Les élections fédérales allemandes de février 2025 ont marqué un tournant politique majeur pour le pays. Entre la victoire des conservateurs de la CDU-CSU, la poussée historique de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le recul des partis au pouvoir, les résultats redessinent profondément le paysage politique allemand. Jugeote avait fait la présentation de ces élections juste avant, il est maintenant temps de faire la conclusion.
Les conservateurs en tête des élections, mais sans majorité absolue
Avec 28,6 % des voix, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son alliée bavaroise, l’Union chrétienne-sociale (CSU), arrivent en tête du scrutin. Cette victoire marque un retour en force de la droite traditionnelle après plusieurs années d’affaiblissement sous le mandat du chancelier social-démocrate Olaf Scholz. Friedrich Merz, chef de la CDU, est désormais en position de force pour tenter de former un gouvernement, bien que la majorité absolue lui échappe.
Une percée historique de l’AfD
Le fait marquant de cette élection reste la montée en puissance de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a obtenu 20,8 % des suffrages, son score le plus élevé à l’échelle nationale. Le parti d’extrême droite, qui capitalise sur le mécontentement des électeurs face à l’inflation, l’immigration et la politique énergétique du gouvernement sortant, s’est particulièrement imposé dans les Länder de l’ancienne Allemagne de l’Est. Dans certaines circonscriptions, l’AfD dépasse même les 40 % des voix, témoignant d’un ancrage territorial de plus en plus fort.
Un revers pour le SPD et les Verts
Le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz subit un sérieux revers avec seulement 16,4 % des voix, contre 25,7 % en 2021. Ce résultat reflète une perte de confiance de l’électorat, notamment en raison des difficultés économiques et des tensions au sein de la coalition gouvernementale. De leur côté, les Verts, qui avaient connu une ascension fulgurante ces dernières années, enregistrent une nette baisse à 11,6 %, confirmant une tendance déjà observée lors des élections régionales de 2024.
Une coalition difficile à former
Avec une CDU-CSU en tête mais sans majorité absolue, et un Bundestag plus fragmenté que jamais, la formation d’un gouvernement s’annonce complexe. Friedrich Merz devra négocier des alliances, soit avec les libéraux du FDP (qui ont également reculé à 6,3 %), soit avec les sociaux-démocrates ou les Verts, bien que ces derniers soient des partenaires plus difficiles à convaincre. Une grande coalition CDU-SPD, bien que possible, semble politiquement risquée, tandis qu’une entente entre CDU, FDP et Verts reste incertaine.
Un signal fort pour l’Europe
Ces élections en Allemagne, première puissance économique européenne, envoient un signal fort au reste du continent. La montée de l’extrême droite et l’affaiblissement des partis traditionnels résonnent avec les dynamiques observées dans d’autres pays européens, où le rejet des élites politiques et les tensions sociales influencent de plus en plus le vote des citoyens. Après les élections européennes d’il y a quelques mois, ces résultats montrent encore une fois l’essor de l’Extrême Droite au sein de l’UE.
Alors que les négociations de coalition débutent, l’avenir politique de l’Allemagne demeure incertain, et la gestion de cette nouvelle répartition des forces sera déterminante pour la stabilité du pays et de l’Union européenne.
Avec la montée de l’extrême droite en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et en France, l’Allemagne s’ajoute à la liste des pays où ces forces progressent, dessinant une Europe de plus en plus dominée et fragilisée par ces courants politiques.
En ajoutant à cela la menace américaine, l’union des démocraties européennes devient plus que jamais une obligation urgente.
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