Hier j’ai donc vu Barbie. Le film, pas la poupée dans un de mes rêves qui aurait été un peu bizarre. Non la vraie, enfin, non pas la vraie, la ré-interprétation de la poupée par Margot Robbie, écrite par Greta Gerwig et Noah Baumbach.
Pas peu fier d’enrichir la rubrique Ovaires the rainbow de Jugeote, le média qui en a, voilà ce que j’en ai pensé.
Barbie version féministe et creepy
Force est de constater que le film est une comédie bien déjantée aux atours de pamphlet féministe et anticapitaliste (attention spoil, mais pas vraiment… Barbie se fait traiter de fasciste par une ado du monde réel !).
La réussite du film tient dans la reconstitution délirante et « creepy », traitée avec beaucoup de dérision du monde de Barbie où toutes les femmes/poupées peuvent être médecin, pilote ou même Présidente (La maison Blanche étant…rose), et les Ken… des Ken, autrement dit, l’équivalent de pots de fleurs dans un univers de perfection « féminin » rose bonbon.
Et c’est là que commence l’un des piliers de l’intrigue. D’un côté Barbie commence à avoir des pensées morbides et c’est pour cela qu’elle doit aller dans le vrai monde sous les conseil de Barbie « Destroy » pour comprendre ce qu’il se passe.
De l’autre, Ken, savoureusement interprété par Ryan Gosling, en à marre d’être Ken et découvre dans le vrai monde ce que c’est qu’être un « vrai bonhomme » (et c’est assez drôle aussi).
Le film fait écho aussi bien au Magicien d’Oz qu’Alice au Pays des Merveilles où aller voir de l’autre côté du miroir, devient une satire sociale.
C’est un discours très féministe avec un monologue de America Ferrera (ancienne interprète de Uggly Betty) bien senti d’une femme qui ne demande qu’à être ordinaire et se dégager de toutes les injonctions contradictoires.
Du très bon et des bémols
Maintenant on sent que le film s’adresse à un public très américain (le monde de Barbie est très « american way of life »), un public très occidental, on sent que cela veut cocher pas mal de cases, et ça fait partie des 3 bémols que je noterai.
- C’est une satire qui tire sur le capitalisme, mais il y a un placement de produit majeur : Mattel (lui-même co-producteur du film). De même de façon plus discrète, on notera la présence de Chevrolet avec le SUV hybride conduit par le personnage de America Ferrera (mère de l’ado qui traitait Barbie de fasciste), et bien sûr la Corvette C1 de Barbie. Enfin Land Rover pour les méchants cadre sup de chez Mattel et Chanel pour certains bijoux de Barbie.
Pour souscrire à une totale intégration communautaire et féministe, les Barbies sont asiatiques, afro, latinas, mais aussi obèses ou en fauteuil roulant pour représenter toutes les femmes. - Or les Ken, certes asiatiques, afros ou latinos ont tous le même profil physique d’athlète. Même dans le vrai monde, les hommes cadres sup ressemblent à des Ken ou bien les ouvriers sont des gaillards bien virils. Les hommes maigres, ventrus, poilus, moches, myopes, petits ou handicapés, pères de famille et qui ne cherchent pas être un « vrai bonhomme » n’existent pas dans cette diatribe féministe ou à peine dans la figuration des badauds, et n’intéressent pas la Barbie luttant contre les stéréotypes.
- Enfin tout le monde est hétéro. Les Barbies (même émancipées) ne sont séduites que par les Ken et réciproquement.
Bref malgré tout, la comédie vaut le déplacement, ne serait-ce que pour l’inventivité, le spectacle et l’humour que sert le film (les cinéphiles apprécieront l’ouverture Kubrickienne 🙂 )
Nota Bene
On notera aussi la blaguounette de l’affiche française et son slogan : ‘Elle peut tout faire. Lui, c’est juste Ken’, qui revêt un double sens plus que coquin, car en nouvel argot français, ‘ken’ signifie ‘baiser’”.
Et vous, vous comptez y aller ou vous l’avez vu ? Qu’est-ce que vous en avez pensé ?
Photos ©Warner Bros Pictures
Au diable tous les bémols, la bande annonce m’a enchanté. Dans ce monde rose Bombon acidulé nos poupées ont l’air d’avoir un sacré coup de blues et peuvent dire merci à Barbie Destroy.
Étonnant de voir Ryan Gosling avec un look sucre d’orge en surfer moi qui suit un fan absolu de Drive…bref une comédie décalée que j’avais déjà en ligne de mire pour m’en régaler au ciné
Bravo à jugeote pour cet article et sa critique avisée
Merci Éric ! Rendez-vous devant le grand écran pour se faire notre propre avis sur ce film qui divise !
Une très bonne impression et un grand bravo à Ryan Gosling pour sa prestation. Cependant un film réservé à une certaine génération.Une comédie grinçante, espiègle dans ce décor rose Bombon de Barbie Land.
Et puis la rencontre avec Pierre Nicolas était carrément sympatoche
Une belle journée avec jugeote
Merci pour cette analyse du film et retour de sensations! Perso je l’ai vu 2 fois au final car j’ai souhaité le montrer à mes 2 fils âgés de 9 et 12 ans. Ils en ont pris ce qu’ils voudront mais la réflexion a été lancée.
Merci pour vos retours, cet article semble faire beaucoup d’effet à l’image du film. Pour répondre à Paraiso, effectivement il faut faire attention si on emmène des enfants. Il n’y a rien de choquant, juste qu’en deçà d’un certains âge beaucoup de choses échapperaient aux têtes blondes qui espéraient n’y voir qu’un monde enchanteur de leur poupée préférée.
Pour compléter voici un lien dans lequel figurent les 30 films qui ont influencé Greta Gerwig pour sa réalisation.
En cliquant sur le mot »read » vous pourrez voir l’itw complète qui détaille ses choix. Un peu de Tati, un peu de Demy, du disco, et bien sûr un paquet de classique https://letterboxd.com/crew/list/greta-gerwigs-official-barbie-watchlist/
Merci pour le lien j’ai vu qu’il y avait la fièvre du samedi soir, j’adore ce film pour les chansons, les chorégraphies mais surtout derrière les paillettes se cache une histoire sociétale..un film attendrissant que j’ai découvert à Berlin chez ma correspondante… cela fait si longtemps mais le film n’a pas viellit