Odezenne, le groupe qui cultive sa chance en totale indépendance et en toute cohérence

par | 8 Déc 2018 | Tasse de thé culturelle | 0 commentaires

Contenu mis à jour le 23 avril 2019

Qui mieux que le groupe bordelais Odezenne doté de près d’une trentaine de clips, pour 4 albums studio et un EP, pouvait parrainer le BDX CLIP Festival ?
Vous savez, ce premier événement indépendant, dédié à la création musicale et audiovisuelle 100% bordelaise qu’avec la web TV Bordeaux Replay j’organise ! Une aventure inédite en plusieurs temps, débutée le 10 septembre, pour se terminer sur écran géant le vendredi 14 décembre : date de la soirée de clôture programmée dans la sublime salle aux allures de théâtre du cinéma le Français.

Une cérémonie où le rock, le rap, la pop, l’électro, le jazz, la soul et le reggae vont se mélanger.  Un moment inédit auquel vous êtes cordialement invités dans la limite des 516 places disponibles. C’est gratuit. Il vous suffit juste de vous mettre sur votre 31, autrement dit de faire briller votre perfecto ou votre robe en lamé, car sachez-le, il y aura même une montée des marches avec tapis rouge et une flopée de photographes au taquet de chaque côté.

Le cadeau d’Odezenne qui sait ce que se lancer veut dire

Au menu, des clips comme s’il en pleuvait. Preuve que Bordeaux, après avoir été la ville du rock dans les années 80, a su évoluer et cultiver sa créativité en matière de son et d’image. Une sélection avec remise de trophées et plusieurs prix à la clef, inaugurée avec la projection en exclusivité du clip d’Odezenne, mise en image du morceau Jacques a dit, extrait de leur dernier album Au Baccara.  Réalisé par Adrien BenolielAlix Caillet et Romain Winkler,  il est, comme tout l’album, produit par Mamalova productions et leur Universeul.

Pour en savoir plus sur le trio inclassable échappé de la catégorie rap de ses débuts et dont le succès imposant ne se dément pas, j’ai entrepris de les rencontrer. Un entretien à bâtons rompus dans le salon d’Alix (enrhumé) et Jaco (arrivé plus tard) en a résulté.

Je les remercie pour le thé, leur disponibilité, leur simplicité, leur générosité et les good vibes qu’ils lui ont insufflé !

Le groupe Odezenne photographié à New York

Odezenne in New York © Edouard Nardon & Clément Pascal

 Faire un clip, c’est prendre la parole

I : Pour commencer, puisque c’est le sujet de ce Festival, comment en vient-on à cumuler autant de clips ?

A : On fait des bonnes rencontres. Notre histoire a commencé avec des réalisateurs bienveillants qui ont accepté de travailler à perte pour nous, portés par leur volonté de nous aider, en mettant à notre disposition leurs réseaux. C’est vraiment étonnant  de constater la synergie incroyable qu’il y a entre les différents corps de métier. On s’est retrouvés à 40 par exemple, pour Boubouche tourné chez TSF, dont j’ai assuré la direction artistique avec Romain Winkler à la réalisation. Une super expérience grâce à Nathalie Goutas, la directrice, qui a cru en nous et nous a fait payer le quart du prix. Maintenant bien sûr, on consacre des budgets plus importants, ils ont grossi avec la notoriété. Mais un bon clip c’est d’abord une bonne idée, une idée qui rend hommage au morceau. J’ai réalisé le clip de Nucléaire avec mon téléphone en avril dernier, tout n’est pas non plus question de budget ! En matière de rencontres j’aimerais citer Sélim Bentounes qui a fait notre premier clip, Gomez, en 2011. Adrien Benoliel qui a fait notre clip Taxi. Vladimir Mavounia-Kouka qui réalise des clips d’animation et nous a fait Dedans, Bouche à lèvres ou encore Pastel.

I : Est-ce qu’il y a eu un déclic chez vous pour devenir professionnels ?

A : On n’a jamais eu envie de se lancer. On était juste un groupe de potes qui passaient du temps ensemble. Nos autres potes aimaient bien ce qu’on faisait. Pour notre premier concert à El Inca, c’était plein. À l’époque on avait nos boulots. On partageait nos salaires. On a fait notre premier disque à 28 ans.

I : Tiens au fait, vous êtes bordelais ?

A : Non, je viens de la banlieue parisienne, Jaco est de Vitry, il est arrivé à Bordeaux à 25 ans. Mattia est italien, il est arrivé à Bordeaux à 20 ans. Les Bordelais nous ont adoptés quand on est devenus connus (rire).  On s’est fait tous seuls. On a provoqué notre destin. Pour l’anecdote, en 2008, alors que le groupe Hocus Pocus devait passer au Krakatoa, j’ai laissé un message un peu provocateur à 20syl, le chanteur, en lui disant qu’on serait bien pour faire leur première partie, et qu’en tout cas, eux, seraient parfaits pour faire la nôtre. Il avait le sens de l’humour, et on a fait leur première partie. Ils nous ont même imposés. Plus tard, David Weiszfeld qui était chez Universal a voulu travailler avec nous. En 2014, on s’est lancés comme pari, comme tant de fois en vidant une bouteille de whisky, de faire l’Olympia. Malgré les scepticismes, en 2014, on a fait l’Olympia, et c’était plein !

