Avec « Vengeance », Philippe Charrac, le flic qui rêvait d’être bibliothécaire, clôture sa Trilogie policière bordelaise

par | 13 Juin 2023 | À la Une, Tasse de thé culturelle | 1 commentaire

J’ai rencontré Philippe Charrac dans l’exercice de ses fonctions comme on dit, à l’occasion du vol par ruse dont ma vénérable mère de 97 ans venait d’être victime à son domicile.
Ce 24 février 2022, en attendant l’équipe de la police judiciaire, nous avions eu grandement le temps de discuter debout dans le vestibule, où j’apprendrai que son rêve de lycéen passionné de lecture était d’être bibliothécaire, et que devenu depuis policier, il écrivait des polars.
J’ignorais alors, que quelques mois plus tard, au plus fort de l’été, après 37 ans de bonheur,  je quitterais les Chartrons pour venir vivre à Gradignan, avec mon chat, auprès de ma mère qui n’était plus capable de s’assumer seule. Mais je savais une chose, intéressée par ce grand écart d’orientation professionnelle et son profil atypique de flic serial lecteur-auteur, je parlerais de la Trilogie Bordelaise de Philippe Charrac.
Ce qui, à l’occasion de la sortie de Vengeance, le 3ème volet des enquêtes du lieutenant Lazare Servent, va non seulement donner lieu à l’article qui suit, mais aussi à une rencontre organisée à la librairie Le Vrai Lieu, ce samedi 17 juin 2023 à partir de 17H30, que j’aurai, comme ce fut le cas avec un autre Philippe, le bonheur d’animer.

Une rencontre autour de l'oeuvre de Philippe Charrac animée par Jugeote

Philippe Charrac, flic la nuit et romancier le jour

Né en 1975 à Perpignan dont il a gardé l’accent, fils unique d’un père militaire et d’une mère au foyer qui divorceront alors qu’il était très jeune, Philippe Charrac a toujours lu. Beaucoup et de tout.

Élève turbulent ayant du mal avec la discipline, viré de deux lycées militaires, après 20 ans dans sa ville natale, il fera son service à la Réunion (où il a rejoint son père) chez les « paras » et y passera son concours de gardien de la paix. Et puis, changement d’ambiance, il fera l’école de police en Normandie.

Son rêve d’être bibliothécaire s’étant évaporé sous la pression familiale, soucieuse qu’il gagne bien sa vie, et le fait qu’il fallait une maîtrise, il me confiera :

Tout le monde me voyait dans un métier d’autorité, mais moi, pas du tout dans l’armée !

Lui, avait une image un peu trop télévisuelle, la PJ, ce genre de choses… Pourtant, fort de son expérience de terrain qui lui donne un regard critique sur les invraisemblances, il ne regarde presque jamais de séries policières, ça ne l’intéresse pas : ”Je suis probablement le seul flic de France à ne pas avoir vu Bac Nord par exemple : tous les flics en parlent, c’est “réaliste” , “ça donne une vraie image de la Bac”…

Un milieu qu’il connaît bien d’ailleurs. Affecté en Île de France, c’est tour à tour à la Brigade Anti-Criminalité aka la BAC et à la PJ qu’il travaillera de 2006 à 2013, arpentant le bitume du Nord-Est de l’Île de France, côtoyant le pire et la misère sur fond de violence et d’alcool.

Or, si on doit remonter plus loin dans le temps, c’est pendant les stages qu’il effectuera à l’école de police, aux Mureaux, que naitra chez lui l’envie d’être policier :

« C’était difficile dans le sens où les gens l’entendent, mais moi j’adorais ça : les poursuites, les bagarres… je trouvais ça très amusant ! »

L’écriture, une passion née à Paris et perpétuée à Bordeaux

S’il a toujours inventé des histoires, son statut de fils unique (et donc de solitaire) l’ayant incité à développer son imagination, c’est à Paris que l’envie d’écrire et l’inspiration se sont vraiment emparées de lui. 

Fidèle à son goût pour l’horreur depuis l’adolescence, c’est avec une histoire de maison hantée qu’il se lancera dans un récit jamais publié en 2012, il a alors 37 ans. 

Et puis, en 2013, il débarque à Bordeaux comme patrouilleur en Police secours.

Violence, Déviance, Vengeance

À la recherche d’un thème, c’est en visitant l’ancien commissariat abandonné de Castéja suite à un déclenchement d’alarme, que fasciné, il imagine dans un premier temps, Violence, ambiance Terreur à l’hôpital central (1982), avec une femme poursuivie par un tueur.

