Méfait divers : Vol par ruse, attention les vieux !

par | 1 Mar 2022 | À la Une, Serial Blogueuse | 6 commentaires

Samedi 26 février PM, tout le monde ne suivait pas le match Ecosse France en buvant une pinte.  À commencer par moi, qui pédalait allègrement sur mon vélo Peugeot customisé, pour couvrir les 10 kilomètres qui séparent les Chartrons de Gradignan afin de rendre visite à ma vénérable mère, 96 ans, autonome et vivant toujours chez elle.
Ce qui m’attendait à mon arrivée va nourrir cet article, qui pourrait figurer dans les faits divers de Sud Ouest (comme celui ci-dessous) et dont je souhaite qu’il puisse éviter à d’autres d’être victimes de ce qui est qualifié par les instances policières, non pas de cambriolage, mais de vol par ruse.

Un vol par ruse relaté dans Sud Ouest

Un fait divers exactement comme celui qui va suivre, sauf que les faux employés étaient deux.

J’y exprimerai également ma reconnaissance à tous les policiers qui se sont occupés de nous. Car dans un contexte où le flic bashing prévaut, et même si il y a largement matière, on aurait tendance à oublier que, dans le cadre du respect de la loi,  la police sert aussi à secourir, aider et protéger. Et que comme partout ailleurs, il y a des bons et des mauvais éléments.
Cette mésaventure me donnera l’occasion de l’expérimenter et de rappeler que faire des généralités n’est qu’une facette de la réalité.
Tout comme elle me donnera l’occasion de faire la connaissance d’un flic dont le rêve était d’être… bibliothécaire et qui, aujourd’hui, aime non seulement son métier, mais écrit aussi des thrillers.

Vol par ruse, la méthode des pourris qui s’attaquent aux petits vieux

Je vous laisse imaginer ce que j’ai ressenti lorsque ma mère, fragilisée par les ans, toute petite et voûtée, en m’accueillant me dit :

Isabelle viens voir, j’ai été cambriolée.

En une demi-seconde top chrono, avant de constater quoi que ce soit, je visualisais avec effroi dans ma tête qu’elle s’était retrouvée, dieu sait comment (je l’apprendrai après), en compagnie d’individus dont les intentions s’accompagnent souvent d’agressivité et de violence.

Une fois (r)assurée qu’elle n’avait subi ni l’une ni l’autre, je la suivais dans sa chambre remplie de souvenirs (mon père, ma soeur… tous les deux décédés…) où le spectacle des armoires ouvertes, du lit défait recouvert par tout ce que l’un des deux (oui ils étaient deux !) avait jeté dessus, me serra la gorge et redoubla les larmes que ma peur pour elle avaient déclenchées.

Et puis la chambre du fond, qui fut longtemps la mienne ( pas avec cette déco, je tiens à le préciser…) avant que j’aménage au sous-sol, idem !

Souvenirs, papiers, bijoux de pacotille de ma soeur, son matériel de dessin, cartes de voeux et courriers vieux de plusieurs années… rien de nature à intéresser le moindre cambrioleur à l’affut.

Le mode opératoire des voleurs qui se font passer pour ceux qu’ils ne sont pas

Quand je pense qu’à 20 minutes près, j’aurais été présente et j’aurais vu ceux qui ont sonné (non masqués !) à la porte d’entrée et, se faisant passer pour des « vérificateurs de bactéries dans l’eau »… à qui ma mère avait ouvert !

L’un des deux lui rappellerait même mon neveu, un de ses deux petits-fils.  Dire que, dure d’oreille, parfois elle n’entend pas la sonnette ! Ce que ne démentira pas l’amie qui vient la voir certains samedis pour des parties effrénées de Scrabble  et qui, ce jour là, n’avait pas prévu de passer pensant qu’elle avait besoin de se reposer après deux loupés…

La technique ? Elle est simple : pendant que le premier l’entrainait dans la cuisine et lui laissait faire couler l’eau du robinet en la baratinant, le second vivait sa vie, fouillait et dérobait une carte bleue et tout le liquide que contenait son porte monnaie, l’argent de la semaine.

Les restes après le passage des voleurs

Sur le comment, pourquoi, combien de temps et malgré une certaine confusion, j’apprendrait que l’affaire aurait duré moins d’une demi-heure (sûrement moins, comme me le fera remarquer plus tard une des membres de le police scientifique), que l’homme d’une trentaine d’année selon son estimation était très sympathique (immense soulagement, c’était un enfoiré « gentil »), et lui aurait même sorti le classique :

Vous me faites penser à ma grand-mère.

Aux dires des forces de l’ordre, les individus qui utilisent la ruse pour leurs méfaits ne sont pas agressifs.

