L’école du bout du monde, ou comment apprendre à vivre sa vie

par | 24 Mai 2022 | À la Une, Tasse de thé culturelle | 1 commentaire

Aller à l’école du bout du monde c’est apprendre à vivre sa vie. Le 1er long métrage de Pawo Choyning Dorji propose une fable philosophique, nominée à l’Oscar du meilleur film étranger, qui nous transporte dans un pays, le Bhoutan, qui je crois, a été rarement évoqué dans le cinéma.

Ce pays a institué comme priorité politique le Bonheur National Brut.

En ces temps où les débats autour de la croissance et de la décroissance bat son plein sur fond de questionnements écologiques, le film de Pawo Choyning Dorji offre une réflexion, une leçon tout simplement sur l’art de trouver son propre bonheur.

 

Quand l’école du bout du monde nous fait découvrir un pays

 

L'ecole du bout du monde

©L’école du bout du monde.

 

Tout d’abord, ce qui m’a attiré dans ce film c’est qu’il nous fait découvrir un pays sur lequel j’étais totalement ignorant, si ce n’est leur concept de BNB ou  Bonheur National Brut qui allait totalement à contre courant de toutes les idéologies néo-libérales qui ont pris le pas sur l’économie mondiale.

C’est donc un petit pays qui fait de la résistance dans une région d’Asie où l’expansion économique fait florès à l’ombre du géant chinois.

Mais à travers le personnage de ce jeune instituteur, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un pays, tout du moins dans la capitale, coupé du modernisme du XXIème siècle. Le jeune homme vivant chez sa grand-mère est un fonctionnaire encore sous contrat pour un an avec l’État pour exercer son obligation d’enseignement.

Or, lui a d’autres aspirations. Il rêve de quitter le pays, de s’exiler en Australie pour exercer sa passion, de chanter. Au milieu de ses amis installés dans un bar diffusant du rock bhoutanais semble-t-il, les premiers clichés tombent sur ce pays. Chacun a ses propres envies comme n’importe quel occidentaux, le nez parfois rivés sur son téléphone portable.

Notre instituteur, lui, patiente pour récupérer le visa qui sera le sésame vers l’Australie. Mais ses obligations administratives l’obligeront à partir au confins du Bhoutan, au cœurs des montagnes himalayennes, à 3000 m d’altitude. 

 

Candide au pays des Bouddhistes

 

L'ecole du bout du monde

©L’école du bout du monde.

 

Le film nous présente son personnage comme n’importe quel citadin occidental affublé de son équipement moderne, parka Northface, iPod Apple, casque audio rivé sur ses oreilles et téléphone portable. Il traverse le pays dans un petit bus pour s’enfoncer petit à petit dans les hauteurs du pays.

À chaque étape le réalisateur a fait le choix de préciser en incrustation l’altitude et le point géographique où se trouve le protagoniste. Ces précisions, je pense, chapitre d’une certaine manière le parcours initiatique du personnage, et institue une métaphore sur l’ascension spirituelle de l’instituteur.

 

Le jeune homme sera pris en main pour parcourir les derniers kilomètres par deux habitants très dévoués du village. C’est là que l’apprentissage commence vraiment. Les trois hommes accompagnés de 3 ânes devront grimper sur les petits chemins pour atteindre ce bout du monde.

La première leçon sera donc dans l’acceptation de l’inconfort, de l’effort physique et aussi dans la politesse de ces 2 habitants et leur capacité à rester courtois face aux énervements du jeune instituteur qui ne s’attendait pas à ces premières difficultés.

 

L’immensité pour trouver la paix intérieure

 

L'ecole du bout du monde

©L’école du bout du monde.

 

Arrivé au village, notre instituteur découvrira au milieu de l’immensité des montagnes une infinie tendresse incarnée par les petits élèves de sa classe de primaire.

Dépourvu de tout ou presque, l’instituteur va trouver une richesse humaine qu’il ne pouvait soupçonner dans un tel dépouillement. Teinté d’un peu d’humour, le réalisateur nourrit son film d’un humanisme vibrant au travers du regard de Pen Zem, une petite fille incarnant la déléguée de classe. Par petites touches, on assiste à la mutation spirituelle de l’instituteur qui progressivement va s’impliquer pour le bien-être de ses petits élèves.

Il y fera aussi la rencontre d’une jeune femme qui régulièrement part à flanc de colline pour chanter, lui rappelant sa propre passion du chant.

Le film dure 1h49, mais la poésie et la douceur de la mise en scène nous embarquent sans que l’on se rende compte du temps qui passe.

Je crois que toute la force du film est là, dans sa capacité à suspendre le temps et poser la question essentielle :

Qu’est-ce qui, dans nos parcours de vie, nous rend chacun heureux ? En quoi trouvons-nous le bonheur ?

Il ne pose pas le postulat du bonheur dans une théorie généraliste, simplement, et j’y adhère, il nous rappelle tout simplement que lorsque l’on doit choisir, la première question à se poser est : Est-ce que ce choix va nous rendre heureux, ou ne sera-t-il qu’une illusion de bonheur ?

L’Ecole du bout du monde est donc un voyage intérieur salvateur dans l’immensité des paysages du Bhoutan. On sort de la séance comme une véritable séance de méditation. Apaisé et heureux, c’est bien là l’essentiel.

 

L'ecole du bout du monde.

©L’école du bout du monde.

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1 Commentaire

  1. Eric Simon

    Une chronique merveilleuse qui donne envie d’ouvrir un livre ou de se rendre sur Wikipédia pour connaitre ce pays le très mystérieux Bhoutan. La plume de Frédéric Bruguet excelle a donner de la passion, de la vie, de la curiosité a toutes ses chroniques cinématographiques.

    Sa poésie a atteint son but celui de mon coeur et une envie de découvrir ce film au allure de conte. Nous accompagnons tout au long de cette lecture l’odyssée de ce jeune instituteur, son chemin initiatique à travers ce petit royaume qu’est le Bhoutan et de sa politique humaniste le Bonheur National Brut.

    Bravo encore à Frédéric Bruguet pour ce beau voyage

    Réponse

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