Ovaires the rainbow : un blog, un podcast, la fusion de deux générations qui causent des femmes

par | 21 Avr 2021 | Ovaires the rainbow | 4 commentaires

Nous sommes le 6 janvier 2018. Le blog d’Isabelle Camus aka Serial blogueuse s’agrandit pour accueillir une nouvelle rubrique intitulée : Ovaires the Rainbow. L’idée principale de sa thématique, dont le nom annonce d’entrée la couleur ? Parler de la cause des Femmes et réinitialiser nos esprits sur notre relation à nous-même.

Juin 2020. Un nouveau compte Instagram est créé. Son nom : Ovaires the Rainbow. Aux commandes, Capucine Coudrier, 20 ans, jeune étudiante nantaise. L’objectif  ? Parler de la cause des Femmes et leur offrir un espace de parole.

Même nom, même ambition. Des chemins qui se croisent. Des idées qui se rejoignent. Le tout articulé autour d’un même mot : la FEMME.

Ovaires the Rainbow : des vécus différents, mais un seul et même combat

40 ans. C’est ce qui sépare Isabelle Camus et Capucine Coudrier. 40 années, et néanmoins, une envie commune. Celle de parler haut et fort d’une situation toujours préoccupante au 21e siècle  : être une femme aujourd’hui. Mettre en avant la condition du « sexe faible ». Défendre ses droits et ses exploits. Montrer sa véritable valeur au monde, à travers les mots ou la radio. Deux époques reliées par un même fil conducteur.

Isabelle : une indignation et l’envie d’agir

Isabelle, toujours aussi passionnée, mène sa barque en toute indépendance et travaille selon ses choix. Blogueuse professionnelle depuis bientôt deux décennies (elle se définit elle-même comme une dinosaure du blogging qu’elle a vu émerger… et évoluer), après moult aventures dans la sphère journalistique (print, numérique, TV, radio, elle a expérimenté tous les médias), elle est la fondatrice du webzine « Serial Blogueuse« .

Isabelle Camus aka Serial Blogueuse

Pour elle, c’était une nécessité cruciale. Elle l’a d’ailleurs exprimée dans son article d’introduction. Face à la situation des femmes aux quatre coins du monde, au même titre que la crise climatique avec laquelle elle fait un parallèle, elle s’est dit qu’il était fondamental de réagir. À son échelle, via l’écriture, elle aspire à faire bouger les lignes.

 » On a un gros nettoyage mental à faire. On se traîne des siècles de conditionnement, d’emprise du patriarcat et de domination masculine. Du coup, on cautionne, consciemment ou inconsciemment, des choses inacceptables, et ça, même quand on se pense libérée.  »

Ovaires the rainbow la rubrique qui cause des femmes

Si elle ne s’est jamais décrite comme féministe, Isabelle est profondément sensible à la cause des femmes, donc à la sienne. Au cours de sa vie, elle n’a jamais subi de violences masculines, que ce soit dans son enfance, sa vie personnelle ou professionnelle. Malgré cela, l’empathie qu’elle éprouve pour toutes celles qui n’ont pas eu cette chance, la pousse à vouloir utiliser l’encre et la plume pour défendre ce combat (normal quand on s’appelle Camus… *clin d’oeil* ).

Combat, le journal d'Albert Camus

Et oui, pour les Camus, la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

Le monde actuel la laisse pantoise : la façon dont des millions de femmes sont encore traitées à notre époque, les situations intolérables, cruelles, voire barbares qui ont encore lieu, ou le fait qu’on les considère toujours comme des objets ou des marchandises provoquent son indignation. 

 » Quand tu te dis que les femmes représentent la moitié de l’humanité et que tu vois la manière dont est traitée cette moitié… « 

C’est face à ces nombreux constats qu’Isabelle a décidé d’agir. Au côté de la culture, de l’écologie, de la vie de quartier et du bien-être animal, elle a donc créé cette nouvelle rubrique dédiée à ses (con)soeurs. Leurs actions pourront y être mises en lumière, leurs paroles entendues et leurs valeurs défendues.

capucine créatrice du compte Instagram Ovaires the Rainbow

Capucine, podcasteuse engagée.

Capucine : quand la jeunesse n’empêche pas la détermination

La jeune fille a longtemps eu envie de s’engager pour une cause. Du haut de ses 20 ans, elle est en troisième année de licence bi-disciplinaire lettres-langues à Nantes.

