Il y a 4 mois, en pleine campagne électorale, j’en avais fait un article tellement la chose m’avait semblé importante à mentionner. Intitulé «Bordeaux Respire, la seule liste à intégrer la condition animale au programme des municipales», j’étais loin de m’imaginer que le voeu que j’y formulais : voir Bordeaux s’engager au profit de nos amies les bêtes, allait devenir réalité. Or, la victoire aussi inattendue qu’historique de la liste de Pierre Hurmic, balayant 73 ans de centre-droit aux manettes du palais Rohan, allait me donner une double joie.
En effet, outre le fait d'(in)augurer une ère nouvelle (fini enfin la minéralité suffocante et l’urbanisation galopante imposée n’importe comment… ! ), la nouvelle équipe municipale compte désormais une délégation qui va, pendant au moins 6 ans, faire en sorte que ceux qui n’ont pas de voix soient enfin pris en considération.
À sa tête, Francis Feytout, conseiller municipal délégué en charge du respect du vivant et de la condition animale. Un élu nouvelle vague (verte), dont la feuille de route pourra largement piocher dans les 85 propositions pour les animaux réunies dans le livret de 35 pages édité, pendant la campagne, par EELV et l’engagement « Une ville pour les animaux » que Bordeaux Respire a signé.
Condition humaine et condition animale même prise de conscience
«De tuer les animaux à tuer les hommes il n’y a qu’un pas, tout comme de faire souffrir les animaux à faire souffrir les hommes».
Ces mots de Léon Tolstoï résument, à mon sens, parfaitement bien le lien qui existe entre la condition humaine et la condition animale. Invitation à une prise de conscience sur l’importance que cette dernière se doit enfin de prendre dans notre société, sans minimiser la première, ils posent les jalons de ce qui va suivre.
De la physique chimie et de l’informatique à l’engagement animaliste et écologiste
Agé de 47 ans, fils (unique) d’agriculteurs à Saint Pierre d’Eyraud en Dordogne et bordelais depuis 1994, Francis Feytout est un scientifique féru d’informatique, pour qui la protection des données n’a aucun secret.
Administrateur système délégué à la protection des données à l’Université Bordeaux Montaigne, passionné d’archéologie et d’histoire, je l’ai rencontré pour enrichir ma rubrique Animots/Bestière où il a, comme vous pourrez le constater, toute sa place et vous livre ce qui en a résulté :
Une ITW doublée d’une séance photo signée Ken Wongyoukhong que je remercie chaleureusement, car il l’a assurée avec tout son lourd matériel, une attelle et des béquilles pour cause de tendon d’Achille blessé et douloureux. De fait, il a bien dégusté. Merci, merci, merci Ken pour ton talent, ton courage et ta générosité ! Le résultat est carrément rock !
Les coulisses d’une photo
Hello Francis, allez, dis-moi tout sur ton engagement vis à vis des animaux et leur place dans ta vie !
Je viens d’une ferme dans le bergeracois où le milieu était très chasse. Mais j’ai très rapidement compris la cruauté et les syllogismes derrière ces pratiques : on chasse pour réguler, mais en même temps (comme quoi, ça ne date pas que d’aujourd’hui), quand il n’y a plus de gibier, on procède à des lâchés d’élevage. Ces pauvres bêtes n’ont aucune idée de l’endroit où elles sont et sont majoritairement abattues sur le lieu même du lâché le lendemain.
A un moment je me suis dit : je suis contre la chasse, mais je continue de faire tuer des animaux pour me nourrir alors que ce n’est pas indispensable. Je suis donc devenu végétarien, il y a 25 ans, et je le suis toujours. Je deviens même progressivement végétalien depuis 3 ou 4 ans.
J’ai toujours été proche d’EELV et j’ai hésité plusieurs fois avant de m’encarter. C’est à l’issue des Européenne de 2019, que j’ai enfin compris que ma voix serait plus utile à l’intérieur de ce parti qui porte mes valeurs.
Je me suis encarté au bon moment, sans le calculer, pour participer aux ateliers de construction du programme de ce qui allait devenir Bordeaux Respire.
