Pierre-Nicolas Marqués m’avait contactée fin 2022 pour me parler d’un livre qu’il était en train de rédiger et dont le sujet était sa traversée des Pyrénées à vélo en mai 2021 afin de lever des fonds pour la Fondation Recherche Alzheimer. Un récit, comme il me l’avait expliqué, « où devait s’entremêler poésie, déclaration d’amour à cette nature qui nous entoure, dépassement de soi, mais aussi ode au Tour de France et aux héros de juillet » qui m’avait donné envie de faire un premier article sur ce bordelais passionné de 28 ans et ses souvenirs d’enfant, en phase avec la plus grande course cycliste du monde programmée à Bordeaux pour sa septième étape. Mais aussi parce que j’avais, sur ses conseils, enchaîné sans souffler la série Netflix : Tour de France : Au coeur du peloton qui m’avait convertie à ce sport à la fois mythique et populaire qui auparavant m’indifférait.

Depuis, nous sommes devenus amis, et l’ouvrage, « Mémoire en roue libre » de Pierre-Nicolas vient tout juste de sortir aux éditions Cairn.
Je l’ai lu et je l’ai adoré ! Pas besoin d’être, comme je le suis, « bike addict » pour l’apprécier ! Ce que confirment les retours enthousiastes des premiers lecteurs, toutes générations et tous styles confondus, car l’ouvrage aborde, comme je vais le développer dans ce qui suit, des sujets qui touchent tout un chacun et chacune !

Vous êtes d’ailleurs cordialement invités à le découvrir le jeudi 18 avril à 18h, Boulevard des Potes, ainsi que le 25 avril à 18h30, à la Machine à Musique-Lignerolles où, dans les deux cas, je serai au guidon de l’animation d’une rencontre avec Pierre-Nicolas Marqués : auteur-poétiseur, homme de vélo, mais aussi de réseaux aux milliers d’abonnés, connu sous le pseudonyme « Motsdumarquis » qui ne peut dissocier la poésie du cyclisme et qui a toujours « un truc à nous dire qui va nous faire du bien »… comme son livre.

L’odyssée en roue libre de Pierre-Nicolas Marqués pour à la fois oublier et se souvenir

Le livre de Pierre-Nicolas Marqués aurait pu s’intituler « Éloge de la fuite », car c’est un chagrin d’amour qui en a été le déclencheur.

Or comme indiqué dans la quatrième de couverture :

Depuis mon plus jeune âge, lorsque je fais face à un chagrin, une déception, une contrainte ou à une quelconque forme de lassitude, je tourne les talons, saute dans un taxi ou enfourche la selle de mon vélo, claque la porte et disparais.

Mais ce serait sans compter l’ami Jacques D’Arrigo, entrepreneur et sportif, rencontré en 2021 sur un vélo lors d’une traversée en Espagne, de Barcelone à Séville, qui lui proposera de vivre une aventure hors normes.

Un véritable défi physique et mental : rallier Perpignan à Biarritz à vélo en empruntant la route des cols mythiques des Pyrénées afin de lever des fonds pour la Fondation Recherche Alzheimer. Soit une petite balade de 800 km  (ils feront quasiment plus de 1000 km) comprenant 16 cols et un dénivelé positif cumulé de 16152 m à tomber à la renverse.

Bref, du vélo comme machine à oublier les chagrins en pédalant au profit des malades Alzeihemer, « ces riches de souvenirs devenus pauvres » comme les définit dans la préface du livre, Olivier de Ladoucette, le président-fondateur de la Fondation Recherche Alzheimer. Ce mal, « terrible prédateur de la mémoire », dont sont justement atteintes les grands-mères de Pierre-Nicolas.

Armé d’un carnet qui ne le quitte jamais, il lâche même souvent le guidon afin de noter ce qu’il est en train de vivre, de décrire ce qu’il voit et de faire rimer ce qu’il ressent pour déboucher à l’arrivée sur un récit vibrant, un passionnant premier ouvrage de 262 pages.

Un livre pour « penser » ses plaies

C’est aux côtés de Jacques, mais aussi d’Arnaud, Violette qui les accompagne en voiture, Alex et Laurent, que Pierre-Nicolas a effectué ce parcours initiatique où le vélo est tout autant un objet de méditation qu’un pacte avec la souffrance.

Ils partirent à six, mais arriveront à trois.

