Plus de 30°C atteints dans plusieurs villes de Russie. La Sibérie victime de violents incendies suite à un temps sec et venteux. L’incendie d’un cargo au large des plages Sri Lankaises déversant des millions de granulés en plastique. À lui seul, le mois de mai 2021 a été, à la fois témoin d’incidents écologiques terribles tout en attestant des modifications météorologiques dont nous sommes victimes.
On sait depuis plusieurs décennies que notre façon de consommer, de nous déplacer ou tout simplement de vivre nous conduit droit dans le mur d’un point de vue écologique.
Nombreux sont ceux qui tentent, à leur échelle, de changer les choses depuis plusieurs années. Ils modifient leurs habitudes, pour consommer plus sain, tout en respectant davantage l’environnement.
Mais est-on vraiment sûr que notre façon « d’apporter la pierre à l’édifice » est vraiment pertinente ? Ou ne sommes-nous pas seulement en train d’essayer de répondre aux discours prédéfinis qui nous expliquent comment devenir le « parfait écolo » ?
Ces questions, Anaelle Sorignet, créatrice du blog La Révolution des Tortues, les aborde dans son livre On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, publié aux éditions De Boeck Supérieur. Et je l’ai lu !
Quand Anaelle Sorignet s’adresse aux « écolos fatigués »
Ce ouvrage n’a pas vocation à vous indiquer comment rentrer dans les lignes de l’écolo modèle. Loin de là.
À travers ce livre de 188 pages, Anaelle Sorignet cherche à montrer sa vision de l’écologie, de manière personnelle, honnête et saupoudrée d’une pincée d’humour.
De cette manière, elle espère aider celles et ceux qui, engagés depuis plusieurs années comme elle, ont connu une « baisse de régime » et une remise en question importante sur leurs valeurs écologiques.
» Ce livre s’adresse à celles et ceux qui oscillent entre enthousiasme et désespoir, qui cherchent un « second souffle écolo » pour agir en phase avec leurs valeurs tout en prenant soin d’eux-mêmes. »
Pour ce faire, elle a découpé son bouquin en trois grandes parties :
- Sortir du déni,
- Renouer avec ses émotions et ses désirs,
- Réveiller le volcan de ses aspirations !
Constater l’étendue des dégâts
Dans la première partie, elle tire un triste constat sur l’état actuel du monde. Elle expose son point de vue sur l’écologie au 21e siècle : les actions, les discours, les promesses, ce qu’il en est vraiment et les raisons de notre inaction criante.
Le capitalisme est pour elle l’une des causes majeures de cette décadence. Son pouvoir, si grand soit-il, impacte notre façon de vivre au point que même dans notre manière de consommer « écologique », nous continuons toujours de « consommer ».
Le mot d’ordre est donné dès le titre : « sortir du déni ». En exposant les faits, elle espère nous ouvrir les yeux sur ces dysfonctionnements et provoquer un véritable « éveil de conscience ».
Travailler sur toi, tu devras !
« Dans cette deuxième partie, je vous invite donc à lâcher un peu le mental, pour aller à la rencontre de vos émotions et de vos désirs. »
Cette citation, tirée du livre, définie parfaitement l’idée qui émerge de son découpage. Au gré des pages, Anaelle Sorignet nous pousse à effectuer un énorme travail interne en reconsidérant nos émotions pour mieux les accepter.
» Certains des aspects les plus laids du comportement humain aujourd’hui viennent de la peur des changements radicaux que nous devons maintenant faire. Nous autoriser à ressentir l’angoisse et la désorientation en ouvrant notre conscience à la souffrance globale fait partie de notre maturation spirituelle. »
Joanna Macy, citation inscrite dans le livre On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou
En gros, apprendre à vivre avec les émotions désagréables que nous pouvons rencontrer dans notre vie plutôt que de les ignorer.
Grâce à des exemples concrets, elle nous pousse à développer notre agilité émotionnelle et à ne plus percevoir ces émotions « désagréables » comme des fardeaux. En d’autre termes, faire de cette atmosphère anxiogène l’essence de notre moteur d’action.
Quand rentrer dans le rang n’est pas la solution
Dans cette troisième et dernière partie, Anaelle Sorignet développe un point très important : pour avoir un mode de vie écologique « sain », nous devons d’abord être en osmose avec nous-même.
Dans ce chapitre, elle met en avant l’idée que notre diversité fait notre force. Refouler nos désirs et nos aspirations pour ressembler au groupe n’est pas la solution.
Chacun entretient des rêves et des besoins différents, et ce n’est en aucun cas une faiblesse. Au contraire, elle explique que si chacun « réveille le volcan de ses aspirations », nous pourrons enfin prétendre à une société équilibrée et plus respectueuse de l’environnement.
Ressembler à tout le monde ne nous rendra pas plus heureux. Apprendre à s’écouter et découvrir ce qui nous épanouie réellement est pour elle la clé.
« C’est une nécessité pour dépasser la crise que nous traversons, en nous attaquant à ses fondements : le mépris de l’individualité, du sensible et de la diversité du vivant. »
Anaelle Sorignet nous offre un livre complet et ludique
En séparant ce livre en trois chapitres, Anaelle Sorignet rend la lecture fluide et vivante.
Au gré des pages, le texte est agrémenté par les nombreuses illustrations de Liane Langenbach qui a su coller, en parfaite adéquation, avec l’analyse d’Anaelle.
De la même manière, plusieurs témoignages viennent compléter les paroles de « l’écologirl », rendant son propos d’autant plus percutant.
On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou n’a pas pour dessein de nous donner la solution miracle pour devenir le parfait « écolo ». L’objectif est de nous proposer une analyse de l’écologie qui casse les codes, mais surtout de nous guider dans notre quête du bien-être personnel, pour que nous puissions recentrer notre énergie au bon endroit.