Nous avons abordé le respect des animaux à plusieurs reprises, mais sans vraiment s’y attarder. Je me suis proposé pour porter la condition animale, et une chose en entrainant une autre, je suis devenu le référant aquitain pour la commission condition animale d’EELV. J’ai pris contact avec des associations et j’ai fait signer les chartes politique & animaux de L214 et Végécantines de l’AVF. J’ai commencé à me faire connaitre dans le milieu de la condition animale bordelaise et voilà où j’en suis. Monsieur condition animale de Bordeaux, comme tu le dis si bien ! (rire)
Conseiller municipal délégué en charge du respect du vivant et de la condition animale, c’est une première au conseil municipal, comment vois-tu ton rôle ?
C’est aussi une première pour moi en tant qu’élu. Je me vois comme un élu de terrain, proche de mes administrés. J’accompagnerai les Bordelais-ses tout au long de mon mandat, dans l’écoute, la compréhension et la bonne humeur. Je suis intimement convaincu que la condition humaine et la condition animale sont liées.
La condition animale est une thématique transverse qui se retrouve dans toutes les compétences d’une mairie. Je compte bien appendre des services, la ville de Bordeaux est une machine qui tourne, avant de proposer et d’informer.
Quels vont être les premiers chantiers de ta feuille de route ?
Mes premiers chantiers seront issus en partie de notre programme et en partie des urgences du moment :
- Gérer les cirques avec animaux sauvages et les actions de divertissements dégradantes pour les animaux.
Quand nous étions dans l’opposition nos élus ont porté à plusieurs reprises le souhait d’interdire les cirques avec animaux sauvages. Je suis régulièrement interpellé sur le sujet et nous sommes très attendus sur ce sujet.
Notre équipe est dans l’accompagnement : avec la crise sanitaire, les cirques ont souffert et je ne me réjouis pas de leurs problèmes. Bien au contraire, je souhaite les accompagner dans leur transition vers un modèle de cirque sans exploitation animale.
De manière générale, nous tiendrons compte de la condition animale pour toutes les futures demandes de divertissement avec animaux : conditions de transport, de vie, dangerosité, etc.
- Gérer les demandes de régulation de la faune.
L’usage des actions létales doit arriver en toute extrémité après avoir étudié et épuisé les solutions alternatives : captures, déplacement dans une zone refuge, adoption, etc.
C’est un changement fort de paradigme qui prendra du temps, mais c’est nécessaire au respect du vivant et des animaux.
- Travailler avec les acteurs de l’éducation pour inscrire l’éducation à l’éthique animale et le respect du vivant comme l’une des priorités du Projet Educatif Territorial.
Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous la laissons à nos enfants.
Nous payons aujourd’hui les défaillances des divers politiques d’éducation depuis des dizaines d’années.
En remettant l’éducation au cœur de nos actions nous préparons les générations futures aux diverses crises que nous leur laissons.
L’éducation au respect des animaux permettra de se respecter soi-même, d’apprécier nos différences. Comme disait Gene Roddenberry le créateur de Star Trek, « Infinite Diversity in Infinite Combinations », la richesse du monde, vient de cette diversité infinie.
Par exemple : comment s’occuper d’un animal domestique, connaitre et comprendre les cycles de vie des animaux, etc.
- Augmenter le nombre de places pour recevoir des personnes avec animaux dans les centres d’accueil et améliorer leurs conditions d’accueil avant l’hiver.
Les personnes à la rue ont toutes des animaux et refusent trop souvent de se faire abriter si cela implique d’abandonner son animal, même temporairement.
Il s’agit de prévoir plus qu’un chenil attenant au centre.
- Faciliter l’admission des animaux de compagnie dans les EHPAD.
Je ne peux pas imaginer la déchirure d’abandonner son animal de compagnie pour aller dans une structure pour senior. Cela doit vraiment être une double peine : la perte des repères, des habitudes, des souvenirs, et la perte du dernier ami.