De nature plutôt littéraire, elle a toujours eu une attirance certaine pour les livres et l’écriture. C’est cette passion qui la pousse à créer un premier blog intitulé « Les mots captivants », lors de son année de seconde. À travers celui-ci, elle peut laisser libre cours à son plaisir d’écrire et découvrir les prémices du journalisme.

Les années passent et l’envie de s’impliquer réellement pour une cause grandit au creux de son esprit. Pour ce qui est de la thématique, le féminisme s’est présenté à elle comme une évidence. Toujours intéressée par cette problématique, elle suivait de nombreux comptes militants.

Pour mettre en place un projet concret, elle prend alors le temps de faire de nombreuses recherches.

Elle commence par réfléchir au format : comment captiver au mieux les gens ?

Après plusieurs discussions avec son petit ami, qui, contrairement à elle, n’aime pas vraiment lire et écrire, le format du « podcast » s’est présenté comme la solution la plus adéquate pour contenter un maximum de monde.

Une fois celui-ci trouvé, elle s’est penchée sur le contenu : qu’est ce que je vais faire ?

 » Car, c’est bien beau de vouloir faire un podcast, mais il faut qu’il y ait quelque chose derrière. »

Pour répondre à cette question, elle a réfléchi à ce qui lui semblait le plus important dans le féminisme. Et c’est à ce moment-là que son fil d’Ariane est apparu : libérer la parole des femmes. Et c’est ce que Capucine concrétisera, un espace où elles peuvent s’exprimer librement et être entendues.

Défendre la cause des femmes, un choix qui trouve sa résonance dans le passé

Si Capucine n’a que 20 ans, son histoire est déjà marquée par de douloureux épisodes. De ses 15 à 18 ans, elle fréquente un garçon du même âge. Malgré leur jeunesse, la relation est toxique : lui, violent, abuse physiquement, sexuellement et mentalement de l’adolescente. Elle admet aujourd’hui qu’elle était complètement sous son emprise et qu’elle a compris, à travers sa terrible expérience, à quel point il était difficile pour les victimes d’en parler.

« Quand j’étais dans cette relation, j’avais totalement conscience de ce qu’étaient les violences conjugales. Mais je me disais justement que, comme j’étais jeune, ça ne devait pas être ça, que c’était juste parce qu’il n’était pas très sympa et que ce n’était pas grave. »

Elle exprime ici un problème qu’on ne mentionne jamais : les violences conjugales à l’adolescence. Car si au premier abord on peut penser que ce genre de situation n’existe que dans les relations adultes, la réalité est tout autre. C’est un phénomène plus que répandu aujourd’hui, mais dont on entend très peu parler. La plupart des victimes garde le silence, se disant, comme Capucine : « Ce ne sont pas des violences conjugales, donc c’est sûrement normal ».

C’est l’un des combats que Capucine espère mener à bien. Elle souhaite ouvrir la parole sur le sujet et permettre de mettre en lumière les raisons de ces comportements.

 » C’est un problème beaucoup plus général sur l’éducation des garçons, qui n’est pas faite ou pas correctement. Beaucoup de jeunes hommes pensent alors qu’ils ont le droit de s’approprier le corps de leur copine, de faire ce qu’ils veulent. Il y a beaucoup de choses à améliorer. « 

La femme au coeur de la société médiatique

Si son passé a joué un rôle dans la construction de ce projet, il n’en est pas la seule raison. La place de la femme dans les médias et le temps de parole qui leur est accordé est beaucoup trop insuffisant pour Capucine.

 » J’ai toujours été consternée de voir que les sujets tels que le port du voile étaient débattus exclusivement par des hommes blancs, à la télé, qui ne connaissaient sûrement aucune femme voilée dans leur entourage et qui en fait, parlaient à leur place. « 

Ovaires the Rainbow, pour Capucine, a clairement pour objectif de permettre aux femmes de reprendre la place qu’elles méritent dans les médias. La jeune fille est donc partie de son expérience personnelle pour l’élargir à des questions de société et toucher un maximum de personnes.

« Over the Rainbow » : la chanson de l’espoir

Malgré leurs parcours distincts, les deux femmes se sont retrouvées liées par un nom : Ovaires the Rainbow. Titre de sa rubrique de blog pour l’une, nom de son compte Instagram pour l’autre, les motivations de ce choix se rejoignent dans un premier temps par le nom d’une chanson : « Over the Rainbow ».

Un seul et même titre, mais deux époques différentes. Isabelle, cinéphile inconditionnelle, a découvert dans son enfance le morceau dans le Magicien d’Oz, interprété par Judy Garland. Capucine, de son côté, entend un jour la musique à travers la voix du tahitien Israel Kamakawiwo’ole (alias Iz).