« Entre développement personnel et écologie, le livre propose des pistes de réflexion et d’action pour s’engager à sa façon, avec lucidité, courage et joie de vivre. »
Anaelle Sorignet : une auteure engagée et pétillante
Née en 1991, elle a vécu en direct l’émergence d’Internet.
Elle fait ses débuts en tant que blogueuse grâce aux Skyblog. Par le suite elle deviendra coach d’entrepreneurs et formatrice, puis animera de nombreuses conférences. Malgré ces évolutions, elle ne lâchera jamais cette passion pour l’écriture et la conjuguera avec son investissement pour l’écologie sur son blog La Révolution des Tortues, suivi par plus de 60.000 abonnés.
» J’explore les mécanismes du changement et leurs résistances, les gestes les plus impactants, le nécessaire travail sur soi qu’il faut faire pour vivre heureux dans un monde qui change. Ici, le second degré est roi. On n’est pas là pour faire la morale ou se comparer la kékette, mais pour progresser ensemble, avec lucidité, auto-dérision parfois, et ouverture d’esprit toujours. Ce blog vise à partager des réflexions et des tuyaux : ensuite, chacun se sert en fonction de ses besoins, son rythme, son mode de vie… »
Une vocation qui l’a poussée à rencontrer Serial Blogueuse pour discuter d’engagement et de blogging, unies par leur appétence pour les mots. Un article en résultera d’ailleurs, abordant la question de la légitimité du métier de blogueuse… car ui c’en est un !
Faire des épreuves de la vie l’une de de ses plus grandes forces
Féministe et hypersensible, elle découvre en 2015 qu’elle est atteinte de la maladie de Crohn. Âgée de 24 ans, elle devra subir une réduction d’intestin pour contrer une première poussée très agressive.
Si cette période a été particulièrement compliquée pour l’auteure, elle ne voudrait en aucun cas l’effacer.
» J’ai souffert évidemment. Mais cette expérience m’a permis de mieux me connaître, d’expérimenter ma force de caractère, et de prendre confiance dans ma capacité à rebondir quelles que soient les épreuves ! »
2020 : publication de son premier livre
Ce goût pour l’écriture étant inépuisable, Anaelle Sorignet se lance dans la rédaction de son premier ouvrage : On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou.
Dans une période de remise en question et de doute sur ce qu’elle a accompli et entrepris jusqu’ici sur le plan écologique, elle décide de se lancer dans la rédaction. À la fois pour se libérer elle-même, mais également pour éclairer ceux qui, comme elle, ont perdu le chemin sur lequel ils s’étaient engagés jusqu’ici.
Tout en gardant l’honnêteté et l’humour qui définit déjà les articles de son blog, elle nous propose ce premier ouvrage à la vente depuis le 13 octobre 2020. Un premier livre, qui lui ressemble et dans lequel elle se confie sans filtre, et qui a été particulièrement bien reçu par le public.
Pour vous le procurer, vous avez la possibilité de vous rendre sur :
- la Fnac, en format papier au prix de 14,90€,
- Place des libraires, également en format papier et au même prix,
- toujours sur le site Place des libraires, mais cette fois-ci en format e-book et au prix de 10,99€,
- dans la boutique de Serial Blogueuse !
Le petit avis de la lectrice
Il ne m’a fallu qu’une journée pour terminer ce premier livre d’Anaelle Sorignet.
La lecture est fluide et les petites touches d’humour la rendent vraiment agréable.
N’étant pas activement engagée dans la cause écologique (my bad), j’ai eu plus de difficulté avec la première partie, pour laquelle, je pense, il me manquait quelques connaissances sur le sujet. Cependant, cela ne m’a pas empêché d’apprécier le reste du livre comme il le mérite.
Les conseils d’Anaelle sur notre façon de nous traiter nous-mêmes et sur la gestion de nos émotions ont résonné en moi au même titre que n’importe quel·le lecteur·trice engagé depuis longtemps.
De ce fait, je pense que On ne sauvera le monde avec des pailles en bambou peut-être destiné aussi bien aux personnes expérimentées dans le milieu qu’aux débutants, même si cette première partie peu paraître plus floue pour eux.
Je vous le conseille donc vivement, surtout pour celles et ceux qui sont lassés des livres lambdas, remplis de discours « pontichiants » qui dictent comment devenir l’écolo modèle !
Le mariage parfait de l’écologie et du développement personnel condensé en 188 pages ! Alors foncez !
Un article à la rédaction sans faille dont l’introduction lucide et terrifiante dresse le bilan d’une catastrophe annoncée. Il y a ceux qui espèrent encore et les pessimistes dont je partage les convictions sombres et résignées et je ne peux me départir de cette prédiction terrible du physicien Stephen Hawking avant sa mort, qui parlait d’un combat perdu sur la sauvegarde de la biodiversité et de notre propre avenir.
Cependant le livre d’Anaelle Sorignet ressemble a une bouée de secours pour les désespérés et je ne peux que louer ses efforts littéraires et son engagement pour donner des solutions aux gens pris dans un monde inquiétant, anxiogène et qui sont à la recherche d’espoir et de réconfort.
Le capitalisme est pour Anaelle une des causes majeures de cette décadence, une analyse comme un coup de griffe dans une société de surconsommation dans laquelle, hélas, l’homme n’est pas prêt à renoncer .
On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, un livre à lire pour retrouver du bien être en soi …certainement.
Merci pour ce commentaire très constructif Eric ! Tu as parfaitement compris la démarche d’Anaelle et les problématiques qu’elle soulève sur notre société actuelle…