Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Tel pourrait être l’adage du dernier film d’Adam McKey qui cartonne actuellement sur Netflix : DON’T LOOK UP.
Outre le fait que le réalisateur s’offre un casting 6 étoiles avec Di Caprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Jonah Hill, Kate Blanchett et Timothée Chalamet, il se paye sous son regard acerbe notre société dite « moderne » et ses aberrations médiatiques.
Une belle mise en abyme pour une nouvelle tasse de thé culturelle bien corsée que Jugeote a, sans déni, grandement appréciée.
Don’t look up & keep calm, la fin du monde attendra…
Adam McKey avait déjà sévi avec le très bon VICE qui passait à rebrousse-poil les magouilles des arcanes de la présidence de George Bush Junior, totalement téléguidée par Dick Cheney (Interprétation magistrale de Christian Bale).
En cette fin 2021, le réalisateur nous propose un pamphlet post-Trump aux couleurs du populisme bêta. Di Caprio et Jennifer Lawrence incarnant respectivement un chercheur et une thésarde en astronomie qui découvrent qu’un gigantesque astéroïde se dirige tout droit sur la belle bleue.
Or compte tenue de sa taille gargantuesque, l’humanité et toute autre forme de vie, sont irrémédiablement condamnées.
L’affaire est gravissime, et il est de leur devoir d’en informer les plus hautes autorités du pays et de prendre les mesures qui s’imposent afin de trouver les meilleures solutions.
Ici la plus haute autorité est incarnée par la présidente Janie Orlean (Meryl Streep) totalement lunaire, conseillée par son fils (Jonah Hill) tout aussi à côté de la plaque.
Mais attention, il ne s’agit pas de pieds nickelés à la tête de la plus grande puissance du monde, mais d’un duo surtout préoccupé par le poste qu’ils occupent, empêtrés dans un scandale « sexo-politique » pathétique.
Alors vous comprendrez que le sort de toute l’humanité peut attendre. Il faut d’abord gérer l’opinion publique !
Quand la science parle personne n’écoute
C’est là que Adam McKey met le doigt où ça fait mal, à savoir dans le fondement du problème que représente la prégnance de la communication plutôt que du bien commun.
Et ici le bien commun se résume « juste » à sauver l’humanité.
Outre les échos écologiques que lance le film, le réalisateur met l’accent sur notre société totalement lobotomisée par la quête absurde et égotique des réseaux sociaux.
Ce n’est plus « Je pense donc je suis », mais « Plus j’ai de followers, mieux je suis ».
C’est simple, quand la science parle plus personne n’écoute !
C’est exactement ce qu’il se passe lorsque Di Caprio et Lawrence tentent d’intervenir à la télévision. Ils participent à un talk-show dirigé par une Kate Blachett méconnaissable au sourire carnassier « ultra bright ».
Mais que retient le public après leur mise en garde ? Et bien que le professeur est plutôt cool et que son étudiante n’est qu’une hystérique dépressive.
Je rappelle qu’ils étaient venus pour annoncer la fin du monde dans les 6 mois…
A partir de là, le déchaînement médiatique commence. C’est le florilège des youtubeurs et youtubeuses de toutes obédiences qui déversent leur ignorance, leur bêtise crasse sur la coolitude du prof, la névrose de la thésarde. Tout y passe, les gifs, les mèmes, les vidéos Tik-Tok…
S’additionnent ensuite les complotistes qui ont pignon sur rue grâce à leur émission de télé qui ne sont que des monologues permanents pour marteler leurs théories boueuses. Ça vous rappelle quelque chose ?
Vivre l’apocalypse, mais en classe « First »
Et bien malgré tout, des solutions sont proposées. Mais c’était sans compter la présence d’un néo milliardaire de la high tech qui ne supporte pas la contrariété. Un Steve Job new-age interprété par l’excellent Mark Rylance.
Tout va bien braves gens, vous pouvez continuer à vous « youtuber» tranquilles, on gère la fin du monde grâce à nos nouvelles applications !
La certitude de l’ultra riche qui murmure à l’oreille de la Présidente Janie Orlean va sauver le monde. Inutile de paniquer, tout est sous contrôle, et surtout, surtout, n’oublier pas de voter pour elle ! Ce n’est pas un astronome mal fagoté et une thésarde dépressive qui vont vous apporter le bonheur !
Toute ressemblance est…
DON’T LOOK UP se farde ainsi d’un humour à la fois cynique et désenchanté sur une réalité du monde contemporain qui devrait nous inquiéter d’avantage.
Le film résonne d’autant plus qu’il tombe à point nommé dans cette période embourbée par la pandémie du COVID où quand la médecine parle, que les chercheurs proposent des solutions rationnelles, les plus entendus sont les charlatans au nom « de la liberté ».
Et on a plus peur du remède que de la maladie. Tout est complot, manipulation, dictature de la pensée. Mais la pensée rationnelle argumentée, le sens du discernement, que deviennent-ils ?
Le nouveau film d’Adam McKey constituerait un très bon diptyque sur la bêtise politique et donc humaine avec IDIOCRACY, cette autre comédie satirique sortie en 2006, qui à l’époque paraissait totalement improbable.
Mais depuis Trump est devenu Président…
Photos : Copyright NIKO TAVERNISE/NETFLIX
Déni cosmique : à défaut d’être onirique une comédie bien acide
Une très belle chronique cinématographique qui résume parfaitement cette satire loufoque et jubilatoire, je ne peux qu’adhérer pour l’essentiel dans l’analyse de ce film de Frédéric Bruguet cependant la référence au trumpisme si elle est justifiée n’en ai pas moins un peu réductrice.
En effet force est de constater que face aux catastrophes présentes et a venir qu’elles soient climatiques ou cosmologiques, les grandes puissances semblent atteintes de cécité au nom du capitalisme triomphant et d’une société rechignant a sortir de son conformisme mortifère.
Ma tasse de thé :
Il y a 65 millions d’années un géocroiseur s’écrasa au Mexique et plus précisément dans le Yucatán entrainant le cinquième extinction de masse et la disparition des dinosaures ( mise à part les oiseaux leurs héritiers) le temps des Mammifère était venu.