Le contact des animaux a un bienfait sur le moral, le moral sur la santé. Nous avons une dette morale envers nos seniors, nous ne pouvons pas les abandonner
Ta fonction relève d’une thématique clivante, comment vas-tu gérer toutes les différences de points de vue ?
Même si la condition animale est une thématique nouvelle et que tout reste à faire sur Bordeaux, je ne suis pas seul.
Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le milieu associatif et militant, mais ce qui pourrait être un handicap est en fait une force : je suis neutre envers les acteurs de la protection animale.
Je ne souhaite pas réinventer l’eau chaude, je compte bien m’appuyer sur les expertises locales et nationales. Je pense que les associations attendent un interlocuteur compétent sur cette thématique depuis si longtemps qu’il serait dommage et dommageable de ne pas les écouter.
Je compte bien me rapprocher de tous les nouveaux/nouvelles délégués à la condition animale pour créer une structure d’entraide : nous aurons tous à gérer les mêmes dossiers mais avec des priorités différentes :
Le tout sera supérieur à la somme de ses parties.
Les écolos ne sont pas nés de la dernière pluie, nos commissions sont une force et je compte bien continuer à participer aux travaux de la commission condition animale à mon niveau.
Délégations et contact
Voilà ! Vous en savez plus sur celui dont les délégations exactes sont :
- Conseiller Municipal Délégué auprès de Didier JEANJEAN, Adjoint au Maire en charge de la Nature en ville et des quartiers apaisés, pour le respect du vivant et la condition animale.
ET
- Auprès de Delphine JAMET, Adjointe au Maire en charge de l’Administration générale, de l’évaluation des politiques publiques et de la stratégie de la donnée, pour la protection des données.
Si vous voulez contacter Francis Feytout, rendez-vous sur le site de la Ville de Bordeaux.
Breaking (green bestiÈre) news
Quand Pierre Hurmic, le Maire de Bordeaux s’engage en faveur du Référendum pour les animaux et cite Lamartine :
Comment soutenir le Référendum pour les animaux ?
Le référendum d’initiative partagée (RIP) permet de soumettre une proposition de loi au référendum si elle est soutenue par au moins 185 parlementaires et 10% des personnes inscrites sur les listes électorales (soit 4,7 millions).
Une fois les 185 parlementaires réunis, le Conseil constitutionnel dispose d’un délai d’un mois pour examiner le texte et s’assurer qu’il est conforme à la Constitution.
Si la proposition de loi est validée par le Conseil constitutionnel, le ministère de l’Intérieur ouvre le recueil des soutiens. Nous disposons alors de neuf mois pour recueillir les 4,7 millions de signatures nécessaires.
Comment soutenir, à votre niveau ?
1- Dans un premier temps, apportez votre soutien en cliquant sur « Je m’engage ! » et en laissant vos coordonnées afin que nous puissiez être joint et tenu informé des suites de l’initiative. N’hésitez pas à contacter votre député et/ou sénateur pour l’inciter à soutenir le référendum pour les animaux.
2- Dans un second temps, une fois le recueil des soutiens mis en place (vous serez alertés), il suffira de vous connecter sur le site créé par le ministère de l’Intérieur pour apporter votre signature. Pas d’inquiétude, ils vous donneront la marche à suivre.
3- Dès maintenant et pendant les mois qui viennent, parlez du référendum pour les animaux autour de vous et sur les réseaux sociaux pour inciter vos proches à signer. Des groupes locaux seront mis en place près de chez vous pour faciliter la mobilisation. Si vous parvenez à convaincre quelques personnes autour de vous, c’est gagné !
Bordeaux écologie, Bordeaux respire ce n est point une doctrine mais une autre manière de vivre. Cause animale projet central et primordial pour notre avenir, cause animale pour ne plus voir souffrir et mourir et pour cela il faudra combattre .
Déconstruction de l’urbanisation et voir enfin des arbres, des parcs, entendre le chant des oiseaux au petit matin comme nous l entendions par temps de confinement quand les voiture étaient a l’isolement.
