L’Allemagne fait face à une montée significative de l’extrême droite, incarnée principalement par le parti Alternative für Deutschland (AfD). Cette progression s’accompagne d’une crise politique et d’une intensification des attentats, soulevant des inquiétudes en Europe et ailleurs.
Une polarisation accrue en Allemagne
Depuis plusieurs années, l’AfD a connu une progression marquante, notamment en exploitant les débats sur l’immigration et l’identité nationale. Lors des élections régionales de septembre 2024, le parti a réalisé des scores records, avec 33 % des voix en Thuringe et 30 % en Saxe. Ces résultats traduisent un malaise au sein d’une société allemande divisée et une défiance croissante envers les partis traditionnels.
En novembre 2024, la crise gouvernementale s’est aggravée avec le renvoi de Christian Lindner, ministre des Finances et leader du FDP, entraînant l’effondrement de la coalition du chancelier Olaf Scholz. Les élections initialement prévues le 28 septembre 2025 ont été anticipées et sont prévues pour le 23 février 2025, avec l’AfD en embuscade.
Les élections fédérales anticipées du 23/02/2025 : enjeux et objectifs
Ces élections fédérales anticipées ont été convoquées après l’effondrement de la coalition gouvernementale en novembre 2024. Initialement prévues pour septembre 2025, elles ont été avancées en raison de l’instabilité politique et de l’incapacité des partis traditionnels à maintenir une majorité au Bundestag.
Le but de ce scrutin est de désigner les nouveaux députés du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, qui seront ensuite chargés d’élire un nouveau chancelier. Ces élections détermineront l’orientation politique du pays pour les prochaines années, dans un contexte marqué par la montée de l’extrême droite, des tensions sociales et des défis économiques. L’issue de ce vote influencera également les politiques européennes et la place de l’Allemagne au sein de l’Union européenne.
Le Bundestag
Un climat insécuritaire en Allemagne
La montée de l’extrême droite en Allemagne s’accompagne d’une recrudescence d’attentats violents, exacerbant les tensions politiques et sociales.
Attentat du marché de Noël de Magdebourg
Le 20 décembre 2024, une attaque à la voiture-bélier a frappé le marché de Noël de Magdebourg, en Saxe-Anhalt. L’auteur présumé, Taleb Jawad Al-Abdulmohsen, un médecin saoudien de 50 ans, a foncé dans la foule, causant la mort de six personnes et blessant 299 autres. Comme expliqué dans l’article que j’ai signé, les motivations de l’assaillant restent floues, mais son hostilité déclarée envers l’islam et son soutien à des thèses conspirationnistes d’extrême droite ont été mis en évidence. Cet événement a mis en lumière des failles dans le dispositif de lutte antiterroriste allemand et a relancé le débat sur la sécurité intérieure.
Attentat à la voiture-bélier à Munich
Le 13 février 2025, une nouvelle attaque à la voiture-bélier a eu lieu à Munich, en Bavière. Un demandeur d’asile afghan de 24 ans a percuté un groupe de manifestants lors d’un rassemblement syndical, blessant 36 personnes, dont plusieurs grièvement. Les autorités ont rapidement évoqué une « motivation religieuse » et une « orientation islamiste » de l’assaillant, qui aurait crié « Allah Akhbar » lors de son arrestation. Cet attentat a ravivé les débats sur les politiques migratoires et la radicalisation en Allemagne, à quelques jours de la Conférence de Munich sur la sécurité.
Comparaisons avec la France et les États-Unis
La France et les États-Unis connaissent également une montée de l’extrême droite et une augmentation des actes violents associés.
FRANCE
En France, la montée du Rassemblement National (RN) suit une trajectoire similaire à celle de l’AfD. Marine Le Pen a atteint le second tour de la présidentielle 2022, s’appuyant sur des thèmes comme la souveraineté nationale et la sécurité. Depuis, le RN a renforcé sa présence au Parlement et profite d’un climat social tendu marqué par des mouvements de contestation contre la politique du gouvernement en matière de réforme des retraites et de pouvoir d’achat. L’arrivée de Jordan Bardella à la présidence du RN en 2023 marque une nouvelle stratégie pour le parti, visant à attirer un électorat plus jeune et à crédibiliser davantage sa posture gouvernementale. En vue de la présidentielle de 2027, le RN se positionne comme une alternative majeure aux partis traditionnels, espérant capitaliser sur l’érosion de la confiance envers les formations historiques et les crises successives que traverse le pays.
ÉTATS-UNIS
Aux États-Unis, la situation politique actuelle est marquée par une forte polarisation et des tensions internes. Le pays est toujours divisé sur des questions comme l’immigration, les droits civiques et le rôle des institutions démocratiques. La campagne présidentielle de 2024 a exacerbé ces tensions, avec un affrontement entre Donald Trump et Joe Biden, où les discours populistes et nationalistes ont pris une place centrale. En parallèle, des manifestations violentes ont éclaté dans plusieurs États, reflétant une radicalisation accrue des extrêmes politiques. La récente crise migratoire à la frontière mexicaine et l’augmentation des crimes motivés par la haine ont encore aggravé les divisions au sein de la population, mettant à rude épreuve les capacités du gouvernement à maintenir la stabilité.
Donald Trump et Jordan Bardella
Facteurs communs et divergents
La montée de l’extrême droite en Allemagne est due à plusieurs facteurs:
- Crise migratoire : L’afflux de réfugiés et de migrants suscite des débats sur l’identité nationale et la sécurité, exploités par les partis d’extrême droite.
- Défiance envers les élites : Un sentiment de déconnexion entre les citoyens et les classes dirigeantes alimente le soutien aux mouvements populistes.
- Inégalités économiques : La précarité et les inégalités croissantes créent un terreau fertile pour les discours nationalistes.
Cependant, des divergences existent. En Allemagne, le passé nazi impose une vigilance particulière quant à la résurgence de l’extrême droite. En France, le RN s’efforce de normaliser son image pour accéder au pouvoir, tandis qu’aux États-Unis, le populisme de droite s’exprime principalement à travers le Parti républicain.
Perspectives d’avenir
L’évolution de la situation politique en Allemagne inquiète les partis traditionnels, confrontés à la montée du populisme et à des crises successives. Les élections fédérales anticipées de février 2025 seront un test décisif pour mesurer la force de l’AfD et la capacité des institutions à contenir l’extrême droite. Face à cette polarisation, la démocratie allemande devra faire preuve de résilience. Ensuite ce sera au tour de la France de choisir, en 2027, à quelle sauce elle se fera manger.
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