A Night at the Opera pour un « Manon » très dénudé revisité par Olivier PY

par | 9 Avr 2019 | Tasse de thé culturelle | 1 commentaire

Contenu mis à jour le 3 mai 2019

Le lundi 8 avril au soir, à l’Opéra National de Bordeaux​, dans le cadre d’une invitation réunissant journalistes et blogueurs, j’ai eu l’occasion d’assister à la 3ème représentation du Manon de Massenet, dirigé par Marc Minkowski et mis en scène par le provocateur Olivier Py.

Manon et Des Grieux, le duo malheureux de l'abbé Prévost

Même si je n’ai ni les compétences, ni l’expertise d’en faire une critique musicale éclairée, voici mon report de Serial blogueuse amatrice de musique classique à ses heures, pour une visite guidée en 3 actes, composée des photos (les miennes + celles d’Eric Bouloumié et de Vincent Bengold) illustrant  :

  1. L’interview organisée juste avant la représentation avec le ténor Benjamin Bernheim, le baryton Alexandre Duhamel et la mezzo-soprano Adèle Charvet.
  2. La visite des sous-sols XVIIIème du Grand-Théâtre.
  3. L’opéra en lui-même, que j’ai pour ma part grandement apprécié et qu’en 9 minutes, pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Manon Lescaut, souvenir pour beaucoup de nos cours de français et de nos années lycée, Marc Leroy-Calatayud explique en vidéo, playmobils et légos.

ITW sympathique de 3 interprètes centraux de l’opéra-comique Manon

En préambule de la représentation, deux heures avant le lever de rideau, la dream team de la communication de l’opéra avait organisé une interview pour les médias locaux, nationaux et même internationaux, tel Die Welt, excusez du peu.

L’occasion pour les nombreux journalistes, blogueurs et influenceurs présents, de s’entretenir avec 3 personnages phares d’un Opéra qui n’est pas comique parce qu’il est drôle, mais parce qu’on y parle, et d’en savoir plus sur leur rôle et leur quotidien.

C’est ainsi qu’entre les explications de Laurent Croizier, puit sans fond de culture, nous avons pu nous entretenir avec le ténor Benjamin Bernheim aka le chevalier Des Grieux, le baryton Alexandre Duhamel aka Lescaut et la mezzo-soprano Adèle Charvet aka Javotte.

Pour savoir qui est qui, c’est par ici :

Sans oublier Gabrielle Laviale régisseuse de scène lyrique, qui nous parlera des répétitions et du montage des décors signés Pierre-André Weitz. Un spectacle usine à gaz où dans les coulisses, il faut alterner les décors dans une véritable prouesse tant technique que physique.

Chacun(e), modèle de simplicité et de disponibilité malgré leur aura de star. Quand on sait que quelques minutes plus tard ils seront sur scène pour 3 heures 20 de représentation (dont 20 minutes d’entracte) je leur tire mon chapeau ! Si l’opéra est un art, c’est aussi une grosse épreuve d’endurance, surtout pour le rôle de des Grieux, et Manon en est un bel exemple.

 

Dans les entrailles du grand théâtre de Bordeaux

Puis, direction les anciennes machineries du XVIIIe sous nos pieds, dont voici un aperçu en quelques (peu éclairés) clichés.

Le grand théâtre édifié par l’architecte Victor Louis (le nom de mon lycée) et inauguré en 1780, intègre comme on peut le voir dans ses soubassements, outre la pierre et le métal, beaucoup de bois de chêne. Une résistance au temps bluffante pour un édifice dont pourrait s’inspirer les constructeurs d’aujourd’hui (poke Ginko & co), et dont il faut savoir qu’en plus, malgré des conditions à haut risque qui furent les siennes (bougies, matériaux hyper inflammables des décors), l’histoire, contrairement à beaucoup d’autres bâtiments de cet acabit, n’a jamais connu d’incendie.

 

Un opéra à poil et des voix au poil, attention spoil !

Une mise en scène signée Olivier Py est forcément sulfureuse. Et quand l’histoire à mettre en scène l’est aussi, on peut s’attendre à quelque chose à rebrousse-poil.

N’ayant jamais vu de spectacles de l’actuel directeur du Festival d’Avignon réputé pour ses excès et ses provocations, j’étais parée pour une expérience contenant « des scènes susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public » et déconseillée à ceux que des seins et des fesses, voire plus… pourraient déranger.

