À trois semaines du premier tour des élections législatives, Catherine Cestari, élue écologique à la mairie de Bruges, lance sa campagne sur la première circonscription bordelaise (Caudéran, les Chartrons, le Bouscat, le Grand Parc, les Aubiers, Bacalan et Bruges). Candidate peu connue du grand public, ces élections législatives sont une grande première pour la représentante de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Solidaire).
Lancement de campagne au Petit Parc pour Catherine Cestari
Entourée des militants écologiques ou encore de la France insoumise attablés sur la terrasse du petit parc, Catherine Cestari lance, enfin, sa campagne législative !
Et ce n’est pas sans raison que la femme de 57 ans a choisi ce nouveau lieu de vie du grand parc. En effet, ce café-cantine solidaire, que nous vous présentions il y a peu, était une évidence pour réunir les siens :
“C’est un lieu très important et symbolique qui représente ma campagne !”
Pour autant, cette conférence de presse “informelle” de l’élue écologiste de Bruges a failli ne pas voir le jour. Au départ, Catherine Cestari n’était pas la candidate investie par EELV pour représenter la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Solidaire.
En effet, le candidat Francis Feytout, conseiller municipal bordelais (EELV) chargé de la condition animale, a cédé sa place au profit de Catherine Cestari. La raison ? le respect de la parité hommes-femmes oblige.
Ainsi pour faire face au trop grand nombre de candidats dans les rangs de EELV, Catherine Cestari connait pour la première fois les élections législatives.
Toutefois, même si elle n’est pas connue du grand public, ce n’est pas la première fois que Catherine Cestari s’engage en politique. En effet, depuis son adhésion en 2010 à EELV (anciennement “Les verts”), elle est élue adjointe à la mairie de Bruges.
C’est d’abord en tant qu’adjointe à la culture qu’elle fait ses armes en politique et découvre l’importance de la démocratie locale :
“Pour moi, l’échelon municipal est essentiel. La démocratie commence ici.”
Et ensuite, contrainte par son activité professionnelle, elle devient dans un second temps conseillère municipale déléguée aux mobilités, puis aux villes vertueuses, et aujourd’hui aux jumelages internationaux.
Toutefois, cet engagement écologiste ne s’arrête pas seulement à sa carrière politique. En effet, Catherine Cestari est attachée commerciale dans une entreprise de transports décarbonés. L’écologie était donc avant tout un engagement personnel et professionnel, devenu politique :
“ Je considère que je suis en phase avec moi-même !”.
La candidate de la NUPES a cependant pris un congé sabbatique pour “ne pas mélanger les deux”, dit-elle.
Dans cette aventure qui mène à la députation, Catherine Cestari ne fait pas chemin seule. Elle est accompagnée par sa suppléante Muriel Zago. Cette autre militante écologiste est cadre de santé depuis 33 ans.
Après plus de deux ans de crises sanitaires, celle qui travaille depuis 20 ans au CHU de Bordeaux dans le secteur bloc opératoire dénonce notamment le “démantèlement” du secteur de la santé.
Pour Muriel Zago, en parallèle de ses engagements personnels auprès de quelques associations bordelaises, ces élections législatives sont une grande première :
“Je me suis toujours engagée pour les personnes précaires, mais je considérais que ça ne suffisait plus de le faire dans mon coin !”
La première circonscription, un choix naturel pour Catherine Cestari
La première circonscription est un espace hétérogène. Entre quartiers aisés tel que Caudéran, Chartrons ou le Bouscat, et d’autres davantage populaires comme le Grand Parc, les Aubiers ou Bacalan, l’enjeu est de taille :
“ Il y a de grandes différences entre les quartiers. D’un point de vue sociologique c’est très intéressant.”
Au vu de sa diversité de besoins et de moyens, cette circonscription est l’une des plus dures à gagner.
Mais pour Catherine Cestari, le choix ne s’imposait quasiment pas, c’était une évidence ! En effet, élue depuis plus de 10 ans, elle connait très bien les disparités de cette circonscription :
“ L’essentiel pour une députée, c’est de bien connaitre sa circonscription, voire même d’y vivre ! Et c’est mon cas.”
A ce sujet, elle ne manque pas de faire une petite pique à certains de ses concurrents. Et si elles ne les nomment pas, Thomas Cazenave, conseiller municipal (LREM) d’opposition à la mairie de Bordeaux, semble en être le principal destinataire :
“ J’habite à Bruges depuis 22 ans, j’ai l’habitude de sillonner la ville à vélo, je connais donc le territoire. Ici, on n’accepte pas le parachutage ! ”
A la reconquête d’un territoire de gauche !
La particularité de cette campagne c’est que Catherine Cestari et Muriel Zago sont confrontées essentiellement à des hommes sur cette circonscription.
Effectivement, face à elles, Thomas Cazenave est candidat pour LREM. Ex-candidat à la mairie de Bordeaux en 2020 (12,69% lors du premier tour avec sa liste Renouveau Bordeaux), qui entend succéder à Dominique David, députée sortante LREM qui n’a pas été reconduite.
Du côté des Républicains, Nicolas Florian a refusé l’investiture au profit de Pierre de Gaëtan Njikam. Ce dernier avait été notamment maire de quartier du secteur avec l’équipe menée par Alain Juppé.
Au Rassemblement National, on a décidé de faire confiance aux militants en la présence de Bruno Paluteau qui tente pour la première fois de briguer un mandat.
Malgré la débâcle des élections présidentielles, Éric Zemmour entend bien être présent sur l’ensemble des circonscriptions, à commencer par la première. C’est Jean-Louis Grattepanche, ancien colonel à la retraite, ex-LR et candidat déjà en 2017 sur la 3ème circonscription qui a été investi.
