Réponse à un regard réducteur
Lundi 30 juin 2025, avec mon carnet, mon stylo et mon éventail (l’arme fatale quand il fait 40 degrés) j’ai assisté à une rencontre organisée par le service de l’urbanisme de la Ville de La Réole et la Communauté de Communes du Réolais en Sud-Gironde. Objectif : faire découvrir les atouts de notre cité à des investisseurs, entrepreneurs, artisans, notaires, banques, ainsi qu’à des habitants venus témoigner de leur installation réussie.
Une belle initiative… mais pour le moins réductivement relayée.
L’article de Sud Ouest publié pour en rendre compte livre une version cynique de cette journée. Moquant les efforts des élus devenus « VRP », insistant sur la précarité visible dans l’espace public, et résumant la stratégie municipale à une tentative de « faire venir des bobos ».
Ce qui est non seulement injuste, mais surtout profondément ignorant de la réalité locale.
Démonstration.
La Réole : une ville en pleine transformation
Depuis plus de dix ans, La Réole se redessine à force de travail, d’initiatives publiques et privées, et d’une volonté farouche de faire vivre une ville millénaire, labellisée Ville d’Art et d’Histoire, sans la transformer en musée, concentré de locations airbnb ou supermarché touristique.
Aujourd’hui, elle dispose :
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de tous les services publics : crèche, écoles, collège, lycée, cinéma, piscine, gymnase, médiathèque, Maison de Santé Rurale, Centre de Formation Agricole, ADMR (structure d’aide et de maintien à domicile), Maison des Services aux publics…
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de plus de 100 associations qui animent une vie locale richissime,
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d’un centre-ville réaménagé, avec 5 millions d’euros investis dans les espaces publics,
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et de dispositifs d’aides uniques en Gironde pour rénover l’habitat ancien, ouvrir un commerce ou lancer une activité.
Le dispositif France Ruralités Revitalisation (FRR) défendu bec et ongles par Matthias Robine, maire de Saint-Martin-de-Sescas auprès du ministère permet par exemple des exonérations fiscales et sociales pour les professionnels, artisans, commerçants et professions libérales qui s’installent en zone rurale.
Lors du précédent programme OPAH-RU, chaque logement rénové a bénéficié en moyenne de 25 000 € d’aide.
Une dynamique collective réelle
Émaillant cette rencontre, des témoignages concrets ont été partagés. Des habitants ont expliqué pourquoi ils ont choisi de vivre, investir, créer ici, plutôt qu’à Bordeaux ou ailleurs. Certains ont rénové une maison, des immeubles, d’autres ont ouvert une activité, d’autres encore cherchent à se projeter pour leur retraite.
“Au début, on pensait investir ailleurs… Mais avec le label Ville d’Art et d’Histoire et toutes les aides disponibles, La Réole s’est révélée comme un choix plus intéressant, et plus humain.”
La Réole n’a pas besoin de storytelling. Elle a des preuves.
Une ville qui prépare demain
Les transformations de La Réole ne relèvent pas du hasard : elles s’inscrivent dans une stratégie de développement à long terme, déjà visible sur le terrain et portée par des projets concrets.
Parmi les aménagements récents et à venir, citons le renouveau des quais de Garonne, d’une annexe abandonnée de la gare et d’une ancienne boite de nuit, avec un appel à projets pour valoriser ces espaces stratégique, ou encore la Manufacture, destinée à devenir des logements et des espaces de co-working pour des entreprises.
La connexion entre ville haute et ville basse est elle aussi repensée pour abolir les « frontières » et les barrières afin de mélanger les populations, comme y parvient magnifiquement, place de la Libération, le Petit marché du mercredi, organisé par l’association Les Amis de la Réole.
Côté mobilités, la fréquence des trains entre La Réole et Bordeaux, passée de 11 à 16 allers-retours par jour (et de 35 mn à 45 mn), vise désormais les 21 rotations quotidiennes, renforçant l’attractivité résidentielle et professionnelle de la ville. Et à partir de septembre, une navette gratuite reliera toute la périphérie, dont le quartier de Calonge, au centre-ville toutes les 30 minutes de 6h30 à 19h30, samedi inclus — un vrai service public de proximité.
Sur le plan du logement, la municipalité mène une chasse active aux marchands de sommeil pour lutter contre l’habitat indigne, tout en encourageant l’offre nouvelle :
- 30 logements sont prévus rue Lamare, dont 12 destinés aux jeunes, une rareté bienvenue
- L’ancienne gendarmerie rachetée par le Groupe François 1er spécialisé dans la reconversion de bâtiments inscrits, devrait accueillir 26 logements en 2028 avec des espaces communs
- Le Diocèse, propriétaire du bâtiment privé de 3 corps d’immeubles dont un du XVIIIème siècle qui abrite le centre paroissial, rue Armand Caduc, projette de faire des logements, un lieu pour les associations et les collectivités, un théâtre à l’italienne et d’ouvrir son parc au public en journée
- Une nouvelle vie pour l’hôtel Peysseguin (XVème siècle) avec un projet d’hôtel et de restaurant
- Sans oublier des dispositifs innovants comme le droit de végétaliser sa façade et son trottoire, qui participe à la transition écologique et au plaisir des yeux à l’échelle locale
Bref, ici, chaque projet est une pierre posée pour l’avenir, dans une ville qui se relève sans renier son identité.