Un parti pris par Olivier Py dans ce cas précis, puisque si vous avez bien suivi, et regardé la vidéo, Manon est une histoire d’amour, d’argent, de sexe, de trahison et de prostitution, qui déjà en son temps, sous la plume de l’abbé Prévost avait fait scandale.

Un opéra qui, c’est amusant de le noter, est aussi connu aux Etat-Unis que la Traviata, voire plus que chez nous, alors qu’il est en français.

Du coup, une fois n’est pas coutume, on y verra des danseurs dans le plus simple appareil, des femmes aux seins nus chevauchant des hommes à quatre pattes et une orgie en fond d’une partie de cartes. Danseurs et danseuses, il faut le préciser, ne faisant pas partie du corps de ballet de l’opéra, la nudité n’est pas dans le contrat. Et vous n’en verrez pas non plus dans les photos officielles qui vont suivre.

Ambiance La La Land au pays des hôtels de passe où le côté sombre des bâtiments est éclairé par le côté chatoyant des costumes, avec un côté comédie musicale made in Brodway ou Moulin Rouge.

Côté chant, ce soir là Manon normalement interprétée par la soprano américaine Nadine Sierra le sera par l’égypto-néo- zélandaise Amina Edris. La première, considérée comme l’un des jeunes talents les plus prometteur de la scène lyrique actuelle, souffrant d’une gastro entérite (Ah ! quand la vie nous prend aux tripes !), sera remplacée par celle qui a remporté le 1er prix féminin du Concours Bordeaux Médoc Lyrique en 2018 et le Prix du Public au Grand-Théâtre de Bordeaux. N’ayant pas d’élément de comparaison, je peux toutefois affirmer qu’elle a assuré haut la main, ou plutôt la voix. Sa complicité avec Benjamin Bernheim/le chevalier Des Grieux est palpable et l’émotion permanente.

Une émotion que le ténor Benjamin Bernheim provoquera à moult reprises en nous embarquant au son d’une voix dont on dit qu’elle est celle du nouvel Alagna. Une interprétation validée par les applaudissements nourris (dont les miens) du public au moment des saluts.

Voilà ! Avant de vous laisser avec mon album photo dont vous reconnaitrez les médiocres miennes, faites avec mon téléphone (les saluts à l’exception de celle des techniciens) de celles (pro) d’Eric Bouloumié, je tiens à remercier Anne Quimbre. Anne grâce à qui j’aurai, en quelques mois, assisté à un ballet, un concert me permettant d’enfin mettre les pieds pour la première fois dans l’Auditorium de Bordeaux et un opéra, élargissant mon horizon où dominent les vidéos sur mon ordi, les concerts de rock et d’electro,  le cinéma et les séries. Merci mon amie !

MANON
Nouvelle production
Création au Grand Théâtre de Genève
Coproduction Opéra National de Bordeaux et Opéra Comique
Musique de Jules Massenet
Livret de Henri Meilhac et Gille d’après le roman éponyme de l’abbé Prévost
Opéra en 5 actes
Créé à Paris le 19 janvier 1884 à l’Opéra Comique
Direction musicale
Marc Minkowski
Mise en scène
Olivier Py
Collaboration à la mise en scène et chorégraphie
Daniel Izzo
Décors et costumes (réalisation)
Pierre-André Weitz
Lumières
Bertrand Killy

Distribution à Bordeaux
Manon
Nadine Sierra
Manon
Amina Edris
Le Chevalier des Grieux
Benjamin Bernheim
Le Chevalier des Grieux
Thomas Bettinger
Lescaut
Alexandre Duhamel
Guillot de Mortfontaine
Damien Bigourdan
Le Comte des Grieux
Laurent Alvaro
Monsieur de Brétigny
Philippe Estèphe
Poussette
Olivia Doray
Javotte
Adèle Charvet
Rosette
Marion Lebègue
Manon, Amina Edris : 7 avril
Le Chevalier des Grieux, Thomas Bettinger : 7 et 12 avril

Opéra National de Bordeaux
Vendredi 05 avr. 2019 à 20 h 00
Dimanche 07 avr. 2019 à 20 h 00
Lundi 08 avr. 2019 à 20 h 00
Mercredi 10 avr. 2019 à 20 h 00
Vendredi 12 avr. 2019 à 20 h 00
Dimanche 14 avr. 2019 à 15 h 00

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1 Commentaire

  1. Cindy

    Toppppp ! Des articles qui donnent toujours l’impression d’y être … 🙂

    Réponse

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