Francis Feytout bien qu’ayant voté pour vous je ne vous connais pas du tout mais Isabelle a toute confiance en vous et ayant toute confiance en Isabelle je place mon espoir en vous.
Merci, entre l’article et votre commentaire j’en ai eu les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas avoir meilleure interlocutrice pour mon premier entretien d’élu.
Tes commentaires sont des vraies perles Éric !!! Merci !!!
Très bel article laissant paraître l’empathie, la confiance, le soutien et l’espoir à l’encontre de notre premier Monsieur condition animale à Bordeaux, ce qui en soit, est déjà un miracle. L’impossible s’étant réalisé, on sera tous force de soutien pour aider Francis à faire évoluer et changer la triste condition des animaux.
Merci beaucoup Valérie pour tes commentaires et tes encouragements, ici et sur mon profil Facebook ! À très bientôt très certainement dans le cadre d’événements comme le Weggie World Festival ou le Green Market 😉
Félicitations
Vous en avez de la chance à Bordeaux !
C’est un exemple pour les autres villes
Merci pour votre engagement et votre travail
Merci Cattelain ! C’est vrai que depuis la victoire d’EELV à Bordeaux on mesure notre chance ! Cette initiative n’en est qu’un exemple, en espérant qu’elle fera boule de neige dans d’autres villes comme tu le soulignes !
« Combien de fois n’avons nous rien vus de ce qui se tramait de vivant dans un lieu? Probablement chaque jour » Baptiste Morizot
En effet, le changement de paradigme quant à nos relations inter-espèces est le pivot sur lequel nous pouvons ancrer une nouvelle façon d’habiter le monde.
L’Écoute Active des autres espèces animales (mais également végétales, microbiennes, fongiques…) nous mènera à une juste compréhension du sens de nos vies.
Bordeaux peut et doit mettre en lumière ces autres façons d’être au monde. Et il ne s’agit pas que de replanter. Nous devons utiliser les Arts et la pédagogie. Remplaçons les affiches publicitaires par des visuels entomologiques. Repleuplons la ville de mobilier urbain biomimés…
Il y a tant et tant tant
Comme tu le dis Arnaud, il y tant et tant ! Je serais très intéressée que tu nous expliques ce qu’est le mobilier urbain biomimé et ce que tu entends par visuels entomologiques ?
« Je compte bien me rapprocher de tous les nouveaux/nouvelles délégués à la condition animale pour créer une structure d’entraide : nous aurons tous à gérer les mêmes dossiers mais avec des priorités différentes : Le tout sera supérieur à la somme de ses parties. »
Entretien très encourageant pour nous tous qui essayons de faire avancer la condition animale au niveau local. Travaillons ensemble !
Margaret Loyon
Yes !!!! C’est tout à fait ça Margaret ! Travaillons ensemble et mutualisons nos énergies au service du vivant et des animaux !
Les vols d’animaux constituent un problème récurrent et grandissant.
Il ne s’agit pas simplement d’un vol d’animal mais aussi de la disparition dramatique d’un membre de la famille.
Bordeaux et ses communes « accueillent » les gdv : les chiens y sont détenus dans des conditions cruelles. Il est évident compte tenu de leur comportement qu’il s’agit d’animaux volés.
Des combats de coq sont organisés dans certains campements.
Tolérer ces situations de la part des pouvoirs publics c’est cautionner la maltraitance animale.
Les camps de Roms sont dans la même maltraitance. Chaque fois qu’un camp est démantelé, chats, chiens, poules sont abandonnés. Aux riverains et aux asso de sauver ces animaux dans un état déplorable.
Est ce normal ?
Ces mêmes animaux sont visibles en ville. Ils sont utilisés comme chien auxiliaire de mendicité.
Bordeaux est devenue une ville dans laquelle régulièrement des maitres sont agressés pour leur arracher leur chien et leur sac, y compris dans des quartiers considérés jusqu’alors « sûrs ».
Ces situations sont le reflet d’un désintérêt des pouvoirs publics pour les animaux.
Ces situations sont le reflet d’une impunité totale accordée à ces populations marginales.