Émotion, action, réaction, oppositions, attente et discussions

Rejointe par mon frère, s’ensuivra la phase de l’opposition par téléphone, et la nécessité d’attendre mardi, (nous étions samedi et les banques, fermées ce jour là, le sont aussi le lundi… ) pour régler ce que les deux malfrats auront réussi à dépenser avant le blocage de la carte bleue. Évidemment, le code était dans l’étui…

S’ensuivra aussi l’appel au 17 (à toujours faire, en cas de doute, lorsque des gens louches se présentent chez vous, ça les fait fuir) qui entrainera la venue échelonnée dans le temps de pas moins 6 policiers dans le vestibule de la maison maternelle. À un moment donné, ils seront carrément 4, soit deux équipes de deux, le temps de se relayer.

Ah ! J’aurais du prendre en photo la scène de ma mère, un tantinet somnolente après les émotions et toutes les questions auxquelles elles avait du répondre, assise sur un tabouret, entourée de grands gaillards en uniformes armés de pistolets, et même d’un taser.

Mais bon, je n’avais pas la tête à ça et la nécessité d’écrire un billet pour évacuer ne me viendra qu’après.

Anyway ! C’est ainsi que, pendant que mon frère et ma mère s’étaient repliés dans le salon devant Angleterre Galles, histoire de se remettre de leurs émotions, je restais debout dans l’entrée avec la seconde équipe, obligée de rester pour attendre l’équipe de police judiciaire chargée d’établir le procès verbal. Telle est la procédure.

J’apprendrai ainsi, notez le bien ça peut servir, que si vous voulez ne pas tomber dans le panneau des faux policiers en uniforme qui, tout comme les faux employés se présentent pour abuser les gens, jamais les vrais policiers ne franchiront le pas de votre porte, sauf s’il y a danger avéré nécessitant leur intervention.

Trilogie policière bordelaise

Et c’est là, qu’en discutant, mon naturel curieux reprenant le dessus et puis il fallait bien tuer le temps, j’apprendrai que l’un d’eux, dont le rêve initial était d’être bibliothécaire, écrivait des polars.

Une trilogie bordelaise signée de son nom, Philippe Charrac, dont les deux premiers volumes, Violence et Déviance édités chez Cairn, étaient disponibles en librairie et que le troisième, Vengeance, allait sortir en octobre prochain.

Qu’il connaissait Virginie Bougant, elle-même auteure d’un roman policier, Princesse Hippie, dont j’ai parlé dans un article dédié aux auteurs bordelais et qui vient de sortir, Rouge Bordeaux, une suite que j’ai adorée.

Et qu’il avait eu un papier dans SO signé Jean-Michel Leblanc, que je connais depuis mes années de correspondante Sud Ouest, dont vous pouvez retrouver des photos dans un article sur les trottinettes électriques.

Philippe Charrac, flic et auteur de polars

Philippe Charrac, policier pour de vrai et auteur de romans policiers lors d’une signature  d’un des titres de sa trilogie – Photo © Jean-Michel Leblanc –

De quoi susciter mon intérêt, parce que, comme l’atteste cet article, du Sherlock Holmes de Conan Doyle au commissaire mongol Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnkhen de Ian Manook, en passant par tous les Agatha Christie et les polars pétris d’humanité de Camilla Grebe qui révèle les fêlures du paradis suédois (pour ne citer qu’eux, sinon on y est jusqu’à demain), j’adore les polars, que ce soit en format papier, en films ou en séries, toutes cultures confondues. Merci à mon vidéo club préféré Yoyo Vidéo pour toutes les découvertes qu’il me permet de faire !

Dès lors, la conversation autour de ce sujet meublera un bon moment notre attente collective dans la station debout, jusqu’à ce qu’arrive l’équipe de police judiciaire sur les coups de 20 heures.

Et je peux dores et déjà vous annoncer qu’elle donnera lieu à un futur article, une fois que j’aurai lu les aventures du lieutenant Lazare Servent qui se déroulent à Bordeaux.

Après la police judiciaire, la police scientifique

Je rentrerai chez moi à la nuit tombée, le procès verbal enfin établi et ma vieille maman épuisée, prête à retrouver son lit que j’avais débarrassé, avec des gants, des objets qui l’encombraient.

Le lendemain matin, dimanche, il me faudrait revenir pour accueillir la police scientifique chargée de collecter des traces d’ADN et des empreintes éventuelles. J’aurais pu rester dormir, mais j’ai un chat à nourrir, et ma petite dernière, en Espagne chez une copine pour les vacances, il me fallait rentrer. 40 kilomètres à vélo en deux jours ne me feront pas de mal.

Je m’attendais à des hommes en uniforme. J’accueillerai deux jeunes femmes en civil qui n’auront rien à se mettre sous le pinceau et l’objectif, le second voleur, à défaut de masque… portait à l’évidence des gants.