Le cyclisme étant à la fois, qu’on se le dise, un sport d’équipe qui se pratique seul, mais aussi un sport à risque qui le devient de plus en plus. Sans atteindre les excès des coureurs professionnels qui n’ont qu’une fine couche de lycra pour se protéger, certains passages du livre font frémir.

Si grimper des cols est exténuant et tétanise les muscles, les descentes en roue libre sur un vélo léger comme une plume aux roues de 2 cm de largeur nécessitent à la fois courage, confiance et prudence…. quand ce n’est pas de la chance.

Concernant sa structure, le livre de Pierre-Nicolas Marqués est découpé en un avant-propos, huit chapitres/étapes, plus une journée de repos émaillés chacun d’une pensée inspirante qui ne sont pas juste là pour faire joli (l’odyssée pyrénéenne en est vraiment l’incarnation), et qui vont, pour ne citer qu’elles, d’Antoine de Saint-Exupéry :

L’impossible recule toujours quand on marche vers lui.

À un proverbe Touareg que j’adore :

Le voyage c’est aller de soi à soi en passant par les autres.

En intégrant le rappeur Demi Portion :

On peut choisir sa route avant de croiser une impasse.

Un encart annonce la date et le trajet du jour, agrémenté de quelques informations sur la difficulté et les conditions de l’étape, ainsi que quelques savoureuses anecdotes.

Entre passé, présent, poèmes et témoignages

Le récit très cinématographique, parfois philosophique et abondamment dialogué de Pierre-Nicolas, alterne entre :

• Les étapes émaillées de rencontres humaines (Marie-Hélène, la dame au chapeau qui cherche une maison, Madame Hauche, Fernand et Gérard…) et ses souvenirs de passionné de vélo « qui avait du coeur mais pas de moteur » converti au Tour de France, « son soleil de juillet« , par sa Mamou (je vous mets au défi de ne pas verser une larme à la lecture des souvenirs d’enfance aux accents Pagnolesques de celui que ses équipiers appellent Pierrot).
• Son rêve d’être Mark Cavendish, son héros depuis et pour toujours.
• L’hommage à ses mentors comme Alain Barrière (pas le chanteur, mais le président du Club Athlétique Béglais), Patrick Durand, qui fut son entraineur au CAB cyclisme, frère ainé de Jacky Durand, ancien coureur pro qui est à ce jour le dernier Français à avoir remporté le tour des Flandres. Oxmo Puccino, son tonton de coeur, rappeur à la mine de cristal.
• La place qu’il a donnée, pour qu’ils témoignent, à des champions comme Pierrick Fedrigo plusieurs fois vainqueur d’étapes sur le Tour de France au cours de sa carrière. Nommé le chasseur d’étapes, il fut l’un des meilleurs Baroudeurs de sa génération.

• Ou tel Dorian Foulon, coureur cycliste handisport de haut niveau, détenteur du titre de champion paralympique de poursuite individuelle aux Jeux de Tokyo, dont le témoignage, à faire lire dans toutes les écoles, est un pied de nez à la fatalité et aux limites et la preuve qu’il faut vivre avec des rêves.

Mémoire en roue libre se dévore en serrant les dents, car la souffrance physique est omniprésente. Mais on y respire aussi, outre le fromage de brebis, la solidarité, la détermination, le dépassement de soi, l’attention à soi, aux autres et à la nature qui nous entoure et enfin l’immense joie et la fierté de l’avoir fait !

Une lecture qui nous confirme que « sans rêve on ne va nulle part », que « prendre la route, se délester au fil des kilomètres de tout ce qui nous encombre, s’émerveiller perpétuellement face aux paysages, aller de l’avant sans trop savoir où l’on va, accueillir l’imprévu, faire confiance à l’après, à demain, sont des choses qui font du bien ».

Parce que l’Amour, on en fait tout un vélo et parce que le meilleur est « avenir » !

Mémoire en roue libre – Pierre-Nicolas Marqués – éditions Cairn – 17€

※ Pour acheter le livre, c’est par ICI ※

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Lancement du livre de Pierre-Nicolas Marqués à l’Escale du Livre

Je dédie cet article à Noisette, qui a rejoint le paradis des chats en août 2023, mais qui continue, j’en suis certaine, à suivre les aventures et les projets de Pierre-Nicolas comme elle l’a toujours fait pendant 18 ans.