En cette rentrée 2024, je suis très heureuse de vous raconter l’histoire de Sarah Lequette. Cataloguée comme mauvaise élève au cours d’une grande partie de sa scolarité. Orientée, parce que considérée comme irrécupérable, vers un BEP Carrières sanitaires et sociales durant lequel, à juste 16 ans, confrontée à la fin de vie dans l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) où elle effectuera son apprentissage, Sarah a su faire de son expérience une force et démontré que l’échec est un levier.
Il était une fois une atypique aujourd’hui surdiplomée qui, alors qu’elle était devenue quasi mutique en raison des effets dévastateurs de l’école, coache les gens sur l’art de parler en public, propose des ateliers et des conférences dans le cadre de son entreprise Change et produit et anime des émissions radio pour le média national RCF.
Sarah Lequette ou l’itinéraire d’une atypique au parcours inspirant
Sarah Lequette est née à Lyon, il y a 36 ans, d’un père ingénieur et d’une mère infirmière. Prémices d’une vie où elle prendra l’avion à 15 jours, direction Le Caire. Puis, après 2 ans en Egypte, ce sera Istanbul où elle aura pour nounou, Banu Anil devenue une célèbre avocate des droits des femmes. Pour enfin, à l’âge de 6 ans, quitter la Turquie et atterrir à Angoulême.
À l’école anglaise succèdera une école catholique où, dès la grande section de maternelle elle me confiera :
« Je gérais déjà les conflits dans la cour de récréation. J’aimais bien résoudre les problèmes relationnels ».
Sa première mauvaise expérience, elle la vivra en CE2 avec Mme B. la prof principale qui terrorisait ses élèves et qui, parce qu’elle parlait trop, la menacera de l’enfermer dans un placard (Oui ! Comme Melle Legourdin aka Trunchbull dans Matilda).
En CM1, ce sera Mme L. qui tire et arrache les cheveux par poignées et qui là encore, impressionne tellement ses élèves que Sarah se souvient de «Marine, ma voisine, qui se faisait pipi dessus par peur de réciter sa poésie».
Toujours à Angoulême en 6ème, le décrochage scolaire de Sarah surviendra de 12 à 15 ans, les années collège où elle changera plusieurs fois de ville pour effectuer sa 5ème à Bordeaux, sa 4ème à Lyon et sa 3ème à Antibes.
Déracinée, perturbée, pour l’adolescente, les ennuis commencent :
Je ne comprenais pas ce que je faisais en classe. La méthode ne me convenait pas. Très rêveuse, j’étais déconnectée.
Les mauvaises notes et les mauvaises appréciations s’enchaînent, sans avoir, comme elle le déplore, « jamais rencontré aucun enseignant pour en discuter ».
Exit le circuit scolaire, welcome l’apprentissage
« Ejectée » en 3ème après avoir redoublé, Sarah fera, de son propre aveu :
J’ai fait la pire rencontre de ma vie ! La conseillère d’orientation baptisée « Croque-mort » qui pendant une heure de monologue finit par me dire : Je suis désolée il n’y a rien pour vous ! J’ai 15 ans.
« L’incasable » fait partie des 1,4 M de jeunes sans solutions.
Elle subit son orientation et se retrouve en cité HLM en banlieue à Saint-Laurent-Du-Var après 3/4 d’heure de train et 20 minutes de marche tous les jours pour suivre un BEP Carrières sanitaires et sociales.
Son apprentissage, elle le fera dans un EHPAD. Confrontée à la vieillesse et à la fin de vie à 16 ans, charlotte sur la tête, balai en main, elle nettoie, elle balaie, elle récure et apprend comment lever un malade.
Pendant 2 ans, elle s’accroche. Elle se souvient :
J’ai récolté les regrets, les rêves non assouvis, les « je t’aime » que l’on a pas su dire, les « pardons » que l’on a refusés…
De Bac – 5 à 2 X Bacs + 5 et cinq diplômes
Fracassée par le système et les commentaires des enseignants, Sarah est quasi mutique. «J’avais bloqué mon potentiel et mon cerveau. À l’oral j’échouais tout le temps, même si je m’étais sur-préparée. Du coup, j’ai développé une écoute profonde. Je ne parlais pas, j’écoutais».
