Alors que du 3 au 5 juin les décibels vont retentir dans le parc Peixotto de Talence, près de Bordeaux, pour une troisième édition toujours plus alléchante, Jugeote est partie à la rencontre de David Brunner, le Président de l’Union Des Sapeurs Pompiers de Gironde et administrateur à l’Oeuvre des Pupilles Orphelins et Fonds d’Entraide des Sapeurs Pompiers de France, qui donne son nom au Festival ODP.
Festival ODP – Entretien avec un pompier
Jamais deux sans trois ! Le Festival est désormais bien ancré dans le paysage local, que voudriez vous lui apporter comme améliorations ?
Alors améliorations ? Qu’est ce qu’on entend par améliorations ?
Du genre, aimeriez-vous vous délocaliser sur un site plus grand ?
Le festival dans le paysage des festivals n’a que 3 ans, c’est donc une jeune pousse. Il faut que l’on regarde ce que le parc de Peixotto peut encore accueillir sachant que ce lieu fait partie de l’ ADN du festival. C’est ce qui fait le festival, ce qui lui donne son cachet. Cela fait trois ans maintenant que la mairie de Talence nous fait confiance, nous soutient, ce n’est pas au moment où nous avons un peu de notoriété qu’on va commencer à chercher un autre site pour nous accueillir.
Même pas sur le site du Reggae Sun Ska qui se déroule lui aussi désormais à Talence, dans l’enceinte du domaine universitaire ?
Nous ne sommes pas dans la même lignée que le RSK. Nous on est vraiment sur quelque chose qui privilégie la famille. L’œuvre des pupilles des sapeurs pompiers de France est une association qui axe complètement son action autour de cette notion. Nous voulons que ce festival, et c’est tout le talent de Christophe Bosq de 3C productions qui est en charge de toute la programmation artistique, de trouver des artistes qui finalement conviennent à la fois aux parents, aux enfants, voire aux grands-parents.
Faire en sorte que les enfants découvrent certains des artistes préférés de leurs parents et inversement, faire découvrir aux parents les artistes de la génération de leurs enfants. Ce que l’on a pu voir l’année dernière avec d’un côté des parents venus écouter Black M et de l’autre côté des jeunes découvrant Louise Attaque.
Le site actuel de Peixotto se prête tout à fait au côté familial que l’on veut rattacher au festival ODP
Vous ne craignez pas d’être victimes de votre succès ? Parce que cette année encore il y a du lourd en matière de programmation !
De toute façon nous ne pourrons et nous n’accueillerons que le nombre de personnes que le site autorise. Donc effectivement si l’on doit afficher complet certains soirs, parce qu’on aura atteint la capacité d’accueil du public est un risque dont nous sommes conscients. Du coup il faut se dépêcher d’acheter ses billets parce qu’on commence à avoir des soirées bien remplies et que les gens qui arriveront en dernière minute ne pourront effectivement pas rentrer pour cause de jauge maximum.
L’an dernier, Eric Jean-Jean, le parrain du festival, déclarait que les artistes avaient consenti à baisser leur salaire pour la bonne cause. Est-ce toujours le cas ? Avez-vous essuyé des refus ?
Le montage du festival est un montage entre plusieurs partenaires. La partie artistique, qui est une partie qui ne doit souffrir d’aucun amateurisme est totalement gérée par Christophe Bosq de 3C. Pour toute cette partie là les artistes sont sensibilisés à la cause, ils savent pourquoi ils viennent, on organise des rencontres.
Le parrain de l’ODP, le journaliste Thomas Hugues évoque les actions de l’association avec les artistes. Eric Jean- Jean, l’animateur fait de même. Ils ne manquent pas de rappeler pourquoi ils sont là. Tout ce qui concerne les contingences financières et autres est vraiment du ressort de 3C. Nous, on est plus sur l’animation, l’accueil du public et des artistes.
On dit que les pompiers bénéficient d’un capital sympathie qui fait de votre événement un festival populaire auxquels les artistes sollicités répondent volontiers présent.
Pensez-vous que l’uniforme des soldats du feu est celui que les artistes préfèrent ?
Alors je ne vais pas faire de fausse modestie, mais effectivement le côté sapeur-pompier et le côté service de l’autre est quelque chose qui facilite grandement le contact. Ensuite, aujourd’hui, que ce soit avec les pompiers ou une autre corporation, pour les artistes, un festival c’est, au même titre qu’un peintre ou un sculpteur, avant tout la mise en valeur de leur art. De plus les artistes sont sensibles à l’accueil et à la qualité des prestations offertes par les organisateurs.
Nous avons pu la première année bénéficier des conseils et du soutien de Christophe Bosq, mais aussi d’autres organisateurs de festivals déjà bien implantés. Je pense à Stéphane Canarias, le directeur du Brive Festival qui était lui aussi à nos côtés pour nous conseiller.
Cette qualité est aussi induite par l’investissement de tous les bénévoles, soit plus de 180 bénévoles par jour, qui assurent à la fois l’accueil des artistes pour tout ce qui est backstage et l’accueil du public. Si nous n’avions pas l’engagement, le professionnalisme et le sérieux de ces bénévoles autour du festival, je pense que les artistes ne reviendraient pas. Nous n’aurions pas des artistes du niveau que l’on a eu les autres années. Ne pas oublier que la première année nous avons eu Kenji Girac alors en pleine ascension. Renan Luce, Benabar, Zaz tous artistes reconnus, ainsi que les Magic system. Donc nous bénéficions certes d’un capital sympathie, mais je pense que l’organisation mise en place sur le festival et sa qualité d’accueil reconnue et appréciée font que les artistes sont là.
