Any Day Now, l’histoire touchante d’une famille iranienne entre insouciance, drame et dignité

par | 9 Déc 2021 | À la Une, Tasse de thé culturelle | 2 commentaires

Le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux a récemment récompensé du prix de la Meilleure Musique Originale le film finlandais Any Day Now. Cet événement a lieu tous les ans au mois d’octobre et permet de mettre en lumière le cinéma indépendant. C’est un peu, si l’on veut, le « Sundance bordelais ».

Mais revenons au film, ce prix est bien sûr mérité, mais les qualités de ce long métrage qui en font une nouvelle tasse de thé culturelle de Jugeote, vont bien au-delà de sa BO. Alors de quoi s’agit-il précisément ?

Any Day Now, une poignante réflexion sur l’émigration

Any Day Now raconte l’histoire d’une famille iranienne qui demande l’asile en Finlande. En attendant la réponse des autorités, il vivent dans un centre de rétention pour migrants.

Affiche du film Any Day Now

Malgré les difficultés, la promiscuité, les parents s’efforcent de faire en sorte que le quotidien de leurs deux enfants soit le plus « normal » possible. On ressent à chaque seconde tout l’amour qui unit chaque membre de la famille, ce qui en fait un film profondément humaniste et beau…

Le jeune Ramin, 13 ans, l’aîné de la fratrie que l’on suit particulièrement, parvient, en dépit du contexte compliqué autour de ses proches, à vivre sa vie d’enfant, avec son meilleur ami Jigi (Vilho Rönkkönen), pas encore atteint par les préjugés que les adultes peuvent développer quelques années plus tard sur les étrangers, malheureusement…

On sent le couperet de l’expulsion… d’un jour à l’autre (traduction du titre du film) menaçant en permanence la famille. Ce qui rend les scènes de jeux et de complicité entre eux d’autant plus précieuses. On pense en particulier à ce moment au cours duquel ils s’amusent à éteindre les lampadaires en donnant des coups de pied dedans, un défi rigolo entre potes qui donne vraiment le sentiment que leur amitié est forte et solide.

 

Bribes d’échanges avec le réalisateur Hamy Ramezan et le scénariste Antti Rautava

 

Hamy Ramezan & Antti Rautava

Hamy Ramezan (debout) & Antti Rautava – ©Gabriel Renault.

Le réalisateur finno-irannien Hamy Ramezan a confié d’ailleurs lors de la rencontre d’après séance au FIFIB qu’il aimerait que son fils ait un tel ami. Car il faut préciser que ce projet (son premier film) s’inspire de sa propre vie :

En 1990, sa famille est contrainte de partir pour l’Europe, et la Finlande, pour fuir la guerre Iran-Irak. Il n’a que sept ans.

Trois décennies plus tard, il fait rayonner le cinéma de son pays d’adoption avec ce long métrage poignant, mais pas du tout larmoyant.

En effet, la grande force du film, c’est son ton, très chaleureux, très réconfortant !

« Le ton est le mot clé pour ce travail, explique le scénariste Antti Rautava, également présent à l’après séance. C’était mon accès vers cette histoire et ce monde. Ramy m’a raconté des anecdotes, des souvenirs de son enfance.

Je n’ai jamais ressenti l’écriture comme un challenge, c’était plus une invitation. Je me suis senti comme à la maison, dans un environnement excitant ».

On le ressent effectivement. Le film évite ainsi l’écueil de la simple dénonciation, pour développer l’attachement aux personnages et surtout à cette famille merveilleuse.

Qui dit famille, dit enfants. Les deux jeunes acteurs qui les incarnent sont très justes, en particulier Aran-Sina Keshvari qui prête ses traits à Ramin.

 

Était-ce difficile de tourner avec des enfants ?

« Un cauchemar [rires] ! répond le réalisateur. Je n’aime plus les enfants depuis que j’ai découvert leur vraie nature [rires] ! C’était bien mais difficile car on doit s’adapter aux enfants, on n’a pas beaucoup de temps pour tourner ».

Le réalisateur raconte enfin une anecdote étonnante à propos du casting du jeune comédien principal :

« Il n’était pas facile à trouver, on a parlé du film autour de nous, on n’avait pas beaucoup d’enfants qui venaient…

Notre boîte de production a eu l’idée incroyable de faire une collaboration avec La Poste : on leur a demandé d’envoyer une information sur ce casting à toutes les personnes qui avaient cochées farsi ou perse comme langues maternelles.

On a reçu plus d’une centaine de candidatures, c’est comme ça qu’on l’a trouvé. C’était pas facile de savoir s’il serait bon ainsi que vous le voyez dans le film, parce qu’il rendait les choses tellement simples. Il y eu donc plusieurs étapes avant son casting final ».

Cette histoire de casting hors du commun est à l’image du film : surprenant et attachant !

Image d’en-tête (© Urban Distribution)

Le site de Jérôme : https://pelliculebordelaise.fr/

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2 Commentaires

  1. Simon Eric

    Une brève simple, juste et attachante de Jérôme Mabon qui donne envie de voir l’odyssée de cette famille Iranienne perdue sur les chemins de l’incertitude du lendemain. L’émigration sujet de plus en plus présent dans nos sociétés, engendrant tant d’incompréhension, charriant tant de misère, il est bon parfois que cela soit abordé avec poésie et humanisme comme un baume au coeur et le message en ait que plus puissant.

    Any day Now ainsi en est pour pour tous ceux qui fuient le malheur en espérant le bonheur que met en exergue Hamy Ramezan. Un film a voir sans aucun doute.

    Merci à Jérôme Mabon,

    Réponse
    • Isabelle Camus

      Éric, je t’invite à découvrir le site de Jérôme avec qui tu partages une passion, non seulement pour le cinéma mais aussi pour l’Histoire !

      Réponse

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