Un thriller d’épouvante évoluant vers le polar avec la création de Lazare Servent, passant, sous l’impulsion de son subconscient, du statut de personnage secondaire à celui de héros principal.

Un policier réputé à la stature de colosse, alcoolique et plus que mélancolique, craint par ses collègues mais soutenu par sa hiérarchie, qui cherche à comprendre la logique d’un tueur en série psychotique ultraviolent qui frappe sans discernement avec le Bordeaux, automne 2003 pour toile de fond.

Sur sa piste, seul le lieutenant Lazare Servent semble capable de saisir la logique du meurtrier. Soupçonné d’être lui-même un assassin, perdu aux yeux du monde, hanté par son passé, il semble ressusciter (en même temps quand on s’appelle Lazare 😉 ) grâce à l’arrivée inopinée de sa nouvelle co-équipière et la catharsis de cette enquête sous forme de défi. Sa traque le mènera jusque dans l’ancien et gigantesque commissariat abandonné de la rue Castéja, où elle se terminera dans un bain de sang.

Voilà pour le résumé du 1er volet de ce qui s’est imposé d’entrée à Philippe Charrac comme une Trilogie bordelaise, à l’instar de La Trilogie berlinoise de Philippe Kerr que notre Philippe adore.

Très vite, celui qui travaille la nuit et ne doit pas beaucoup dormir le jour, enchaîne et écrit Déviance d’un seul trait. Un deuxième tome tout aussi addictif où cette fois-ci, dans la chaleur de l’été du Bordeaux 2005, Lazare Servent affronte un sadique sexuel qui tue et dépèce des jeunes filles dans leur chambre (oui, on n’est pas dans Agatha Christie).

Il va devoir faire équipe malgré lui avec Franck Castel qui est là suite à une mutation exceptionnelle, les deux hommes ayant en commun d’avoir tué un homme. Un duo hors normes qui fonctionne et nous embarque pour une enquête sans temps morts, où là encore le fait que tout se passe à Bordeaux en rajoute au frisson d’un suspense haletant.  

Enfin, pour boucler la boucle, Vengeance, où nous retrouvons Lazare Servent  qui coule enfin des jours heureux. Jusqu’à ce qu’en cet hiver 2012 à Bordeaux, un gamin déterre les restes de l’assassin présumé de sa mère et que l’IGPN, la police des polices, ne relance l’enquête contre le lieutenant, accusé d’avoir fait justice lui-même des années auparavant. Au même moment, un mystérieux tireur exécute d’une balle dans la tête deux cadres supérieurs sur les quais de Bordeaux.

Lazare se lance alors aux trousses de ce meurtrier aux motivations floues, tout en étant lui-même traqué par le capitaine Galthier, bien décidé à le faire tomber et prêt pour réussir à employer tous les moyens, jusqu’aux plus vicieux. À la fin, de ce trio infernal, un seul pourra se relever…

Alors ! Envie d’en savoir plus sur ce qui peut pousser un flic à écrire et comment il écrit ? 

Vous êtes cordialement invités à la rencontre POLAR avec Philippe Charrac

Rendez-vous Le 17 juin 2023 de 17h30 à 19h00, Librairie Le Vrai Lieu, 100 cours du Général de Gaulle, à Gradignan, qui accueille Philippe Charrac pour sa trilogie bordelaise policière : Violence, Déviance et Vengeance.

La rencontre sera animée par qui vous savez et vous pourrez vous faire dédicacer les trois titres édités dans la chouette collection « Du Noir au Sud » des éditions CAIRN et rencontrer un flic qui rêvait d’être entourés de livres, et qui finalement patrouille dans Bordeaux avec Police secours, mélangeant dans son oeuvre, condition humaine, fiction et réalité, qui, on le sait, n’est pas toujours jolie.

C’était biiiiieeeen !!!

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1 Commentaire

  1. simon eric

    le lieutenant Lazare Servent enquête sur des assassinats particulièrement violents le menant inexorablement vers l’indicible horreur, des crimes odieux et troublants ou règne une part de mystère….ainsi la plume d’isabelle nous dévoile un peu de la personnalité de Lazare Servent et les arcanes de ses investigations. Elle nous donne une furieuse envie de découvrir cette trilogie signée Philippe Charrac.

    Philippe Charrac au cv tout à fait remarquable et passionnant ne pourra éviter mon enthousiasme et mes questions au vrai lieu qui ne sera pas le 17 juin le lieu du crime mais le lieu du livres.

    Réponse

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