C’est plus facile avec des sapeurs pompiers bénévoles d’avoir une certaine organisation et rigueur.
Cette année, vous proposez une nouveauté avec « Les gestes qui sauvent ». Pouvez-vous nous en parler ?
Vous avez tout un tas de festivals autour d’une cause particulière. Le festival ODP, au delà de la partie solidaire en faveur des orphelins, a voulu y associer dès la première année le côté prévention. Ce côté prévention aura été pendant les deux premières années de la sensibilisation aux risques domestiques. Aborder aussi bien un début d’incendie que les gestes de premiers secours tout en promouvant en parallèle l’engagement des sapeurs pompiers.
Cette année on a voulu reprendre la grande cause nationale décrétée par le premier ministre :
« Adoptons les comportements qui sauvent »
et donc inciter la population à se former aux gestes de premiers secours. Cet engouement fait suite aux évènements tragiques de janvier 2015 et celles des terrasses. À la possibilité que chaque concitoyen puisse être un acteur des secours, tout au moins dans les premières minutes qui précèdent l’arrivée et l’organisation des secours.
C’est pourquoi le festival à tout consacré pour inciter et proposer aux festivaliers une formation aux gestes qui sauvent. Cette formation est là pour préparer les gens à adopter les bons comportement autrement dit se protéger, protéger ses proches ou encore limiter les conséquences d’un accident. Ça dure deux heures. Ce sont des séances très simples où l’on va apprendre à alerter les secours en donnant la bonne information. À pratiquer un massage cardiaque, à utiliser un défibrillateur, à arrêter une hémorragie.
Aujourd’hui des défibrillateurs cardiaques il y en a pratiquement dans tous les lieux publics. Faire un massage cardiaque à partir du moment où on sait à peu près où appuyer c’est à la portée de n’importe qui. Et arrêter une hémorragie, et bien, on démontrera qu’avec un bout de tissu, une ceinture, une veste ou un simple stylo on peut stopper l’hémorragie et favoriser quasiment 90% de chance de survie dans ce type de situation.
On sait aujourd’hui qu’il y a des gens qui meurent parce qu’on ne leur pratique pas un massage cardiaque immédiatement au moment où ils font un malaise. On sait qu’il y a des victimes qui meurent parce qu’ils se vident de leur sang et que les gens ne savent pas comment arrêter une hémorragie. Donc c’est vraiment une action forte que l’on souhaite proposer aux festivaliers.
Dans la chaîne de secours le premier maillon c’est cette personne là. Après on peut aller plus haut et se former aux premier secours civique de niveau 1 où là on va un peu plus loin avec les gestes de secouristes.
Dites nous en plus sur l’œuvre des pupilles. Pourquoi ODP ?
Notre association prend en charge les familles de ceux qui nous ont quittés beaucoup trop tôt. Que ce soit des accidents en service, en 2016 par exemple nous avons perdu six collègues. Ils laissent six orphelins qu’on prend en charge jusqu’à leurs 25 ans et que l’on accompagne après. C’est une solidarité autour d’une communauté, celle des sapeurs-pompiers.
L’ ODP est là non pas pour remplacer le père ou la mère disparus, parce que c’est totalement impossible et illusoire, mais pour les accompagner dans leurs premiers pas dans la vie. On fait beaucoup de choses autour de leur formation, de l’enseignement, on fait en sorte que les enfants puissent suivre les études qu’ils souhaitent, pour réussir au mieux dans la vie, monter leur société quand ils le veulent, passer leur permis de conduire, partir en vacances parce que c’est à la fois important pour eux et pour le parent restant. C’est un peu le rôle que pourrait tenir un grand frère.
D’autre part, je crois que nous-mêmes, tous les jours, nous portons secours au uns et aux autres. Tendre la main aux familles de nos collègues qui partent trop vite fait partie de quelque chose qui finalement nous rassure parce que le jour où il peut nous arriver quelque chose, finalement nos familles ne resteront pas seules.
Y a-t-il d’autres événements ODP ?
Il y a pleins d’autres manifestations organisées au profit de l’œuvre des pupilles. Ça va du Loto au Bal du 14 juillet et nous avons les collègues des Vosges qui ont créé le festival « l’ODP se met en scène » qui est un festival de théâtre autour de petites pièces de café-théâtre. Il marche très bien. Sur le même principe ils font venir des acteurs et en général ils terminent par un concert en plein air gratuit pour clôturer le festival. Débuté l’année dernière, il a rencontré un joli succès.
Le mot de la fin ?
Je dirai venez l’après midi pour apprendre à sauver et puis ensuite venez en soirée pour vous amuser. Voilà comme ça je pense que, sur un week-end, vous prendrez à la fois du plaisir et vous apprendrez quelque chose d’utile.
Nous mettons tout en œuvre pour que vous puissiez rester sur le festival : il y a le village gourmand avec des food trucks. Pour cette troisième édition nous sommes toujours aussi ravis d’accueillir les familles.
Rendez-vous très bientôt sur Serial Blogueuse, rubrique Jugeote pour un retour circonstancié du Festival ODP et des concerts auxquels de Julien Doré à Vianney, en passant par Jain et Catherine Ringer, avec d’autres membres de la team (on s’est partagé les festivités), j’aurai assisté !
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