Une image à réparer
Alors non, La Réole n’est pas un décor pour bobos en quête d’authenticité.
Oui, elle connaît des difficultés, une précarité réelle, un passé de ville délaissée. Mais ce serait une erreur de ne retenir que cela.
Ce qui se passe ici, c’est un renversement de dynamique, une reprise en main locale, portée par des élus, des associations, des habitants. Ce n’est pas une opération cosmétique, c’est une volonté de redonner sens et avenir à un territoire qui m’a donné envie de m’y installer et qui est devenu mon plan A.
Changer d’air, pas de département
Alors que tant de petites villes déclinent en silence, La Réole expérimente, accueille, agit. Il y a ici une matière à raconter, au-delà des clichés et des jugements faciles.
Et si les journalistes prenaient le temps de creuser, vraiment, ils verraient que La Réole ne cherche pas à ressembler à Bordeaux. Elle cherche juste à être à la hauteur de son potentiel.
La Réole n’est pas parfaite, elle est en mouvement. Et ça, c’est déjà énorme.
Signé une baba, bobo, boomer qui se moque des étiquettes depuis belle lurette et qui vous invite à lire la réponse du maire, Bruno Marty, dont je relaie le texte ici :
Des élus ont osé… oui, OSÉ… promouvoir leur ville sans s’excuser. Pire encore, ils ont organisé une visite guidée ! Pour des investisseurs ! Des familles ! Des gens qui ont des projets ! Le choc.
Lundi 30 juin, Bruno Marty, maire de La Réole, et ses adjoints se sont mués en guides touristiques d’un nouveau genre : ceux qui, au lieu de pleurer l’abandon des centres-villes, préfèrent les repeupler. Quelle idée saugrenue.
Sous prétexte de « cadre de vie » et de « développement durable » (ces mots fourre-tout de nos temps modernes), ils ont entraîné une trentaine de curieux dans les rues réhabilitées, vantant la transformation d’un vieux parking en place conviviale — avec un bar à vin en prime. Tout ça pendant qu’un Réolais en caleçon, clope au bec, offrait une performance d’art contemporain à sa fenêtre. Du grand spectacle vivant.
« Ils veulent faire venir des bobos »
Ah ! Le mot est lâché. Le B-Mot. Le mot qui déclenche toutes les alertes rouges chez ceux pour qui vivre dans une ville agréable, végétalisée, dynamique, avec du vin et de la vie, c’est forcément suspect. Car derrière tout ça, vous comprenez, se cache un complot… un complot de gens qui veulent des lieux vivants, où l’on se parle, où les enfants jouent dehors, où le bar du coin ne ferme pas à 18h.
Mais attention : à La Réole, les bobos ne sont pas ces caricatures en trottinette électrique et quinoa bio. Ici, ce sont des familles, des jeunes retraités, des artisans, des commerçants, des entrepreneurs, qui ont juste envie d’un cadre humain et accueillant. Oui, de l’humain. Et même – n’en déplaise – du partage.
L’opération « Changez d’air » ? Non, changez de regard.
En vérité, ce qui gêne, ce n’est pas que La Réole se bouge. C’est qu’elle réussisse. Des rues piétonnes qui reprennent vie ? Des espaces verts ? Une ville qui n’attend pas la baguette magique de l’État pour se transformer mais qui agit avec 5 millions d’euros d’investissements ? Quelle audace. C’est presque comme si on y croyait encore, au service public local.
Et puis ce slogan : « Changez d’air… pas de département ! »… Certains ricanent. D’autres voient surtout une main tendue. Car changer d’air, ce n’est pas fuir. C’est respirer. C’est s’ancrer. C’est vivre dans une ville à taille humaine où chacun a sa place. Même en caleçon à la fenêtre.
Alors oui, venez à La Réole
Venez avec vos enfants, vos idées, votre envie de monter un café, une librairie, un atelier de céramique, ou simplement de boire un verre sans prendre la rocade. Venez avec vos rêves modestes ou ambitieux. Ici, on ne fait pas la chasse à l’altérité. On la cultive. Comme les plantes dans les nouveaux espaces partagés.
Et pour ceux qui craignent qu’un peu de renouveau leur fasse perdre leur âme, qu’ils se rassurent : La Réole est bien vivante. Et elle a envie de le rester.
Merci Isabelle pour cet article réparateur de l’injuste article du journal Sud ouest. Ouf ! Je reconnais mieux ici notre ville et son dynamisme tant patrimonial que social où le vivre ensemble est un marqueur fort de l’engagement municipal comme associatif.
Yes Solange ! La Réole le vaut bien ! Et elle n’a pas fini de le prouver ! Ni moi de le relayer ! 😉
Tout à fait d’accord
Bravo Isabelle et merci pour La Réole et tous ceux qui s’activent pour l’animer et la faire vivre et vibrer
Merci Marc Et vive l’orgue !!!