Enfin, Fanny Quandalle pour lutte ouvrière et Esther Dufaure pour le parti animaliste entendent également être de la partie !
La concurrence est au rendez-vous et d’autant plus au vu du particularisme historique de cette circonscription.
En effet, sous la 5ème république, tous les candidats élus étaient de droite. Seule Sandrine Doucet avait réussi à créer une brèche en 2012 lors de ce qu’on appelait la “vague rose”. Cependant, les deux femmes comptent bien récupérer ce fief accaparé par la droite !
À ce propos, les multiples militants et soutiens sur place ont fait preuve d’optimisme à l’image notamment de Francis Feytout, l’ancien candidat qui ne manque pas de rappeler l’origine socialiste de cette circonscription :
“ Nous allons reprendre la circonscription de Blanqui ! “
Ici, l’élu issu de la majorité écologiste fait référence à Auguste Blanqui révolutionnaire socialiste du 19ème siècle. Surnommé l’Enfermé, pour avoir passé une grande partie de sa vie en prison pour ses actions révolutionnaires, il fut notamment l’une des figures de la commune de Paris.
Pour Francis Feytout, Blanqui est un personnage fondateur pour la NUPES qui met parfaitement en exergue les valeurs de leur Union.
“Si tous les partisans de gauche votent, on gagne !”
Mais pour arriver à créer “l’exploit” face à des favoris comme Thomas Cazenave et un public détaché de la politique, Catherine Cestari et ses soutiens croient dur comme fer à l’Union de la gauche :
“Si tous les partisans de gauche votent, on gagne ! Il faut vraiment croire à la puissance que peut avoir un bulletin de vote.”
L’élue qui veut tout faire pour avoir la majorité à l’Assemblée nationale s’adresse principalement aux jeunes électeurs qui seront la clef de son élection. En effet, la cible de sa campagne sera les quartiers pour qui la NUPES a le plus d’importance et dans lesquels Jean-Luc Mélanchon et la gauche plus généralement était majoritaire :
“On croit à l’Union de la gauche. On a 630 points de convergence en commun. Les gens nous attendent”.
Et lorsqu’on interroge la candidate sur son éventuelle première proposition, un sourire s’esquisse au coin de sa bouche :
“ Je pense que je ferai tout pour développer les ressourceries. Ce sont des supermarchés gratuits, qui fonctionne sur une forme participative… cela permet de venir en aide aux plus démunis tout en sensibilisant à l’environnement.”
On retrouve un peu l’idée du petit parc où la candidate s’est réunie aujourd’hui avec ses soutiens. La boucle est en quelque sorte bouclée.
Sur les douze députés sortant en gironde, dix sont élus sous l’étiquette LREM, ainsi qu’un socialiste et un insoumis. En somme, le créneau sera serré pour Catherine Cestari. Rendez-vous le dimanche 12 juin 2022.
https://www.bordeaux.fr/
Une synthèse politique à l’écriture facile d’autant plus qu’elle talentueuse et un bel hommage à Francis Feytout dont la décision de se retirer en faveur de Catherine Cestari correspond à ses convictions politiques et à la générosité qui émane de sa personne pour les causes qu’il défend.
Catherine Cestari a les armes pour imposer l’union de la gauche dans sa circonscription, une union de la gauche qui fit débat avec Francis, cette union relève du pragmatisme et doit mettre sous le boisseau les divergences de tout à chacun. Si les aspirations politiques de Louis se laissent deviner dans cette chronique il y demeure pas moins une grande retenue vis à vis de l’opposition, une preuve de sagesse et de maturité ce qui me fait défaut parfois.
Vous connaissez le triste sort de ces prospectus politiques qui encombrent nos boittes aux lettres et finissent leurs courtes carrières dans nos poubelles et bien cet entrefilet ne connaitra pas le même destin et restera en ligne car c’est l’un des meilleurs prospectus que dis je ! l’un des meilleurs articles que j’ai lu sur des élections.
Très bonne analyse Eric !
Intéressant de voir comment Catherine Cestari, accompagné de l’ex candidat Francis Feytout, tentera de réunir la gauche sur une circonscription très hétérogène !
Comme souvent, l’enjeu de l’élection sera la participation des citoyens… en baisse ces dernières années !
Merci Louis pour ton article ! Avec Isabelle, j’ai été présente lors de plusieurs actions municipales et ça m’a beaucoup plu.
Ton article me motive même à m’inscrire à la liste électorale de ma nouvelle ville, Bordeaux !
Je souhaite à Catherine Cestari et Muriel Zago d’être satisfaites de leur campagne
En 2017, suite à l’élection surprise d’Emmanuel Macron, effectivement de nombreux députés LRM sont apparus.
Il ne semble pas y avoir la même dynamique cette année, même si la 1er circonscription est traditionnellement de droite.
La regrettée Sandrine Doucet avait réussi à la reprendre et si les alliances nationales de la NUPES permettaient de l’emporter…
Au niveau local, j’ai regretté qu’Olivier Escot pour le PCF ne soit pas retenu. Il a un fort ancrage à Bacalan avec le maire adjoint de Bordeaux Maritime, mais la circonscription est large.
Francis Feytout a eu l’élégance de laisser sa place au nom de la parité qui est une valeur forte chez EELV.
Souhaitons donc que les valeurs écologiques, de solidarité, de protection environnementale et humaine puissent réussir à ces deux candidates afin de proposer les lois nécessaires à une vie plus harmonieuse et paisible avec la nature, les humains et les animaux.
Il y a Bruges également dans la 1ere circonscription 🙂
Merci pour votre veille Mahaut ! C’est corrigé !