I : Finalement vous êtes assez du genre à voir le verre à moitié plein et à cultiver votre chance ?

J :  On est assez du genre en effet à prendre notre destin en main et à y croire. Même le verre à moitié vide n’est pas forcément mauvais. Notre dernier album, Au Baccara est l’allusion à cette chance au centre de nos vies et à la prise de risque. Ne pas avoir peur de tout perdre, remettre en jeu les choses, miser.

I : Êtes-vous plutôt scène ou studio ?

A : C’est comme demander si on préfère son père ou sa mère. Avant la scène n’était pas forcément toujours agréable. Il fallait défendre notre musique face à des gens qui n’avaient pas toujours choisi de nous écouter, mais depuis qu’on a un public c’est pas pareil, c’est plus cool !

J : Aujourd’hui on ne peut plus le dire, on aime les deux. C’est lié.

I : Quel est votre public ?

A : On a un public âgé de 18 à 60 ans. Il est très généreux. Les concerts sont des grands moments. Là on sort de tournée, et c’est vraiment étonnant de voir comment les gens chantent, comment ils ont le sourire, comment ils sont bienveillants.

J : C’est vrai, les sourires dans la salle sont impressionnants. Notre public est complètement hétérogène. Il y a tous les âges, toutes les couleurs. On commence même à voir des parents avec leurs enfants. Le public s’auto-fédère.

I : En ces temps troublés, difficile de faire l’impasse sur ce qui se passe en France avec les gilets jaunes. Qu’est-ce-que ça vous inspire ? 

A : Dans le cas présent, ce sont les citoyens qui sont touchés. (il récite)  » C’est avec les ambitions qu’on attrape le financier, avec les munitions que dérape le policier. C’est une condition de devoir nous laisser vivre. La foule en érection, est déjà, bien ivre. En réanimation dans des lits noirs et blancs, ne tire aucune leçon de nos arracheurs de dents « . C’est les paroles de Novembre, qui date de 2014, j’aurais préféré écrire une fiction.

Odezenne in New York

Alix, Matthia et Jacques © Edouard Nardon & Clément Pascal

I : Le 14 décembre, le BDX CLIP Festival que vous parrainez, diffusera sur écran géant votre dernier clip en exclusivité. Vous sortez quasiment un clip par mois, quelle productivité ! Comment travaillez-vous ?

A : On veut de plus en plus se reconnaitre dans nos clips. On n’est plus dans la carte blanche au réalisateur. Aujourd’hui quant on voit les chiffres de YouTube, on ne peut pas faire l’impasse. On a l’intention de tout clipper. On travaille avec Noël, un ami du lycée, producteur chez MAMALOVA PRODUCTIONS, la société qui co-produit, avec Universeul, la totalité de nos clips  sur le dernier album Au Baccara. Il nous a aussi suivi à Berlin pendant 5 mois, le temps de l’écriture de notre 3ème album et a réalisé Subland, disponible sur la revue Far Ouest.

I : Difficile aujourd’hui de vous cantonner au rap. Vous vous définissez comment et qu’est-ce-que vous écoutez ?

A : On fait du Odezenne, comme Gainsbourg faisait du Gainsbourg. On écoute des trucs très différents.Y a un mec qu’on amène en tournée avec nous, y s’appelle Moussa, on aime beaucoup ce qu’il fait. Mais aussi Muddy Monk, Rebeka Warrior ou Mansfield.TYA. Côté local, on pourrait citer JC Satan ou Equipe de foot du collectif du Fennec.

I : Alors Odezenne ? Des envies de Paris ou Bordeaux pour la vie ?

J : On est bien à Bordeaux. On veut créer un endroit pour fabriquer des albums, mettre à disposition des instruments, on en a une grosse collection, on y réfléchit.

En clip et en live

Voilà ! C’était ma rencontre avec deux des trois membres d’Odezenne, le groupe cohérent tant au niveau perso, que pro. Un trio que j’ai furieusement envie d’aller voir en concert le 20 décembre, salle des Fêtes du Grand Parc, pour leur dernière date de l’année.

Et avant ça, j’ai hâte de découvrir le dernier clip en exclusivité sur écran géant, le 14 décembre, pour l’ouverture du BDX CLIP Festival au cinéma Le Français ! Pas vous ?

⚠️ « Odezenne en 10 minutes », dans une vidéo de Pause, l’émission musicale

Depuis que cet article a été rédigé et que l’événement a eu lieu, Stéphane Chaumeau, partenaire du BDX Clip Festival et membre de son jury, a réalisé une vidéo qu’il a partagé sur sa chaine YouTube le 5 mars 2019.

Fidèle au concept de son émission Pause, qui retrace le parcours d’un groupe ou artiste à travers sa discographie, clips, interview et surtout un coup de coeur, il s’est attaqué à Odezenne. Enjoy !

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