Police scientifique pour vol par ruse

De la poudre noir pour relever les empreintes… quand il y en a.

Police scientifique après intervention

Départ d’une des deux membres de l’équipe de police judiciaire, l’autre prenant des photos de la maison dans le jardin.

 

Voilà ! L’histoire de cette mésaventure qui m’aura bien brassée, se termine avec plus de peur que de mal, car, au delà de tout ce qu’elle peut faire surgir rétroactivement dans mon esprit comme scénario catastrophe, ma mère, sûrement inconsciente de ce qu’elle risquait, pas du tout traumatisée, me dira philosophe :

Ce n’est pas très grave, j’ai vécu pire.

Inutile de vous dire qu’elle a été bien briefée et qu’on a mis en place tout « un protocole » pour qu’elle n’ouvre plus sa porte à n’importe qui.

Les vols par ruse se multiplient, et ce n’est pas compliqué d’abuser des personnes âgées au coeur d’or comme l’est mon adorable mère, que cette histoire n’aura par chance pas traumatisée (et ça c’est l’essentiel), mais dont j’ai mesuré la fragilité dans ce monde rempli de prédateurs, et renforcé l’amour que j’ai pour elle.

De la réalité à la fiction, rendez-vous est pris aux Escales du livre

Je réitère ma reconnaissance aux forces de l’ordre pour leur intervention, même si j’ignore si elle aboutira à quelque chose, et mes conseils de vigilance à ceux qui ont des parents âgés.

Et je donne rendez-vous à Philippe Charrac, qui sera présent aux Escales du livre, du 8 au 10 avril 2022, pour le rencontrer dans un autre exercice que celui de ses fonctions et lui faire dédicacer ses ouvrages.

A suivre…

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6 Commentaires

  1. Eric Simon

    Samedi 26 février PM : une journée de chien

    Une affaire écœurante et émouvante dont le talent d’Isabelle en a fait un récit passionnant, une plume assurée laissant deviner une culture littéraire qui nous ferait presque oublier que cette mésaventure n’est pas une fiction et met en lumière un fléau devenu commun. Mais cette rencontre improbable entre une fan de polars et Philippe Charrac policier de son état et écrivain à à ses heures perdues aura eu la vertu d’apaiser cette journée de chien.

    Ne soyez pas surpris du ton léger emprunté pour y laisser mes sentiments, j’ai éprouvé une vive émotion pour cette vielle dame digne et trop confiante car pour moi cet évènement revêt quelque chose de bien particulier, il s’agit de la maman d’Isabelle et l’évocation de son père et de sa sœur m’a laissé bien songeur.

    Toute mes pensées pour Marthe,

    Réponse
    • Isabelle Camus

      Je savais que cet article allait résonner en toi Éric. Je ferai part à ma cette vieille digne dame comme tu le dis si justement. J’adore ! Merci pour tes mots.

      Réponse
  2. Juliette Habert

    Je connaissais déjà l’existence de ces vols par ruse. Il s’en était passé un à Honfleur chez une vieille dame qui avait été traumatisée par l’agressivité des voleurs.

    Je suis contente que la maman d’Isabelle n’ai pas subit d’agressivité physique ou morale de leur part.
    Mais je trouve ça tout de même très blessant de se faire avoir par quelqu’un qui fait mine d’être sympathique avec vous.

    Je ne me suis jamais faite cambriolée mais je sais que je l’aurais mal vécu car je suis très attachée à mes objets.

    Je trouve ça très inspirant ceux qui, comme Philippe Charrac, arrivent à bien effectuer leur travail et à être productif dans leurs projets personnels. 🙂

    Réponse
  3. Dominique Boudou

    Il faut en effet se méfier. Un peu de parano ne messied pas.

    Réponse
    • Isabelle Camus

      C’est clair, que cet épisode m’a éclairée sur la nécessité d’être vigilante, et ce quel que soit l’âge. La naïveté concerne tout le monde. Savant dosage à opérer avec la confiance qui du coup, ne doit pas être aveugle…

      Réponse
  4. Tom Lartigau

    Tout comme Juliette, je connaissais déjà l’existence de ces vols et infractions chez les seniors. Véritable acte de lâcheté, il ne touche malheureusement pas que les autres, cela arrive à tout le monde.

    Il devient complexe pour nos personnes âgées de faire confiance à quiconque de l’extérieur désormais car la différence entre un vrai et un faux policier peut être quasi inexistante. Ces dérobeurs sans morale s’attaquent à des pauvres personnes qui offrent l’hospitalité et qui ne sont alors plus maîtres de leur destin lorsque ces lâches franchissent la porte d’entrée.

    Dans le cas d’Isabelle, cet incident a permis malgré tout une rencontre géniale avec ce policier.

    Réponse

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