Transfert #5 : Bordeaux sous les bombes

par | 21 Juil 2015 | Tasse de thé culturelle

Contenu mis à jour le 30 juin 2020

Graffer les murs, les couloirs, les cellules et même les salles d’interrogatoire d’un hôtel de police, il fallait oser. Un projet enthousiasmant sur le papier. Et encore plus étourdissant en réalité. La seule garde à vue qu’on a envie de prolonger…

« Castéja » comme on l’appelle à Bordeaux, n’a jamais été un endroit « hype », quelque soit le public interrogé. Un bâtiment imposant, d’un gris tirant sur le noir glauque, digne décor de L’Hôpital et ses fantômes de Lars Von Trier. Un endroit devant lequel on passe rapidement, en baissant les yeux. En espérant ne jamais devoir y rester. Un ami qui ne vous veut pas du bien que j’ai personnellement rencontré lorsque de joyeux trublions de ma connaissance y ont passé quelques jours en »gard’av » pour avoir… graffé !

Apprendre que la nouvelle édition de Transfert, LE grand évènement du graffiti bordelais, allait se tenir ici m’a réjouit au plus haut point. Un choix d’une rare et si jouissive ironie. Dés l’entrée et ses murs joliment repeints de grands traits bleus, en mode wildstyle, on ne peut que se réjouir : oui, les artistes graffeurs ont pris d’assaut le lieu, de fond en comble.

Après cette 1ère mise en bouche, vous entrez dans la galerie. Plus de 150 créations originales, sans thématique précise. Mais ici, le but est clairement de présenter toutes les formes du street art.

On y trouve des dessins de jeunes femmes tatouées, des grandes installations autour des bombes et de leurs différents caps, des créations autour de ces trains si chers aux graffeurs (dont une mettant en scène un étonnant accident de tramway), des mini-murs en mini-briquettes, un tableau noir qui se joue de la lumière pour dévoiler son jeu et même du street art sous forme de canevas mettant en scène Monsieur KFC, Godzilla ou Goldorak.

Beaucoup d’humour, du graff dans tous ses états qui plait aux aficionados comme au grand public (un bonheur pour les enfants, d’ailleurs) !

Cliquez sur les photos pour les voir dans leur intégralité ☟

La suite est un parcours empli de découvertes qui amusent autant qu’elles bouleversent. Bien loin de tomber dans les défauts de nombre d’expo de graffs, Transfert n’enferme pas le graff, elle le libère, l’ouvre à tous et offre à le comprendre un peu mieux.

Dans chaque pièce dans laquelle le spectateur entre, les graffeurs ont clairement été pénétrés par le lieu et tout ce qu’il a du s’y passer. Au fil des création, l’on ressent une véritable réflexion sur l’enfermement,  qu’il soit physique ou psychologique. Les boxs de parloir sont colorés mais n’en perdent pas toute leur force de confinement. Le travail sur les éclairages est toujours très réfléchi comme sur ce Cinquième Element d’Odeg, issu du collectif des Frères Coulure (dont on avait déjà croisé le travail à Darwin).

Même les panneaux d’information (notamment des toilettes) sont au diapason avec la création graphique environnante. Mon coup de coeur personnel : cette pièce qui prend aux tripes dont tous les murs sont couverts d’une prose noire (dans tous les sens du terme) et qui semble vibrer d’une histoire assez torturée.

Une vraie belle expérience dont on ne sort pas indemne…

 

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