indiana Jones… J’écoute aussi beaucoup de musique, qu’elle soit classique, pop, rock, VF ou électro. Oui, oui, à l’image des sujets que je traite ici, je suis éclectique !
Inutile de vous dire à quel point j’ai pris mon pied ce soir là, dans ce nouveau temple (depuis 2013) de la musique à la programmation d’oeuvres inenvisageables au Grand-Théâtre.
Soutenu par une scénographie et un mapping 3D pour la mise en lumière, Laurent Couson a parfaitement relevé son défi de rendre un orchestre symphonique comparable à une formidable machine à faire danser tous les publics.
Son disque The Modern Symphonic Album est sorti en 2017 chez Universal Production Music. Riche de 15 titres originaux, il a proposé une collaboration à quelques uns des meilleurs DJs et créateurs électroniques français qui font les grandes heures des scènes Techno, RNB, House et Indus du monde entier, pour poser sur ses compositions musicales des rythmes et des sons électroniques.
Ce projet inédit créé à Bordeaux et intégré à la programmation du FAB, a sonné le point de départ, d’une tournée Live réunissant un chef d’orchestre : lui-même, deux DJ machiniste : Tom Fire et Charles Schillings, un bassiste : Benoit Lugué, adossé à un grand orchestre symphonique, ce soir là : l’ONBA.
De Bordeaux à Bangkok, Itinéraire d’un enfant doué
Né à Bordeaux, Laurent Couson conjugue les professions de compositeur, pianiste et chef d’orchestre. Très jeune, il a mené des études couronnées de premiers prix au Conservatoire et à la Faculté de musicologie de Tours. Il entre ensuite au Conservatoire Supérieur de Paris et à l’École Normale de Paris où il connait le même succès.
Il entame sa carrière de compositeur au sein de Radio France et verra ses oeuvres jouées Salle Pleyel, Théâtre des Champs Elysées, Théâtre de la Ville, Carnegie Hall.
En tant que chef d’orchestre, il dirige ses créations avec les musiciens de l’Orchestre National de France, Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, Orchestre Lamoureux, Orchestre Symphonique de Prague, London Symphonic Orchestra, Orchestre de la Radio Bulgare, Orchestre Symphonique de Bucarest, Orchestre Symphonique de Budapest, European Camerata, Bangkok Symphonic Orchestra, Beijing Symphonic Orchestra, Quingdao Symphonic Orchestra.
Parallèlement, il travaille comme arrangeur et pianiste auprès de nombreux musiciens de jazz ou chanson française. Il collabore notamment avec des artistes comme Didier Lockwood, auquel il rend un émouvant hommage lors de son concert, Charles Aznavour, Dee Dee Bridgewater, Francis Lai, Gérard Manset, Régine, Liane Foly, Carla Bruni, Anggun, Michel Fugain, Louis Bertignac, Marianne James, Arielle Dombasle, Renaud, Sylvie Joly…
Il écrit plusieurs spectacles musicaux qui voient le succès comme Anges et Démons à Radio France, le ballet hip-hop symphonique Roméos et Juliettes, la revue Zapping ou Monsieur Luxure avec Jean-Luc Moreau, tous salués par la critique.
Résolument tourné vers la composition de musique de films, il signe celle d’une trentaine de longs métrages avec notamment Claude Lelouch et Luc Besson et de plusieurs films en Chine où il donne plus d’une centaine de concerts.
Il se produit en tant que comédien, comme dans le premier rôle masculin du film de Claude Lelouch Ces Amours-là, puis on le voit dans Salaud on t’aime au côté de Johnny Hallyday et dans Un plus une ou Chacun sa vie au côté de Jean Dujardin.
Depuis 2015, il est le directeur musical du South Asia Symphonic Orchestra et Bangkok Chamber Orchestra en Thaïlande.
Tom Fire, Machiniste Programmateur
Après des études de piano et de contrebasse aux conservatoires de Saint-Maur-des Fossés et Aubervilliers-la Courneuve et de nombreuses tournées (MC Solaar, No One is Innocent, Yael Naim, Java, UHT…) Tom Fire se lance dans la production musicale et réalise et compose une cinquantaine d’albums.
Il travaille aussi pour la publicité et compose pour Valentino, Dior, Peugeot, Suchard, Kellogs, TGV (…)
En 2011, il lance son propre projet « Tom Fire » et sort 2 albums chez Wagram (Playlists Skyrock, Nova, France Inter, Fip…).
Benoît Lugué, Bass Synthés
Benoît Lugué s’est formé à Bordeaux où il a étudié la musique au Ciam et au Conservatoire, ainsi que le journalisme à l’Université Bordeaux Montaigne.
Depuis dix ans, il embrasse de nombreux styles de musique : le jazz, le funk, mais aussi le rock, l’électro, la chanson, le hip hop. Il accompagne de nombreux projets (MixCity, 0800, Estelle Meyer, Gérard Watkins, Les Indolents, Denis Colin, Pierrick Pédron…) Il est le fondateur des groupes Bakos, Cycles, The Khu, Armolodium, Fada.
Au théâtre, il est associé en 2011/2012 au spectacle Des Femmes de Wajdi Mouawad. Pour la compagnie de la metteuse en scène Sara Llorca, il compose la musique des spectacles 4 48 Psychose (Sarah Kane 2014) et Les Bacchantes (Euripide, 2017).
Benoît Lugé enregistre en 2016 son premier album personnel, Cycles (Shed Music/Absilone).
Pour le cinéma, il compose en 2016 la musique de Mon Amour, long métrage du jeune réalisateur Liova Jedicki.
Ses recherches sur la transe et le groove l’amènent à créer fin 2017, le duo Bakos avec le batteur Martin Wangermée.
Charles Schillings, Electro
Originaire de Belgique, Charles Schillings a développé une carrière de DJ international avec des résidences dans des clubs prestigieux aux quatre coins du monde : Le Café d’Anvers, le Lotus à New York, le Queen et le Rex à Paris…
Ses DJ-sets puissants et éclectiques mêlent sonorités funk/rock/électro/disco à la perfection.
Charles Schillings est également sollicité pour assurer les DJ-sets de soirées exceptionnelles pour de grandes marques telles Louis Vuitton, Calvin Klein, Versace, Cartier… ou pour des personnalités de renommée internationale : Karl Lagerfeld, Dita Von Teese, Victoria & David Beckham, Robert de Niro…
Très proche de l’univers de la mode et de ses créateurs, il réalise régulièrement l’habillage sonore des défilés des plus grandes marques.
Du classique électrisant pour un spectacle juste géant
C’est donc tout ce joli monde qui aura joué deux soirs d’affilée à guichet fermé, devant un public conquis dont je faisais partie, pour un show dont j’ai vraiment apprécié la synergie, bluffée par ce mariage des genres auquel s’est plié L’ONBA.
Je vous laisse avec la vidéo du teaser enregistré lors des concerts à Bordeaux, illustrant la démarche de Laurent Couson, dont l’oeuvre bouleverse les canons des oeuvres symphoniques, et dont l’énergie, en se jouant des codes, indique combien les presque 2 heures de concert (dont 2 rappels), ont été électrisantes.
C’était la première fois que je me rendais à l’Auditorium de l’Opéra, ce ne sera pas la dernière.
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