Après son BEP, elle suit une formation d’aide médico psychologique (AMP) pendant 1 an à Cannes. Elle obtient son diplôme d’État du premier coup avec un beau 19/20. Un membre du jury qui a remarqué sa manière de s’exprimer, l’encourage à continuer et à passer le diplôme d’éducateur spécialisé.
Elle suivra la formation de moniteur éducateur en 2 ans à Toulon et rate le diplôme final d’ 1/2 point. Obligée de « se retaper » une année, elle obtient son DEME à 22 ans. Fait une VAE éducateur spécialisé qu’elle obtient en 6 mois et, dotée d’un BAC + 3, intègre l’association AVATH spécialisée dans le handicap.
Mais ce n’est pas tout, en 2016, celle que l’on n’arrête plus obtient un double Master, avec un Diplôme d’État d’Ingénierie Sociale (DEIS) de l’Institut Régional de Travail et Social (IRTS) et le Master Conseil & Management des organisations de l’Institut des Administrations des Entreprises (IAE) qu’elle est tellement fière d’avoir décroché qu’elle l’immortalisera avec une photo d’elle en tenue officielle de remise de diplôme avec toge et coiffe à cordon (comme dans les films !).
Après 15 ans dans l’économie sociale et solidaire (ESS) et le CARE, le soin auprès des personnes les plus vulnérables de la société (personnes âgées, enfants placés, handicapés enfants et adultes légers et moyens) le destin frappe à sa porte en 2021 et lui fait rencontrer «une personne qui va changer sa vie, le conférencier, Arnaud Collery, référence mondiale du public speaking et écrivain sur le bonheur».
Sarah en parle avec des étoiles plein les yeux :
C’est la plus belle rencontre de ma vie ! En 18 mois, il m’a fait décoller comme jamais l’école n’a su le faire !
Spécialiste renommé du développement personnel, Arnaud Collery deviendra son premier client :
J’ai 10 candidats qui sortent d’HEC et Sciences po, mais j’adore tes échecs ! Je veux travailler avec toi !
C’est une phrase qu’elle n’oubliera jamais. « C’est devenu mon client, mon coach, mon mentor et mon ami ».
Suite à cette rencontre, elle créera Change, une entreprise qui accompagne les entreprises et/ou les particuliers en proposant du coaching, des ateliers et des conférences.
Pendant 18 mois transformateurs, en aidant Arnaud Collery à développer la plateforme Humanava, elle suit une tournée des meilleurs orateurs de France, participe aux masters classes sur les soft skills (compétences du XXIème siècle : leadedhip, art oratoire, optimisme, intelligence émotionnelle, situationnelle, relationnelle…).
Son chakra de la gorge est complètement libéré.
Du mutisme au micro
Peut commencer une nouvelle aventure, celle de la radio. En effet, depuis plusieurs mois Sarah produit et anime deux émissions pour le média RCF :
- Chemins des possibles, un voyage à la découverte de soi, des autres et du monde, pour trouver sa place au travail, de l’orientation à l’évolution professionnelle. Explorations de trajectoires de vies singulières et d’expériences inspirantes (rubrique bien-être & psychologie).
- À l’unisson ! Où à travers 10 épisodes sont explorées la richesse et la diversité de la coopération franco-allemande, en mettant en lumière des projets locaux financés par le fond citoyen et renforçant les liens entre ces deux puissances européennes.
L’actu de Sarah Lequette
Le 12 septembre, Sarah organise un atelier au Wash Bar, 39 Rue Ausone à Bordeaux, de 10h à 12h, sur l’art de parler en public.
Si les sept effets positifs de la prise de parole en public, en utilisant le storytelling comme méthode, pour renforcer la confiance en soi et la réalisation personnelle vous intéresse et que vous souhaitez y assister, c’est par ICI !