Version 1939 par Judy Garland

Version 1993 par Iz

 

Deux interprètes pour un même message. Selon Capucine, les paroles cadrent complètement avec ce qu’elle recherche :

 » Au final ça correspondait parfaitement à ce que je voulais : l’idée qu’il y a de l’espoir, qu’il faut voir au-delà des nuages, c’est très beau et très poétique. Je trouve que ça colle bien avec ma personnalité qui aime la littérature. C’était quelque chose de très imagé. Et au-delà de ça, il y a cette idée de « rainbow », d’arc-en-ciel, que je trouvais très intéressante d’intégrer dans le nom du compte, car il fait référence à la communauté LGBT+, et je voulais vraiment l’inclure. Car certes, il y a « ovaires », mais il ne faut pas oublier qu’il y a des femmes transgenres qui n’en n’ont pas, et qui restent des femmes quand-même. Donc, elles ont le droit d’être intégrées aussi. « 

Une décision qui rejoint parfaitement l’état d’esprit d’Isabelle, qui avait choisi ce morceau pour le message fort qu’elle transmet.

Est ensuite intervenu le choix du jeu de mot, qui, pour chacune, était une étape importante et significative. Isabelle, en anglophile aguerrie, n’avait aucun doute quant à l’utilisation du franglais :

le « Over » s’est naturellement transformé en « Ovaires ».

Pour la jeune étudiante, l’idée est davantage axée sur l’organe féminin, particulièrement représentatif de la différence entre les deux sexes. Mais le résultat s’avère être le même et matche tout autant.

Des deux côtés Ovaires the Rainbow est né.

Le compte caméléon

Si au départ Capucine s’est restreinte au podcast, elle a vite compris qu’elle allait devoir se diversifier. Elle a donc rapidement lancé des formats écrits, car c’était là où elle était la plus à l’aise. Parmi eux, on peut trouver « Femme de pouvoir », qui relais la biographie de femmes inspirantes, ou encore « Le Saviez-vous », qui évoque, de manière générale, des anecdotes sur le féminisme.

Avec le temps, elle a commencé à développer d’autres idées :

  • IGTV informatives,
  • actualités féminines de la semaine,
  • live en collaboration avec des marques,
  • stories,
  • ou encore jeux concours.

La jeune étudiante ne s’impose aucune limite.

Une démarche intéressante qui permet aux utilisateurs·trices d’apprendre des choses auxquelles ils n’auraient pas pensé. Cela donne un éclairage sur la cause des femmes, même d’un point de vue historique (et là je vous renvois à un post bouleversant qui concerne les règles des femmes dans les camps de concentration).

post règles dans les camps de concentration

Post Instagram sur le compte Ovaires the Rainbow

Il était un fois… Ovaires the Rainbow, le livre

Mais en dehors de tout cela, Capucine a encore de nombreux projets. L’un d’eux serait d’écrire un livre. Et pas n’importe lequel. Un guide, pour les adolescents, qui pourrait répondre à toutes les questions que l’on peut se poser à ce moment compliqué de notre vie.

L’idée lui est venue il y a peu, lorsqu’elle a souhaité acheter un livre sur la puberté à son petit frère de 10 ans. Durant sa propre adolescence, elle s’était vu offrir le légendaire « Dico des filles« . Recueil miracle pour les futures femmes que nous étions, mais qui était au final bien plus incomplet que ce que l’on pouvait imaginer.

Huit ans la sépare de son petit frère, elle pensait alors que depuis son adolescence à elle, les livres avaient dû évoluer, être moins clichés et plus inclusifs. Malgré une certaine amélioration, Capucine a tout de même constaté une carence regrettable d’informations. Elle passait son temps à ajouter des annotations sur ce qui pouvait manquer. Et c’est là que l’idée d’écrire son propre livre lui est venue.

 » Je me suis dit : pourquoi ne pas proposer ma propre version ? Si je trouve que ce n’est pas assez bien, je n’ai qu’à faire mieux. « 

Son souhait, ce serait de faire un véritable guide, qui traiterait de la puberté sous tous ses angles. Elle voudrait aborder aussi bien le corps que la vie sexuelle ou même l’esprit et l’identité, car elle estime que ce sont des développements trop peu décrit dans les bouquins actuels. Pour elle, ils sont beaucoup trop axés sur les changements physiques et la contraception en dépit de nombreux autres sujets.

