D’habitude je ne suis pas les Victoires de la Musique. Ce genre de cérémonie, artificielle et laborieuse, m’ennuie. Et puis hier soir, 8 février 2019, j’ai dérogé. Attirée par la liste des nominéEs : Angèle, Jeanne Added, Clara Luciani, Shaka Ponk, Camilla Jordana (j’écoute les 4 premièr(e)s en boucle, j’apprécie la dernière), allongée sur mon canapé, j’ai regardé.
Même si, l’ordi sur les genoux, j’ai souvent déconnecté durant les insupportables interventions de Daphné Burki à qui, au bout d’un moment, j’ai coupé le sifflet, bien m’en a pris ! Car outre la joie de boire du petit lait devant une scène girl power (yallah !) très Ovaires the rainbow (incluant Vanessa Paradis et son très joli Kiev) j’aurai eu l’occasion :
D’avoir les poils sur les bras pendant le morceau d’Izia et Arthur H. Hommage de la soeur et du frère à leur père Jacques Higelin décédé l’an dernier.
De découvrir les Toulousains Bigflo et Oli (dont même Télérama a encensé le dernier album) et Foé, dont le piano/voix m’a scotchée.
De retrouver sans déplaisir Eddy de Pretto, et de ne toujours rien comprendre à ce que chante Orelsan, aussi impressionnant que Stromae en matière de grimage, quand soudain, l’IMPRÉVU !
Le cauchemar de toutes les émissions en direct ! Le truc qui donne des sueurs froides à tous les présentateurs/trices et maitre(sse)s de cérémonie ! Le grain de sable qui surgit hors de la nuit et pourrit le timing des régies TV !
Dans le flon flon d’une émission où la doudoune fut étonnamment de mise en matière de dress code… Pas de chauffage ? Contrats de sponsoring à honorer ? – cf Angèle, Eddy de Pretto et Orelsan- … déboula Shaka Ponk !
Quand Shaka Ponk profite des Victoires de la Musique pour mobiliser sur la crise écologique
Prétextant un ennui technique, Frah, le chanteur d’un groupe qui lui aussi fait partie de mes play lists, anti-sèches à la main et devant une Daphné bafouillante (bon je ne vais pas l’accabler, son rôle n’est pas facile) profitera d’un événement diffusé devant des millions de spectateurs, pour délivrer un discours electro, non pas rock, mais choc.
Une intervention surprise destinée à alerter sur la gravité de la situation en matière d’environnement, où tout le monde est à mettre dans le même panier :
« Ne vous inquiétez pas, c’est pas grave. C’est un peu embêtant. C’est juste la fin du monde. Alors rassurez-vous, ce n’est pas la fin du monde ce soir. C’est la fin du monde demain. Alors peut-être qu’en disant toutes ces choses, on va lâcher un petit malaise ». Peut-être qu’on va passer pour des cons. Peut-être qu’on va torpiller notre carrière ce soir en direct sur France 2. Et ben c’est pas grave, parce qu’on est tous des cons. Et c’est parce qu’on est tous des cons, que c’est la fin du monde. »
Faire rimer musique avec climatique
Un appel aux artistes à se mobiliser, suivi d’un Killing Allelujah à réveiller un mort. Morceau mêlant riffs électriques, hologrammes et gospel, en lien direct avec le discours de Frah, pour parler de véganisme et de spécisme. De la folie meurtrière des humains qui s’exerce dans les abattoirs et du désastre écologique, qui va de pair avec la consommation d’animaux à l’échelle des 7 milliards de bouches à nourrir de la planète.
Une alimentation ne jurant souvent que par un steak saignant ou du jambon plein de nitrates. Ainsi, c’est l’animal qui parle à travers ce titre. «J’aimerais juste être contagieux» comme l’explique le groupe Shaka Ponk dans une interview que j’ai retrouvée sur le site Coccinelle.net à lire dans son intégralité ICI.
Une prestation scénique époustouflante où apparaitra sur écran géant, dans un cadre à la Harry Potter, le visage de la toute jeune Greta Thunberg.
Cette adolescente suédoise de 15 ans qui, le 14 décembre 2018, dans le cadre de la COP 24, s’adressa aux « grands » de ce monde (en perdition) pour dénoncer leur inertie face au réchauffement climatique.
« Nous sommes à court d’excuses et de temps. Nous sommes venus ici pour vous informer que le changement s’annonce, que cela vous plaise ou non »
Bref, finalement cette 34 ème édition aura, le temps de quelques minutes, permis aussi de faire rimer musique avec climatique. Et ce n’est pas du luxe ! Parce que si on ne réagit pas d’urgence, tous autant que nous sommes, quels que soient la sélection et le palmarès… tout le monde sera perdant et dans l’incapacité de chanter : show must go on !
Bon visionnage ! ⤵️
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