J’aimerais terminer cet itinéraire qui démontre que rien n’est écrit, par le poème de Jacques Prévert que vous avez peut-être appris et qui a mis du baume au coeur de plusieurs générations de « ribambelles d’hirondelles fracassées », comme les appelle Daniel Pennac, élève nul jusqu’en terminale, devenu professeur de lettres et auteur à succès, qui raconte ses années de douleur et de rédemption dans son ouvrage Chagrin d’école.
LE CANCRE
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.
Merci à Marie-Pierre Guiard, fondatrice de Les Toiles Blanches, un univers textile épuré et intemporel, qui m’a permis d’utiliser sa photo de bonnet d’âne permettant d’illustrer justement et joliment cet article. Je vous invite à découvrir ce que propose cette ancienne rédactrice de mode qui puise dans le linge ancien son inspiration et les matières pour créer des objets de décoration et des vêtements qui embellissent le quotidien sur son site.
Un récit passionnant oû j’y vois une certaine concomitance avec mon parcour scolaire, l’instruction et la culture !!!! l’un releve de la scolarité l’autre une soif d’apprendre toute personnelle, faut il encore bénéficier d’un milieu socioculturel avantageux. Et puis il y aura toujours des éleves intelligents qui ne sont pas aptes à évoluer au sein du milieu scolaire pour X raisons.
Le bulletin scolaire de Sarah est édifiant et démontre effectivement tout le chemin qu’elle a parcouru pour sortir victorieuse de cette scolarité chaotique. Change ne doit le jour qu’à sa résilience et une prise de conscience de l’impotance de l’éloquence !!! ainsi la voilà maintenant au micro cette anxieuse de l’oral …c’est une belle revanche aussi bien sur l’école que sur ses propres lacunes. Indubitablement Sarah doit se sentier épanouie et heureuse dans ses challenges et c’est super.
L’éloquence : sous l’antiquité Romaine la réthorique était la pierre angulaire pour une carrière politique et on l’enseignait dès l’adolescence aux jeunes arsitocrates
Merci Eric pour votre message en réponse à cet article. Je souhaite en effet partager mon parcours car je suis consciente du fait qu’il peut être utile à d’autres, jeunes et moins jeunes. Je crois beaucoup à l’exemplarité, à l’inspiration. Je pense avoir expérimenté les rouages d’un système éducatif (l’échec de l’école ?) qui part à la dérive et qui n’est plus du tout adapté à l’évolution de l’espèce humaine. Les cerveaux humains ne sont pas les mêmes qu’il y a 100 ans, le système n’a que très peu évolué. Il génère à l’heure actuelle beaucoup de frustration et de souffrance du côté des élèves mais aussi du côté des enseignants dont je découvre le fléau depuis peu. Environ 40% des enseignants sont en situation de burn out. De plus, il ne sont pas formés à l’art de parler en public (la communication non-violente). La parole est un des plus grands pouvoir de l’homme. J’en ai expérimenté les pires travers avec les mots (maux) de mes enseignants mais j’ai su écouter mon feu intérieur pour garder mon ambition intacte. J’ai beaucoup appris sur ce chemin initiatique; les miracles de l’échec, les compétences du XXIème siècle, la persévérance, la conscience de soi. J’aime aussi me rappeler régulièrement un accord toltèque (livre les 4 accords toltèques) : « dans la vie ne rien prendre personnellement ». Dans le sens ou ce qui est dit par autrui lui appartient. Cette idée m’aide encore à l’heure actuelle.
Gardons à l’esprit que nous avons un pouvoir créateur à travers nos pensées, nos paroles et nos actions. Génial votre citation sur l’éloquence, je viens de l’écrire sur mon carnet de notes !
Merci beaucoup, j’adore son histoire !
Bonjour Fleur, quel joli prénom pour commencer !
Merci pour votre message. J’espère que mon témoignage vous encouragera à réaliser vos aspirations profondes. Belle fin de journée 🙂
Cela fait bien longtemps que j’ai découvert Isabelle Camus aka Jugeote et ex Serial Blogueuse. Ses articles, ses récits mainés d’une plume assurée nouriricent l’esprit et donnent l’envie d’écrire