 » Il manque beaucoup de choses, car ok, il y a la puberté, mais le corps ce n’est pas que ça. Il faut connaître par exemple, les appareils génitaux, avoir des schémas clairs de la manière dont ils fonctionnent et des explications précises sur la sexualité. Les livres d’aujourd’hui abordent une sexualité ultra hétéro-centrée, on parle très peu, voire pas du tout, de l’homosexualité et c’est assez problématique, car chacun·e devrait pouvoir trouver des réponses qui lui conviennent et qui correspondent à ses désirs. « 

Elle veut parler de tout ! Même de ce qui dérange. Pour que chacun·e puisse avoir les réponses à ses questions sans avoir jamais osé les poser à son entourage ( la faute à ces « tabous » de société). Elle souhaite mettre des mots sur ces termes que l’on chuchote tout bas, mais qui concernent un grand nombre d’entre nous. Dédiaboliser la masturbation par exemple, en l’abordant avec humour et simplicité.

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Ce livre aurait également pour objectif principal de sensibiliser. Sensibiliser à quoi ? me direz-vous. Et bien à tout ce à quoi nous ne sommes véritablement jamais préparé à l’adolescence : consentement, violences, relation toxique, danger de la pornographie et des réseaux sociaux, asexualité ou encore violences gynécologiques. Mais surtout, elle souhaite aborder la question de la santé mentale, en parlant de dépression ou même de troubles alimentaires, beaucoup trop survolée dans les bouquins actuels.

Pour que cet ouvrage soit le plus pertinent et véridique possible, elle aimerait s’entourer de différentes personnes, expertes sur chacun des sujets abordés, afin d’offrir un guide digne de confiance à tous ceux qui le liront.

Isabelle et Capucine, unies dans la sororité et non divisées par la rivalité

Deux exemples de Femmes, avec un grand « F », qui se battent pour la cause de notre sexe. Ce sexe qualifié, pendant trop longtemps, de « faible » (mettez un homme dans la peau d’une femme qui accouche et on verra qui est le plus faible), plus d’une fois meurtri et rabaissé, mais qui a toujours su se relever et qui aujourd’hui, défend plus que jamais, son droit à l’équité et au respect.

Un combat soutenu par de nombreuses femmes, mais pas seulement. Pour exemple, le morceau « Deuxième sexe », écrit et interprété par Euphonik, jeune rappeur français, qui scande de manière bluffante des paroles puissantes et lourdes de sens.

Pour Isabelle comme pour Capucine, ce combat de femmes ne se gagnera pas CONTRE, mais AVEC les hommes.

NB : Je sais qu’un film intitulé « Serial Blogueuse » va incessamment sous peu sortir, et que beaucoup d’entre vous se sont inquiétés du lien avec notre chère Isabelle. Je vous rassure, elle a décliné l’offre pour le rôle principal. Elle préfère tirer à coups d’articles sur son blog plutôt que s’en prendre, comme dans le film, de manière sanglante aux haters. Elle fait le choix de favoriser la bienveillance plutôt que la violence (Gandhi et Nelson Mandela sont ses amis).

Alors pas d’inquiétude, on reste à votre service pour vous offrir le meilleur du made in Blogueuse en série !

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4 Commentaires

  1. simon eric

    Une belle chronique passionnante et émouvante, Ovaires the rainbow ! un arc en ciel dans l’obscurantisme, un coup de griffes dans les idées préconçues dont les femmes sont victimes de par le monde.
    Isabelle Camus et Capucine Coudrier, deux Noms en C comme Combat, mais un combat qui se veut intelligent et pédagogique. Bravo à Capucine pour son engagement et la générosité qui en découle, quant à Isabelle, cette insatiable exploratrice de la culture, l’aventure continue.

    Merci pour ce bel article Pauline Lawruk

    Réponse
    • Pauline Lawruk

      Merci beaucoup Eric, votre retour me fait extrêmement plaisir !

      Merci pour vos encouragements

      Réponse
    • Isabelle Camus

      Merci Eric ! Et bravo pour avoir remarqué le truc du nom en C, je ne l’avais même pas capté !

      Réponse
  2. Giorgia Alory

    Ovaires the Rainbow, c’est ingénieux, c’est inclusif et surtout ça donne de l’espoir ! Superbe article 🙂

    Réponse

Trackbacks/Pingbacks

  1. Moi, Mademoiselle tout le Monde : de femme battue à femme battante, un récit résilient sur les violences conjugales - Serial Blogueuse - […] chiffre aberrant pour un sujet encore tabou, que Serial blogueuse a évoqué dans un article tout récent. Mais si…

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